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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
— Jérémy ?
— J'ai une question à te poser.
— C'est que tu me supposes la réponse.
— Ben, dis-moi comment on fait ?
— Comment on fait quoi ?
— Fais pas chier, tu sais très bien ce que je veux dire.
— ...
— Les enfants, Ben... Dis-moi comment on fait les enfants.
— ...
— ...
— D'accord, Jérémy. Assieds-toi.
Il s'assied.
Je me lève.
— Jérémy...
Ici, le plus sournois de tous les silences: l'embarras pédagogique.
J'y suis allé prudemment. J'ai commencé par le commencement: je lui ai parlé gamètes mâles et gamètes femelles, cellules haploïdes et diploïdes, ADN et Léon Blum ("qui fut le premier, Jérémy, à nous autoriser la procréation comme acte réfléchi et volontaire"), ovulation, flaccidité, corps caverneux, vestibule, trompe de Fallope et cône d'attraction...
Je commençais à m'admirer sincèrement quand Jérémy s'est levé d'un bond:
— Tu te fous de moi ?
Des larmes de rage au bord de ses yeux:
— Je ne te demande pas de me faire un cours d'éducation sexuelle, putain de merde, je te demande de me dire comment on fait les gosses !
La porte s'est ouverte et le Petit a fait son apparition:
— Les gosses ? Mais je sais moi ! C'est très facile, les gosses !
Il a saisi une feuille, le stylo de Julie, et a tendu le résultat à Jérémy:
— Tiens, c'est comme ça qu'on fait !
Deux secondes plus tard, ils dévalaient tous les deux les escaliers en ricanant comme un coin de récré.
le croquis bâclé par le Petit ne laissait aucun doute: c'était bien comme ça.

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Au fond, la mention sur la quatrième de couverture suffit-elle à expliquer les raisons de ce livre malicieusement intitulé Monsieur Malaussène au Théatre :
"Père, quand vous serez passé par ce que j'ai vécu avant de naître, vous pourrez l'ouvrir !"
Benjamin Malaussène à toujours les deux pieds plantés dans la réalité, du moins le personnage des romans de Daniel Pennac. On l'a bien aimé un peu dans tous, La fée Carabine, au bonheur des ogres, la petite marchande de prose...
Pour attachant qu'il soit, l'univers de Pennac peut lasser à la longue, non qu'il soit ennuyeux, mais parce que, comme des enfants devant du chocolat, nous en avons bouffé jusqu'à en être malade.
J'explique ce Monsieur Malaussène au Théâtre de la même façon. Lassitude de l'auteur devant un personnage qui se rebelle, qui ne veut plus écouter son créateur, besoin de réécrire une saga contée par son personnage principal.
Cette pièce est un long monologue de Benjamin Malaussène. Comme dit la phrase en exergue du livre :
Trois fois rien : un banc, un livre, deux tabourets, un disque blanc dans le ciel et Malussène en-dessous.
Il sera lui-même et tous les autres personnages.
Sans un moment de répit il parle, il parle jusqu'à nous étourdir :
"Si vous repérez trois enfants maigres - dont un à lunettes roses - qui se traînent boulevard de Belleville."
Et on replonge au truc :
"Julie est habitée ; la petite Verdun est née d'une agonie ; etc..."
Benjamin nous prévient pourtant, ce type est dangereux :
"Pas de Daniel dans la famille, Julie, jamais, jure-le moi. Un seul Daniel et tous les emmerdements du monde nous tomberons sur la gueule, je le sens, je le sais. Tu trouves qu'on n'a pas été assez servis comme ça ?"

Fermez le ban.

A conseiller aux inconditionnels de Pennac
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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