- Les gens disent plein de choses méchantes sur toi, Joseph ! Ne les laisse pas faire, ce n'est pas juste !
- Il y avait ce jeune Maghrébin à qui je donnais des cours de français et qui me demandait si ce que nous faisions en Algérie était juste. Je lui ai répondu que je ne savais pas, on dit qu’une guerre est juste quand elle est nécessaire, mais ça dépend de quel côté du fusil on se trouve.
(p. 32)
[ village français, 1961 ]
- Si tu veux, je te montrerai comment faire des tajines et des couscous, j'ai appris ça en Algérie !
- Dis, René ! Tu vas pas te laisser dicter la bouffe par un... tire-au-flanc, un lâche !
- Putain, René, si tu nous fais de la bouffe de bicot, je vais ailleurs, moi !
- Et t'irais où, Raymond ? Y a que ce café au village ! Et puis un peu d'exotisme, ça peut pas faire de mal...
- Tu peux faire tous les trucs exotiques que tu veux, mais pas de l'exotisme arabe ! On est en guerre contre eux, merde !
- La guerre ? Qu'est-ce que t'y connais, toi, à la guerre ?
(p. 12)
Toute rhétorique romantique se développe pour donner du sens à la mort de masse, en attendant les célébrations et les monuments érigés à la gloire des héros. De ce mythe, le soldat survivant, traumatisé, en est irrémédiablement exclu, ignoré par les autres, car incompris. Gloire à l’autre, à celui qui est mort au front et que l’on ne rend pas seulement à sa famille, mais à la nation toute entière. Celui-ci n’est pas une victime : la mort est dans le contrat que l’on passe avec l’armée. La guerre est belle, vive la guerre.
On dit qu’une guerre est juste quand elle est nécessaire, mais ça dépend de quel côté du fusil on se trouve.
La nuit, lorsqu’elle est le plus fertile, l’imagination est mon refuge, mon mirage, mon île.
Je veux garder le souvenir de cette nuit et du goût de tes lèvres. Je garde ça dans un coin de ma tête, pour m’y réfugier les jours d’angoisse et de mélancolie.
Je veux garder le souvenir de cette nuit et du goût de tes lèvres.
Je garde ça dans un coin de ma tête, pour m'y réfugier les jours d'angoisse et de mélancolie.
[p21]
Tant qu'il y aura des hommes, le monstre du mal ne sera jamais dompté.
"Je n'aime pas vraiment danser, mais parfois, il y a des occasions qui s'y prêtent plus que d'autres..."
- Toute la peine que tu peux t'éviter avec ça [le tracteur] ! Et tout le temps qu'on peut gagner !
- Et qu'est-ce tu crois qu'y va s'passer, ensuite, hein ? Qu'est-ce qu'y va s'passer quand les paysans auront récolté leurs champs plus vite ? Ils voudront labourer d'autres champs plus grands, voilà ! Et il leur faudra de plus grosses machines ! Sauf que c'est pas leur champ qu'ils vont labourer, ce sera çui du gros propriétaire qui les aura bouffés tout crus, parce qu'ils auront été incapables de rembourser leurs dettes ! Ces cons-là, y croyaient avoir tout vu avec le remembrement, mais le remembrement c'est rien à coté de c'qui va s'passer ! Ça oui, y a eu les noces des hommes et du progrès, comme y disent ! Et nous, les paysans, on est les cocus de l'histoire !