- Le voilà le misérable ! Ne vous avais-je pas dit qu'il quitterait son terrier !
Ha, ha, ha ! Il n'a pas pu résister à la vanité de se montrer chevaleresque !
- Voilà qui ne risque pas de vous arriver, vicomte !
Yann est arrivé en Guyane à l'âge de 9 ans. Son père était mort en France, tué dans un duel. Et sa mère s'était remariée à un riche marchand venu s'installer dans la région ! Elle est morte six mois après son arrivée à Loyola. Une mauvaise fièvre. Le marchand est reparti très vite vers d'autres cieux, abandonnant l'enfant. Ce sont les bons pères qui ont recueilli le pauvret et tenté de lui donner une éducation digne de son rang... Mais dès qu'il avait fini ses versions latines, il se réfugiait chez les Amérindiens qui avaient leurs carbets dans l'habitation. Ainsi, au fil du temps, la mère de Cha-Ka est devenue aussi la sienne... et Cha-Ka et Yann ont vécu comme deux frères... inséparables dans tous les moments de la vie. C'est à cette époque que je les ai connus et que j'ai partagé leurs jeux ! Et, bien que la vie nous ait souvent séparés, notre amitié est toujours aussi forte !
- Vous savez comme je répugne à l'usage que vous faites ici de ces pauvres nègres déplacés de leurs pays d'origine !
- Allons, Yann ! Nous en avons déjà parlé maintes fois ! C'est le seul moyen de faire prospérer ce pays ingrat ! Eux seuls supportent sans broncher ces climats terribles !
- Sans broncher ? Le fouet des commandeurs les y aide beaucoup !
- L'ordre à besoin de la richesse de ses domaines pour répandre la parole du Christ !
- Quel paradoxe que de prêcher une foi qui proclame que tous les hommes sont frères... et d'en asservir une partie !
-Voilà que les indiens s'en mêlent! Et encore nous avons de la chance! Ils n'ont fait que des blessés!
-Des blessés? Mais c'est bien pis! Il ne nous sont plus d'aucune utilité et nous devons pourtant les soigner et les nourrir!
-Si c'est ce qui vous tracasse, n'ayez crainte! Avec ce climat, leurs blessures s'envenimeront vite... et nous en débarrasseront!
-J'admire votre cynisme, mon cher...
- Si j'ai vu la grande pirogue avec les trois mats ?.. Bien sûr ! Le vieux Jonas a encore tous ses yeux !
- Vous ne me croyez pas coupable, au moins ?
- Allons, mon fils, je vous connais depuis si longtemps ! Je vous sais incapable des vilenies que l'on vous prête !
Mais pour la justice il faut des PREUVES !