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sur 1092 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Deux histoires si différentes ( l'une est fictive l'autre non) et pourtant si proches... Perec,, une fois de plus joue avec le lecteur offrant des pistes peu à peu avant LA chut..
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Je poursuis mon exploration d'utopie/contre-utopie avec W ou le souvenir d'enfance de Georges Pérec, un roman qui s'éloigne un peu des standards habituels du genre. Comme toujours chez l'auteur, ce livre a une construction tout à fait particulière : Pérec joue avec les codes et offre une oeuvre complexe. En effet, en alternant récit d'enfance fragmentaire (chapitres paires) et fiction mystérieuse séparée en deux parties distinctes (chapitres impaires), il déconcerte grandement le lecteur qui devra attendre la toute fin du roman pour en comprendre le véritable sens. La partie autobiographique est apparemment simple et retrace l'enfance chaotique de l'écrivain. Il y explique comment il fut confié de famille en famille suite à la mort de son père au combat en 1940, et celle de sa mère déportée à Auschwitz quelques années plus tard. La fiction quant à elle présente d'abord le personnage de Gaspard Winckler, un déserteur convié à un mystérieux rendez-vous, puis la description de l'île de W, entièrement organisée autour de la pratique de sport. C'est cette dernière partie qui permet à l'auteur de construire une véritable utopie, et qui se transforme vite en cauchemar. Quel peut-être alors le lien entre ces deux parties du roman qui semblent si éloignées ? Croyez-moi, rien n'est laissé au hasard, et ce roman est en réalité bien plus profond qu'on pourrait le penser. Si la vie sur l'île paraît au premier abord bien réglée et enthousiasmante, le lecteur s'aperçoit au fil des chapitres qu'il s'agit d'une terrible parabole pour décrire les horreurs nazies. Entre humiliations, tortures et règles arbitraires, l'île de W n'est qu'une image transformée des camps de concentration. C'est avec beaucoup de curiosité que j'ai parcouru ce livre si particulier, et si je dois bien avouer que la première moitié m'a laissée assez indifférente, la fin est saisissante et laisse une véritable impression d'amertume. Entre enfance volée et individus sacrifiés, Pérec parvient habilement à rendre hommage aux victimes de la deuxième guerre mondiale.
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Après l'essai penser/classer, je continue ma découverte de Perec avec ce classique dans lequel alternent deux textes, l'un descriptif, l'autre narratif, et apparemment sans lien. La partie autobiographique est une succession d'informations que j'ai trouvée tristement neutre et sans émotions. Juif d'origine polonaise, enfant quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Perec évoque quelques faits intéressants, comme le changement de patronyme de sa famille. Cependant ses souvenirs restent succincts et surtout très confus : le texte regorge tellement d'approximations (« Il me semble... » , « Je crois me rappeler... »), d'événements contredits (« En fait... ») et d'incertitudes (« Ces détails sont donnés complètement au hasard ») que j'en suis venue à douter de la véracité (et de l'intérêt) des propos (« Il y eut la Libération, je n'en ai gardé aucune image »). On sait que l'exercice est difficile (« Il me semble que je ne parviendrai qu'à un ressassement sans issue »), mais il se prête justement à la réflexion et à l'analyse, notamment sur la perception d'enfant, le temps et la mémoire qui déforment la réalité - plutôt que ce texte fade sans but réel, du moins évident.

La première partie du récit de fiction m'a bien plu : il y a un côté suspense sympathique (que veut le mystérieux Otto Apfelstahl à Gaspard Winckler ?). Et un premier lien avec l'autobiographie : la figure centrale du premier roman de Perec porte le même nom que le narrateur.
Avec l'histoire de l'homonyme naufragé, on tombe ensuite dans le rocambolesque. Mais quand démarre l'interminable description du fonctionnement olympique de l'île De W, j'ai carrément décroché. J'ai attendu en vain un héros et une intrigue : il n'y en a pas. Et surtout, quel rapport avec l'épisode précédent ?

Même si j'ai fini par lire la partie fictive en diagonale, certains éléments m'ont interpelée : « exacerber la compétition », « exalter la victoire » puis « inégalités de traitements réservés aux vainqueurs et aux vaincus »… La société De W semble aussi codifiée, hiérarchique et discriminatoire que l'Allemagne nazie en arrière-plan de la partie autobiographique, bien que jamais évoquée. Au fil des chapitres, cette impression s'amplifie : tel un Juif, l'athlète « croit à son Étoile », porte une tenue rayée, et le quotidien dans les villages olympiques est fait de « corvées », de « rations «  et de « paillasses ». La toute fin le confirme clairement : ce que décrit Perec, ce sont bien les « camps de déportation ».

Ainsi c'est par la fiction qu'est abordée L Histoire, puisque les souvenirs sont si défaillants. Au bout du compte, où se trouve la vérité, ou tout au moins la réalité la plus exacte ? Dans l'autobiographie ou bien dans le récit ? Sûrement un mélange des deux… En tout cas, une chose est sûre : Georges Perec s'amuse avec l'écriture, et avec son lecteur.
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Deux histoires qui courent en parallèle. Une partie autobiographique, les bribes de souvenirs d'enfance de Georges Perec, qui a perdu tout jeune son père à la guerre et sa mère dans le camp d'Auchwitz. Une construction de l'enfance par petits bouts décousus et contradictoires. Puis, un chapitre sur deux et en italique, une partie fictionnelle, une île imaginaire qui s'appelle W où le sport est l'unique raison de vivre, avec des compétitions tous les jours et une devise “Plus haut, plus fort, plus vite”. Une image de vie saine au départ qui se dégrade petit à petit et révèle toute l'horreur du fonctionnement de cette île. Enfin, un dernier chapitre qui lie ces deux histoires, une enfance sous le poids de la guerre et du nazisme. Un sens difficile à saisir tant les deux textes sont différents, mais touchant par le message qui perce en filigrane.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Comment dire l'indicible? Comment sous couvert de prétendus exercices de style (penser/ranger;la disparition) survivre et dire...Vive PEREC!
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Ce livre est un univers fascinant et une preuve de la virtuosité de l'auteur. Bouleversant et poignant le récit ancre le lecteur dans une réminiscence d'un passé peu glorieux.
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