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Critique de itculture


C'est un livre « brûlot » écrit à chaud après le suicide de Romain Gary en décembre 1980. le secret du personnage auteur Emile Ajar, crée par Romain en 1975 pour tromper le milieu littéraire et leurs critiques majoritairement hostiles et sarcastiques avec ses oeuvres, devait être gardé jusqu'à sa mort. Paul Pavlowitch a respecté le pacte. Je me souviens de son témoignage si juste et émouvant lors de l'émission Apostrophes en 1981, où face à Bernard Pivot, (Michel Tournier, Gérard Mendel et François Bondy), il a levé le voile de la supercherie grandiose, dont seul Romain Gary pouvait être initiateur d'un tel stratagème.
Le style littéraire de Paul n'est pas toujours facile à suivre, cependant, ses analyses concernant les livres écrits par RG, avant, pendant et après Ajar, sont extrêmement pertinentes. Il révèle la personnalité tourmentée de Romain, l'écrivain qui confie son double dans ses personnages. Nourri au biberon de la culture russe, enfant bâtard et juif, échappé du ghetto lithuanien grâce à la fuite de Nina (sa mère), vers la France, toute sa vie et toute son oeuvre, il portera ces attributs, tel un fardeau ou bien un étendard. Souvent dépressif entre ses périodes d'écriture, la littérature était son domaine vital, essentiel, absolu.
Paul, très attaché affectivement à Romain de par leurs liens familiaux, et très admiratif de « l'homme », a accepté le rôle en parfaite connaissance, ne mesurant peut-être pas complètement la complexité juridique, fiscale, émotionnelle et psychique de la machination, parce qu'à un moment, il s'est retrouvé complètement manipulé, sans réelles capacités à contester l'emprise de Romain notamment sur son personnage de Pseudo, période qui fut une descente aux enfers pour lui. Car comment ne pas déjanter, tourneboulé dans un tel raz de marée de Pseudo Schizo, où seul, face à Romain, car confinés dans le même appartement, il dactylographia page après page, chaque délire sur lui-même, la rédaction de son maître.
Dans ce livre aveu, il développe largement son analyse pour les romans d'Ajar, dont le premier publié en 1974 : Gros câlin, La vie devant soi en 1975, Pseudo en 1976 et l'Angoisse du roi Salomon en 1979.
Inconditionnel de l'oeuvre de Romain, il s'attaque à l'examen profondément humain, au contexte social, politique, et conjoncturel de ses romans. La qualité littéraire allant de soi ! Il annote quelques fragments de certains d'entre-eux, dont Les enchanteurs, Adieu Gary Cooper, Europa…mais ces extraits sortis de leur contexte alourdissent le récit et desservent le but originel.
Ce livre devait être écrit. C'est à la fois une déclaration d'amour posthume à Romain, et l'exposé nécessaire et lucide pour s'extraire du mythe Ajar.

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