L'Epervier, tome 5 : Le Trésor du Mahury

Dépaysement total! Ce cinquième tome de la saga de bande dessinée l'Épervier, le trésor de Mahury, entraine ses lecteurs en Amérique du Sud. En Guyane, pour être plus précis. Pour moi, c'était l'inconnu. J'ai découvert Cayenne et son fort Saint-Louis, aux remparts recouverts de mousse et de végétation, très différent des murailles de pierre grise des châteaux bretons. Puis il y a la jungle impénétrable, une plantation jésuite, le fleuve rempli de sédiments, brunâtre, sur lequel naviguent des pirogues à travers les mangroves. Et du point de vue des dessins, wow! Couleurs vives et variées qui détonnent des tomes précédents, qui ne laissaient pourtant pas en reste. Ici, tout évoque l'exotisme : de la végétation luxuriante aux habitations (pourtant françaises) mais dont les intérieurs étaient éclairés dans des teintes jaunâtres particulières, comme si la lumière elle-même était différente sous ces latitudes.
À cela s'ajoute l'intrigue. Pour la première fois depuis le deuxième tome, Yann de Kermeur affronte directement ses rivaux. de part et d'autre, on assiste à des ruses et tactiques pour venir à bout de l'opposant. Deux navires, deux équipages, chacun pensant avoir le dessus. Villeneuve et de la Motte sont prêts à tout pour mettre la main sur un trésor aztèque enfoui à proximité, l'Épervier aussi, mais il reste un héros classique, chevaleresque. Il devra faire des choix, sacrifier…. le dénouement approche.

Changement de décor !

Cayenne, ça n' a jamais vraiment fait rêver...
La chaleur, les mangroves, les moustiques et les araignées géantes...c'est pas franchement le paradis pour les bretons et pourtant, lui, Yann Kermeur s'y sent bien, semble même retrouver une deuxième jeunesse. Et pour cause, c'est là qu'il a grandi avec les moines et surtout les Amérindiens.
Pour autant, les retrouvailles avec la Guyane ne seront pas de tout repos. Ici aussi, il est activement recherché et bientôt le voilà à nouveau arrêté.
Mais l'Epervier a plus d'un tour dans son sac et les vaches ont bien du souci à se faire...

Cet album est fort intéressant du point de vue historique. Nous sommes en 1742, les Français possèdent Cayenne et faute de volontaires, les colons ont recours aux esclaves noirs pour la culture des produits locaux. Un état de fait qui paraît normal à certains mais beaucoup moins à Yann...
Ce tome est également passionnant du point de vue de l'intrigue et c'est dans cet opus-ci qu'on comprend sans doute mieux le surnom donné au chevalier de Kermeur " L'Epervier" , qui n'a pas son pareil pour endormir la vigilance et la méfiance de ses proies afin de les attaquer plus promptement.

Cet épisode se passe intégralement en Guyane, donc pour ce qui est de la reconstitution historique, j'ai un peu moins de repères, mais je n'ai aucun doute, elle doit être très fidèle, vu le soin méticuleux et documenté de la représentation de le région brestoise au XVIIIe siècle dans les épisodes précédent. On découvre ici, que le projet de Villeneuve est de découvrir un trésor dans une épave. Ambiance de chaleur, avec les missions, les indiens d'Amazonie, la mangrove... On est dans le thème à cheval entre “Tintin et l'Oreille cassée” et “Le trésor de Rakham le Rouge”. C'est de l'aventure, avec du suspense, de l'action, de l'amour, de la ruse, un héros vaillant, plutôt bien ficelé, et même si au niveau des personnages, des rebondissements, c'est assez classique, le souci de reconstitution historique et la précision du dessin donnent à cette série un attrait indéniable.

Après une arrivée explosive à Cayenne, Yann se met aussitôt à rechercher les traces du passage de la Méduse. Dans ce pays où il a passé une partie de son enfance l'Epervier a des alliés mais c'est seul avec Cha-Ka et un esclave délivré de son maitre qu'il va délivrer son équipage de la main de fer de de la Motte et de de Villeneuve.

Sous la chaleur de la Guyane va se jouer un nouvel acte tout aussi passionnant.
Yann est décidément bien rusé, et tout autant chevaleresque. Tout ce qu'il faut pour qu'il soit attachant. Ce n'est pas la belle comtesse de Kermellec qui va dire le contraire. Sa seconde rencontre avec le corsaire sera teinté de passion à peine dissimulée.

Il nous faut également avouer que Monsieur Pellerin sait tout aussi bien rendre les mangroves de Guyane que les ports bretons.

La chasse au trésor se passe en Guyane près de Cayenne, toujours autant d'actions entre bons et méchants au sein de la forêt équatoriale, dessinée avec autant de précision que pour les navires, montrant bien encore les talents de dessinateur de Patrice Pellerin. Où l'on découvre aussi durant cet épisode une curieuse machine pour plonger, un ancêtre de bathyscaphe, mais c'est un simple tonneau qui tue plus qu'autre chose, heureusement ce sont les maudits saligauds couards de Villeneuve.

Bon, pour vivre actuellement dans une région proche de la Guyane française, et bien je vous assure que les ambiances retransmises sont excellentes:
la moiteur des marais, ccette humidité qui rend fou et ne permet pas de se reposer, cette pression des moustiques la nuit qui bourdonne autour de vos oreiiles et vous empêche de bien vous reposer.... tout y est.
Le scénario dans ce décor prend une tournure encore plus oppressante et sublime.

Cette série est décidément riche en péripéties avec l'arrivée en Guyane dans ce tome-ci.
Les ennuis continuent pour Yann, il connaît là aussi la prison mais il peut compter sur des alliés, notamment chez les Jésuites.
Le lecteur en apprend également plus sur son passé et son enfance, passés en grande partie en Guyane.

Mais le point fort de ce tome c'est qu'il est le théâtre (enfin) de la première vraie rencontre entre Agnès et Yann.
Cette seule scène permet de capter la complicité qu'il y a entre ces deux personnages, elle permet également d'en apprendre plus sur le voyage d'Agnès. Elle s'est en effet attirée la sympathie de l'équipage de Yann et elle est prête à l'aider.

La scène finale est très bonne, avec beaucoup de péripéties et de rebondissements, il y a de l'action et surtout Yann décide d'emmener le groupe de Villeneuve à Cayenne, mais on se doute tout de suite que le périple sera long et difficile, en tout cas il ne se fera pas par le chemin le plus court afin de permettre à l'équipage de Yann de prendre possession de la Méduse et d'arriver les premiers sur les lieux.

Les dominantes de couleur ont également changé, elles sont plus chaudes avec du jaune très présent.
L'auteur a bien su adapter ses couleurs en fonction des lieux de l'action.
Il a également très bien représenté les paysages de Guyane, particulièrement sa forêt.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..

L'épervier à réussi à atteindre La Guyane mais à peine débarqué, il est arrêté. Encore une fois il s'échappe et trouve refuse chez le Père de Ville comte, nouveau supérieur des Jésuites.
Claude lui apprend que la Méduse est repérée, ancrée face à une plage en pleine forêt.
Cha-Ka et Kermeur, accompagnés de Asani, un esclave nègre que Yann à sauvé puis racheter.
A bord de la Méduse de la Motte et Villeneuve cherche le trésor de l'arrière grand-père d'Agnès de Kermellec qui y a échoué son bateau "l'espoir"
Kermeur tend un piège à Villeneuve et de la Motte qui quittent avec leurs hommes la Méduse et ainsi les marins de L'épervier détenus à bord récupêre la Méduse et s'enfuient à toutes voiles.

L'histoire de L'épervier se charge en plaisantes aventures.

Retour à terre pour la suite des aventures.
C'est l'occasion de découvrir autre chose que la ville de Brest. Maintenant c'est la Guyanne, Cayenne et une mission catholique, des petits propriétaires esclavagistes, une vie rude sous les tropiques dans une forêt qui ne fait pas de cadeau.
Et évidemment l'épervier est très rusé, et sais comment faire... j'ai presque envie de dire "trop facile".
Mais encore une fois je ne me suis pas ennuyée.
Il me reste un tome sous la main, ensuite il faudra attendre la réouverture des médiathèques pour satisfaire ma curiosité

Ai tellement aimé l'histoire et les dessins sont beaux.