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3,69

sur 1203 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'accumulation des mots, des descriptions, des détails insignifiants ou non finit au fil des pages par nous rendre presque palpable cette accumulation des choses qui nous domine tous. Il n'est question de rien à travers ce couple qui erre à travers ses désirs qui ne pourront jamais être assouvis, il n'est même pas question d'eux, il reste cette étrange pesanteur face a un destin qui se délite à Paris comme à Sfax.
« Les choses » c'est notre époque et notre incapacité à s'en saisir en 150 pages, c'est cet arbre dans une cour, qui retrouve tout son charme le jour où l'on doit le quitter et qui nous serre les tripes. Bref c'est une expérience.
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Être ou avoir ( sans être).
C'est ce qu'évoque ce récit du génial Georges Perec, récit distancié au point d'être, je trouve, presque glaçant, car ce sont « les choses », ces « obscurs objets du désir » qui en sont les personnages principaux, elles qui qui absorbent, aspirent, phagocytent la vie désincarnée de jeunes du début des années 60.

De façon tout à fait originale, le récit commence par une visite d'un petit appartement de 35 m2, encombré d'objets dont il nous est fait une description détaillée dont Perec est passé maître.
Puis, nous suivons la vie du couple qui l'occupe (ou le rêve?, on ne sait), Jérôme et Sylvie. Ils ont arrêté leurs études universitaires, sont devenus « psychosociologues », et enquêtent en « free-lance » pour le compte d'agences de publicité, afin de connaître les goûts, préférences des français de ce début des « sixties ».
Une vie faite d'un travail pas trop éreintant, un peu bohème, avec des week-ends entre amis, dans lesquels on parle, boit, fume, beaucoup, l'une des préoccupations étant le thème de la Guerre d'Algérie, dont la fin s'annonce.

Mais la préoccupation majeure de Jérôme et Sylvie, ce sont, dans ce Paris où les sollicitations sont si nombreuses, l'infinité des choses qui tentent le consommateur dont le désir est inassouvi, car les choses sont le plus souvent inaccessibles aux finances du jeune couple. Un désir aussi de consommer « comme il faut », guidé en cela par ces journaux réputés pour leur « bon goût », et décortiqués par ce couple « bobo » qui prétend préférer sa liberté dans le choix de ses missions professionnelles, avec comme conséquence des emplois précaires et peu rémunérés.

Cette frénésie consumériste insatisfaite, c'est sans nul doute le thème central du récit, qui anticipe la révolte de mai 68. : « Dans le monde qui était le leur, il était presque de règle de désirer toujours plus qu'on ne pouvait acquérir », nous dit Georges Perec. Et les deux personnages principaux ne semblent pas rechercher le bonheur dans une certaine façon d'être, mais n'existent que dans la recherche et la possession d'objets, même inutiles. Et cette vie où chacune et chacun est préoccupé par la satisfaction de ses propres besoins et désirs, est une vie faite de frustration et de solitude.

Conscients néanmoins de ce vide, et refusant aussi de se « ranger » dans un travail stable, ce que font beaucoup de leurs amis, Jérôme et Sylvie, postulent pour un travail de coopérants, très en vogue à cette époque post-coloniale du début des années soixante.
L'expérience sera affreuse, d'autant plus que Jérôme ne trouvera pas d'emploi, suite à son absence de diplômes, alors que Sylvie avait été recrutée comme institutrice. Milieu hostile ou indifférent, très peu d'amis et de vie sociale, et un appartement délabré et comble du désespoir, très peu de choses, très peu de meubles, d'objets.
De retour à Paris après une année scolaire, le couple se résigne à se ranger comme les autres dans un emploi stable, et, avec l'aide de leurs amis, ils trouveront un poste de directrice et directeur d'Agence de publicité à Bordeaux. Et, à nouveau, se mettent à rêver d'une vie d'opulence. Mais le repas insipide servi dans le train ne présage rien de bon, en tout cas un bonheur incertain.

Dans cette histoire en apparence toute simple, Perec réussit à nous faire saisir, à la fois par la nature désincarnée des protagonistes du couple, dont on ne saura rien des caractéristiques physiques, des origines, etc.., par une narration sans émotion, sans pathos, par l'accumulation de la description des « choses », la quasi-aliénation à laquelle mène la société de consommation où les individus ne se définissent que par les objets qu'ils possèdent, et non par leurs sentiments, engagements, expériences, etc..
Une critique d'une société dans laquelle ce que vous étalez de vos « richesses » (maintenant sur les réseaux sociaux) suffit à dire qui vous êtes, ça reste d'actualité, n'est-ce pas?
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Les Choses/Georges Perec (Prix Renaudot 1965)
Une obsession : acquérir les choses ! Un roman passionnant !
Certes il y a bien les Choses et beaucoup de Choses dans ce magnifique roman, grand classique de la littérature contemporaine (Prix Renaudot 1965), et il y a aussi les mots pour les dire, les citer et les décrire et Georges Perec est un maître au talent immense dans cet art avec une richesse de vocabulaire inouï et un goût pour l'énumération étonnant.
Paris au début des années 60 : deux jeunes psychosociologues travaillant à temps partiel, Sylvie et Jérôme, issu de la classe moyenne découvrent peu à peu qu'ils ne sont pas faits pour entrer dans le système et perdre ipso facto leur liberté. Mais hors système il peut être difficile d'avoir les moyens de réaliser ses rêves. Grands amateurs d'antiquités et de belles choses toujours plus envoûtantes, hédonistes vivant au jour le jour, tous deux se trouvent asservis à une idée totalement matérialiste du bonheur et l'argent pour posséder les choses leur manque cruellement. Tout le premier chapitre est écrit au conditionnel : il traduit l'utopie folle qui les habite et évoque l'appartement de leurs rêves :
« Il leur semblerait parfois qu'une vie entière pourrait harmonieusement s'écouler entre ces murs couverts de livres, entre ces objets si parfaitement domestiqués qu'ils auraient fini par les croire de tout temps créés à leur unique usage, entre les choses belles et simples, douces et lumineuses…Nul projet ne leur serait impossible. Ils ne connaitraient pas la rancoeur, ni l'amertume ni l'envie. Car leurs moyens et leurs désirs s'accorderaient en tous points, en tout temps. Ils appelleraient cet équilibre bonheur et sauraient, par leur liberté, par leur sagesse, par leur culture, le préserver, le découvrir à chaque instant de leur vie commune. »Un tableau en tout point idyllique !
Il apparaît dans la réalité que ce qu'ils aiment dans le luxe, c'est l'argent qui est derrière : ils succombent aux signes de la richesse et dans leur impatience, ils aiment la richesse avant d'aimer la vie. Et puis dans le monde qu'ils se sont créé, il s'avère que la règle est de désirer toujours plus que ce que l'on peut acquérir. Avec des fins de mois difficiles !!
Ainsi va leur vie comme celle de leurs amis dans leurs petits appartements encombrés et sympathiques, avec leurs balades et leurs films, leurs grands repas fraternels, leurs projets merveilleux
« Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l'univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l'abondance, les pièges fascinants du bonheur. »
Alors d'un coup d'un seul ne pouvant plus supporter cette médiocrité quotidienne, ils décident de partir à l'aventure en Tunisie pour tenter de faire fortune, Sylvie enseignante et Jérôme à la recherche d'un emploi !!
le système conformiste qu'ils ont toujours fui les rattrapera-t-il ? le bonheur leur restera-t-il inaccessible ? L'envie demeurera-t-elle pour Sylvie et Jérôme une addiction, une course sans fin ? La jouissance de posséder continuera-t-elle de les habiter ? Autant de question que la suite du roman aborde pour le plus grand plaisir du lecteur.
Un livre fascinant et passionnant que j'ai lu d'une traite, sans m'arrêter un instant. Une description surprenante et minutieuse de la vie d'un jeune couple des années 60 avec une certaine distanciation de la part de l'auteur vis à vis de ses deux personnages. Une réflexion sur le bonheur avant tout et sur la fascination qu'exercent parfois sur nous les Choses. Et surtout leur possession !
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quelle claque ! j'ai beaucoup aimé lire ce livre, cette analyse presque sociologique d'un couple dans les années 60, surplombé d'un pessimisme avec la plume de Georges Perec qui ne laisse transparaître aucun sentiment, aucune compassion.
à vrai dire, j'ai du mal à savoir quoi penser maintenant : dois-je me réjouir car je ne suis pas comme eux, ou dois-je m'attrister car, au fond, nous sommes tous un peu comme jérôme et sylvie ?
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LES CHOSES de GEORGES PEREC
Un livre surprenant prix Renaudot 1965 une écriture simple et fluide qui décrit la vie quotidienne les espérances et les désillusions d'un jeune couple. Progressivement s'installe une critique de la société de consommation les années passent le couple vieillît et Perec continue à relater . Adoré ce livre peut-être parce que c'est l'époque que j'ai connu.
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Georges Perec dépeint admirablement la vie d'un couple parisien dont l'identité passe par la possession et les apparences. Des jeunes gens, tout imprégnés des idées de 68, qui se veulent rebelles tout en travaillant dans le secteur publicitaire, qui refusent la prison du contrat à durée indéterminée tout en rêvant de richesse, dont les amitiés sont aussi superficielles que leur propre rapport à la vie. Leur vie étriquée les pousse à tenter leur chance à Sfax en Tunisie, à la petitesse succède l'impression de vide.
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"Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus "je pense" mais "j'ai, donc je suis""
chante Jean-Jacques Goldman cinquante ans après la parution du livre de Georges Pérec. Lors de sa parution en 1965, Les choses devait être un OVNI littéraire, entre roman et essai sociologique, avec Sylvie et Jérome, des anti-héros sans grand destin, noyés sur leur envie de choses et d'autre chose, mais quoi ? Telle est la question.
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Jérôme et Sylvie rêve de luxe et de liberté. Leur métier ne leur permet pourtant que de vivoter dans un deux pièces parisiens.
 
Perec décrit avec minutie l'ère du temps des années 60, avec l'apparition de la société de consommation, le décalage entre le vouloir et le pouvoir, le jeu des apparences et surtout, ces choses, objets de tant de convoitises pour pouvoir paraître.
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Magistral ! Au fond, depuis les années soixante, nos vies m'ont pas beaucoup changées : travailler, gagner de l'argent pour acheter des choses qui s'entassent et nous incommodent finalement, rêver d'une maison au bord de la mer, à la campagne…en tout cas hors de nos moyens, rêver de pouvoir partir…pour avoir la même vie ailleurs, les mêmes insatisfactions…bref, ça sert à quoi, la vie ?
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Pendant longtemps, les choses est resté mon livre préféré sans que je puisse réellement expliquer pourquoi. Ce n'est presque pas un roman tant la description sociologique des années 60 est réussie. Mais loin de s'enfermer dans une époque, le mode de vie que l'auteur décrit est toujours le nôtre aujourd'hui.
Avec ce livre, j'ai découvert un auteur formidable qui manie les mots, l'imagination et l'humour sans pareil. Il m'a révélé ce qui me plaisait souvent chez les auteurs : une oeuvre diversifiée où chaque livre est différent, un plaisir de l'écriture passant par le jeu avec les mots, la construction ou la narration et l'humour sous-jacent.
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