Dans la tragédie grecque, il n'y a pas de méchants. On n'y élucide pas une responsabilité, on constate un fait -un destin.
Voilà : ce qui ne va pas dans la psychanalyse, c’est cette tendance évidente à transformer les fautes en maladies. Tu comprendrais qu’on les transformât en vertus, en moyens d’être énergiques, mais non –on découvre le trauma qui fait, par exemple, que tu as peur des grenouilles et alors tu attends la guérison. Couillonnades !
Le charme subtil des convalescences consiste en ceci : revenir à ses habitudes avec l’illusion de les découvrir.
« Il a trouvé un but dans ses enfants. » Pour qu’ils trouvent, eux aussi, un but dans leurs enfants ? Mais à quoi sert cette escroquerie générale ?
Pourquoi est-il déconseillé de perdre la tête ? Parce qu’alors on est sincère.
Pourquoi oublions-nous les morts ? Parce qu’ils ne nous servent plus.
Quelqu’un de triste ou de malade, nous l’oublions –nous le repoussons- en raison de son inutilité psychique ou physique.
Personne ne s’abandonnera jamais à toi, s’il n’y voit pas son profit.
Attendre est encore une occupation, c'est ne rien attendre qui est terrible.
Et surtout se rappeler que faire des poèmes, c’est comme faire l’amour : on ne saura jamais si sa joie est partagée.
La poésie commence lorsqu’un idiot dit de la mer : « On dirait de l’huile. » Ce n’est nullement là une description plus exacte du calme plat, mais le plaisir d’avoir découvert une ressemblance, l’excitation d’un mystérieux rapport, le besoin de crier aux quatre points cardinaux qu’on a vu ce rapport.
La chose le plus secrètement redoutée arrive toujours.
J’écris : Ô Toi, aie pitié. Et puis ?
Il suffit d’un peu de courage.
Plus la douleur est déterminée et précise, plus l’instinct de la vie se débat, et l’idée du suicide tombe.
Quand j’y pensais, cela semblait facile. Et pourtant de pauvres petites femmes l’ont fait. Il faut de l’humilité, non de l’orgueil.
Tout cela me dégoûte.
Pas de paroles. Un geste. Je n’écrirai plus.