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Citations sur Le Métier de vivre (353)

30 janvier 1941

Ce sentiment doux et indulgent d'amour pour l'humanité, que l'on éprouve par un jour froid, durant un moment passé dans un café - quand on observe le visage émacié et triste de quelqu'un, la bouche crispée d'un autre, la voix lente et bonne d'un troisième, etc. – et qu’on s'abandonne à embrasser toute cette souffrance quotidienne d’une étreinte sentimentale à la fois voluptueuse et mélancolique, n'est pas le véritable amour du prochain, mais une introversion agréable et détendue. À de tels moments, je ne remuerais le petit doigt pour personne : on éprouve, en somme, un sentiment de béatitude devant sa tranquille futilité face à la vie.


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28 janvier 1949

L'état de vague, d’incertaine recherche, dure. Le problème souvent effleuré par le passé s'ouvre à nouveau : tu ne t’aperçois pas que tu vis parce que tu cherches le nouveau thème, tu passes, hébété, les jours et les choses. Quand tu auras recommencé d’écrire, tu penseras seulement à écrire. En somme, quand est-ce que tu vis ? que tu touches le fond ? Tu es toujours distrait par ton travail. Tu arriveras à la mort, s’en t’apercevoir.

Voilà pourquoi l'enfance et la jeunesse sont la source éternelle : alors, tu n'avais pas un travail, tu voyais la vie avec désintéressement.

Efficacité de l'amour, de la douleur, des péripéties : on interrompt son travail, on redevient adolescent, on découvre la vie.


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13 février 1949

Étrange moment (à treize ou douze ans) où tu te détachais de ton pays natal, où tu entrevoyais le monde, où tu partais dans des rêveries (aventures, villes, noms, rythmes emphatiques, inconnu) et où tu ne savais pas que commençait un long voyage qui, à travers villes, aventures, noms, ravissements, mondes inconnus, te ramènerait à découvrir combien ce moment du détachement justement était riche de tout cet avenir - le moment où tu étais plus pays que monde - quand tu regarderais en arrière. C'est parce que maintenant, l'avenir, le monde, tu l'as en toi comme passé, comme expérience, comme technique, et l'éternel et riche mystère se retrouve être ce toi enfantin que tu n'as pas eu le temps de posséder.

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26 novembre 1945

(…)

Tu peux arriver au néant, non pas au ressentiment. Non pas à la haine. Rappelle-toi toujours que rien ne t’est dû. En fait, que mérites-tu ? La vie t’était-elle due, peut-être, quand tu es né ?

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Balzac a découvert dans la grande ville une mine de mystère, et le sens qui, chez lui, est en éveil, c'est la curiosité. C'est sa Muse. Il n'est jamais ni comique ni tragique. Il est curieux. Il s'engage dans un enchevêtrement de choses avec l'air de quelqu'un qui flaire et promet un mystère, et qui vous démonte toute la machine pièce par pièce avec un plaisir âpre, vif et triomphal. Regarder comment il s'approche de ses nouveaux personnages : il les toise de toutes parts comme des raretés, les décrit, les sculpte, les définit, les commente, en fait transparaître toute la singularité et promet des merveilles. Ses jugements, ses observations, ses tirades, ses mots ne sont pas des vérités psychologiques, mais des soupçons et des trucs de juge d'instruction, des coups de poing sur ce mystère que, bon Dieu, on doit éclaircir. À cause de cela, quand la recherche, la chasse au mystère se calme et que- au début du livre ou au cours de celui-ci (jamais à la fin, parce que, arrivés à ce point, avec le mystère, tout est dévoilé) - Balzac disserte de son ensemble mystérieux avec un enthousiasme sociologique, psychologique et lyrique, il est admirable. Voir le début de Ferragus ou le début de la seconde partie de Splendeurs et Misères des courtisanes. Il est sublime. C'est Baudelaire qui s'annonce." (2 octobre 1936
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Quand on lit, on ne cherche pas de nouvelles idées, mais des pensées déjà pensées par nous, qui achètent un sceau de confirmation sur la page.
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Pour que la gloire soit agréable, il faudrait que les morts ressuscitent, que les vieux rajeunissent, que reviennent ceux qui sont loin. Nous l’avons rêvée dans un petit cadre, parmi des visages familiers qui, pour nous, étaient le monde et nous voudrions voir, maintenant que nous avons grandi, le reflet de nos entreprises et de nos paroles dans ce cadre.
Ils ont disparu, ils sont dispersés, ils sont morts. Ils ne reviendront jamais plus. Et alors nous cherchons autour de nous, désespérés, nous cherchons à reconstituer ce cadre, ce petit monde qui nous ignorait mais qui nous aimait et devait être étonné par nous. Mais il n’existe plus.
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On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant.
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Quand nous lisons, nous ne cherchons pas des idées neuves, mais des pensées déjà pensées par nous, qui acquièrent sur la page imprimée le sceau d'une confirmation. Les paroles des autres qui nous frappent sont celles qui résonnent dans une zone déjà nôtre - que nous vivons déjà - et, la faisant vibrer, ils nous permettent de saisir de nouveaux points de départ au-dedans de nous.
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L'idée se précise peu à peu pour moi que, même si elle revient, ce sera comme si elle n'était pas là. « I'll never forget you », c'est ce que l'on dit à quelqu'un que l'on a l'intention de plaquer.
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