La beauté est un voile que la nature a mis sur le monde pour nous le rendre tolérable.
Faire n'est pas important, je crois. L'important, c'est d'être, dans sa vie, dans son corps. Il faut habiter. Observer, respirer. Regarder. De là, peut-être un jour, produire quelque chose.
Je ne cherche pas à avancer dans la vie. Seulement à comprendre qui je suis, ce que je veux et où je vais, ce qui devrait être la tâche non seulement de tout artiste mais de tout homme, il me semble. Le reste n'est qu'arrangements.
La souffrance physique n'est pas la mort de l'âme, elle est son combat. La tristesse, c'est la mort de l'âme.
On dirait qu'il manque quelque chose: une place, quelque part, pour exister. On se débat pour se tenir la tête émergée, on ne voit pas plus loin que le bout de son nez et toutes les places sûres sont prises. La solution est peut-être d'aller droit devant soi, sans se soucier de rien.
C’est justement parce que la solitude est la meilleure alliée de l’artiste que l’amitié doit lui être si précieuse. Moi-même qui redoute tant le monde, je trouve que mes amis me font vivre davantage. Non pas plus longtemps, bien évidemment, mais plus largement. Ils donnent de l’épaisseur à la vie.
Les artistes sont les gens les plus opiniâtres qui soient. Au mépris de tous les avertissements, ils s'entêtent à vouloir offrir au monde ce qu'ils croient lui manquer. Seulement le monde ne le sait pas encore, et l'artiste sera mort quand le monde s'en rendra compte.
La nudité ne nous choque que lorsqu'elle est laide.
Il a raison, ton Gauguin : il faut s’habituer à l’idée de n’être pas aimé. C’est la deuxième tâche la plus difficile d’un artiste, la première étant d’être absolument soi-même. Supporter la moquerie, la raillerie, le refus de tout ce que l’on est, de tout ce en quoi l’on tient, se voir imposer le silence et ne pas pouvoir riposter : voilà la grande, l’insupportable, la nécessaire mission d’une vie. Je ne parle pas seulement de la vie d’artiste. Voilà pourquoi l’amour et l’amitié sont des miracles : parce qu’il ne faut jamais s’y attendre ni croire qu’on les mérite.
Il en va souvent ainsi des choses qu'on aime, c'est lorsqu'on les perd qu'on comprend leur valeur.