Prends ma main

Memphis 2016, il ne se passe pas un jour sans qu'elle pense à India et Erica, ce qui est arrivé à ces fillettes est la plus grande douleur de sa vie. Civil aura bientôt soixante-sept ans, elle ne veut pas changer le passé, juste raconter à sa fille adoptive Anne, cette histoire pour que les fantômes reposent en paix. Montgomery 1973, Civil jeune infirmière noire, vient de rejoindre le Planning familial pour participer à l'essor du peuple noir.

Basé sur des faits réels, l'auteur a passé beaucoup de temps à effectuer des recherches pour assurer la profondeur et la précision de ce roman poignant sur un moment honteux de l'histoire de l'Amérique : la stérilisation forcée sur des mineures issues de milieux défavorisés, souvent des familles noires. Et plus largement les expériences médicales faites sur les noirs puisque, semble-t-il, ils sont plus durs à la douleur. Les personnages sont profondément touchants, un regard perçant sur le racisme encore bien présent au début des années 1970. Dolen Perkins-Valdez nous offre un récit tout en sensibilité porté par la personnalité de Civil, une femme qui lutte contre un système, qui redonne la voix à celles qui ont perdu d'avoir le choix et le libre arbitre sur leur corps, une femme qui refuse d'être réduite au silence.

Pépite ! mais avec beaucoup de tristesse sur la thématique de ce livre extraordinaire dans ce qu'il relate et révèle. J'avais entendu parler de stérilisation forcée mais je ne connaissais pas ce phénomène instauré par les pouvoirs publics et l'état américain envers des femmes pauvres, noires et à qui on a fait croire qu'il s'agissait du contrôle des naissances, alors qu'on portait ignoblement atteinte à leur intégrité physique et humaine en leur enlevant l'utérus. Ce roman met en lumière un processus révoltant et inspiré de faits réels, et dont on apprend avec colère qu'il n'y a pas si longtemps que ça l'état américain a poursuivi de tels procédés. Un document nécessaire pour se remémorer combien l'homme peut être cruel, que des parallèles troublants peuvent être faits avec les barbaries perpétrées par les nazis durant la seconde guerre mondiale et que les femmes continuent de souffrir et de subir des méfaits en raison de leur fémininité. On l'aura compris, je suis ressortie de cette lecture vivement intéressée, triste, choquée et en colère mais en gardant une part d'espoir pour nous, les femmes.

Au début des années 70, aux États-Unis, Civil, jeune infirmière issue d'une famille afro américaine socialement préservée, débute son travail au sein du planning familial de sa ville. Peu à peu elle assiste et participe à des pratiques qui la questionnent sans qu'elle n'osent poser de questions. Mais un jour deux petites filles qu'elle suit et auxquelles elle commence à s'attacher, sont victimes d'un acte chirurgical non consenti et c'est le début du combat qu'elle va mener pour comprendre ce qui se passe.
Un récit qui alterne entre une adresse à la fille de la narratrice qui est le personnage principal du roman Civil et qui explique les raisons d'un voyage qu'elle fait dans la ville de son enfance et la narration proprement dite de ce qui s'est passée pour la jeune infirmière et les protagonistes du drame.
Cette fiction inspirée de faits réels m'a stupéfaite car je ne connaissais pas ce côté de l'histoire américaine. Comment la société américaine, imprégnée de représentations sociales racistes issues de l'esclavage a poursuivi la discrimination par des pratiques basées sur les stéréotypes à l'oeuvre même dans le corps médical. On comprend aussi comment le système a essayé d'utiliser le personnel afro américain pour participer à ces pratiques comme pour le justifier. On réalise très bien, le déni et la culpabilité qu'expriment les infirmières mises en cause.
Le personnage de Civil a travers le combat qu'elle va mener doit faire face à ses propres motivations personnelles qui vont guider ses choix, ses actions et marquer l'ensemble de sa vie avec ce drame et ce qui a suivie comme point final, car c'est comme si tout c'était arrêté pour elle à cette époque. le voyage initiatique qu'elle va faire à la rencontre du passé va lui permettre de reprendre le fil de sa vie.
La lecture de l'ouvrage est très agréable et je n'ai pas lâché ce livre de bout en bout !
A découvrir !

Énorme coup de coeur pour ce livre! Inspiré d'une histoire vrai, ce roman est incroyable, prenant, passionnant et percutant. Les thématiques abordées sont fortes, les droits des femmes à disposer de leur corps, la ségrégation. Les personnages sont vraiment marquants et j'ai eu l'impression de vraiment partager tout cela avec eux au fil des pages. Une magnifique découverte, un livre qu'il faut lire !

Découverte de cette auteure pour ma part .
Et quelle découverte !

Base sur une histoire vraie ( l‘affaire des soeurs Relf) , ce récit m‘a captive.

Alabama 1973, etat où la ségrégation est encore très présente.

Civil jeune infirmière travaille au planning familial.
Parmi les dossiers dont elle a la charge il y a celui de la famille Williams : un père veuf , ses deux filles de 11 et 13 ans et la grand mère vivent sous le même toit .

Civil et envoyée dans cette famille non pas pour s‘occuper de la grand mere mais des deux petites filles.
Elle va rapidement s‘attacher à cette famille, peut être même au delà de son role initial.
Elle doit leur faire une piqure contraceptive.
Rapidement l‘étonnement et le doute gagnent Civil
Pourquoi injecter un traitement contraceptif a deux enfants si jeunes dont l‘une n‘est même pas reglee. ?

S‘agit il d‘une erreur du planning familial ?
L‘etat ou le gouvernement ont ils une politique contraception non adaptee ?

Ce recit est captivant .
Tout ce que j‘aime y est réuni
des personnages très attachants, les recits de la ségrégration en Alabama, une pointe de récit juridique

Un veritable coup de coeur
Premier roman traduit en français, j‘attends les autres !

Ce roman, car c'en est un, même s'il est basé sur des faits réels et que c'est tellement bien raconté qu'on est littéralement plongé dans l'histoire et dans L Histoire, dans l'Alabama des années 70.
2016, Civil Townsend se souvient, et raconte à sa fille ce qui lui est arrivé alors qu'elle était encore toute jeune infirmière en 1973. employée dans un planning familial, elle devait donner un contraceptif aux femmes qui le désiraient. Mais lorsqu'elle s'aperçoit que 2 de ses patientes sont des jeunes filles de 11 et 13 ans, elle commence à se poser des questions. Ce qu'elle découvre au fur et à mesure la rend folle de rage et elle décide de porter cette affaire devant la justice.
C'est donc l'histoire d'une jeune femme Noire issue d'une famille plutôt aisée qui, en plein épanouissement du Black Power, découvre ce que le gouvernement de son pays fait encore subir aux femmes Noires et pauvres en plein XXème siècle !
Beaucoup d'émotions, on croirait presque à un témoignage tant c'est raconté de manière habile et passionnante !
C'est un combat de David contre Goliath, fort et émouvant, qui nous rappelle que c'est seulement en agissant qu'on peut tenter de faire bouger les choses.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Seuil pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, de Prends ma main de Dolen Perkins-Valdez.
C'était en 1973, une année de droits des femmes et de bouleversements politiques, et elle venait de sortir de l'école.
Une nouvelle infirmière a eu son premier emploi dans une clinique de planification familiale à Birmingham.
La clinique était financée par le gouvernement et la plupart de sa clientèle était pauvre, un fait qui était difficile : Civil avait grandi avec des privilèges dont peu d'Alabamans noirs jouissaient, et elle avait été amenée à craindre les gens qui lui ressemblaient, mais n'étaient pas du tout comme elle.
N'était-il pas ironique, alors, que le premier dossier qu'elle ait reçu lors de son premier jour de travail soit pour Erica et India Williams, deux filles qui vivaient dans la misère, crasseuses et analphabètes ?
N'était-il pas ironique qu'on ait dit à Civil de donner à ces petites filles des injections contraceptives qui pourraient les rendre malades alors qu'elle-même portait un secret lié à la naissance ?
Mais parfois, à trop vouloir aider.. on peut aggraver les choses..
Prends ma main est un très bon roman qui traite de la ségrégation et de certains traitements abjects infligés au peuple noir, aussi bien aux adultes qu'à.. des petites filles !
J'ai commencé ce roman sans avoir lu le résumé, je ne savais pas trop où cette lecture allait m'emmener. En général, quand babelio me propose un ouvrage en masse critique privilégiée, je suis rarement déçue.
J'ai été stupéfaite de découvrir l'histoire d'India et Erica et, plus globalement, des minorités aux États-Unis en général. Ce qui est pratiqué sur eux est une infamie ! Comment peut t-on faire un truc pareil aux États-Unis dans les années 1970, dans un pays censé être civilisé ! Avec certains de leurs actes ils n'ont rien à envier aux Nazis pendant la seconde guerre mondiale, c'est à vomir.
Je ne m'étendrais pas sur ce qui est fait sur ces jeunes filles, car trop en dire serait une erreur. Mais franchement, j'ai trouvé ça bouleversant.
Civil est une jeune femme noire tout juste infirmière qui vient travailler dans un planning familial pour aider les femmes de tout age. Elle peut aussi travailler avec des hommes mais ces derniers viennent rarement consulter pour tout ce qui concerne la contraception.
C'est ironique car elle vient juste de faire quelque chose qui pourrait justement la freiner à travail dans un tel endroit..
Dès le premier jour cette jeune femme arrogante, pas tellement attachante, qui se croit un peu au dessus des autres va devoir affronter la misère. Elle est noire mais son papa est médecin, elle a toujours eu un train de vie, des privilèges, au dessus des autres personnes de sa communauté.
Elle est touché par ses deux jeunes filles à qui elle doit faire une piqûre contraceptive. Elle ne s'attendait pas à les trouver habitant dans un tel taudis, isolée des autres. Alors, elle décide de les aider. Mais pour qui ? Pour elle même, pour se sentir mieux.. ou réellement pour le bien être d'India et Erica ?
Civil va malheureusement oublier qu'à vouloir trop en faire on peut aussi faire les choses de travers !
J'ai été touché par ses deux filles et par les événements qui se déroulent dans ces années là envers notamment le peuple noir. C'est révoltant.
Je n'ai pas été touché par le personnage de Civil, j'ai préféré certains personnages gravitant autour d'elle, notamment son amie Alicia. Mais ne pas aimer Civil plus que ça ne m'a pas dérangé, et ne m'a pas empêché d'apprécié ma lecture.
L'histoire est très bien ficelée. Civil revient en arrière, dans ses souvenirs, en s'adressant à sa fille adoptive. Cela donne un roman vivant, on a vraiment l'impression que c'est elle qui nous raconte ce qu'elle a vécu.
Il y a également des passages se déroulant en 2016 avec son retour à Montgomery.
Prends ma main est un bon roman, lu tranquillement car j'ai eu besoin de souffler par moment.
Ce n'est pas un ouvrage que je pouvais lire d'une traite, le sujet est assez dur et j'ai eu besoin de pauses.
Je vous le recommande, il est vraiment très intéressant et mérite quatre étoiles et demie.

Tout d'abord, je tiens à remercier toute l'équipe de Babelio ainsi que les éditions du Seuil!

En refermant ce livre, je ne peux m'empêcher de penser au racisme idéologique, qu'il soit hitlérien ou autre! Et au génocide. Vous trouverez peut-être ce terme exagéré, moi pas. Ce système n'était-il pas aussi une façon d'éliminer "tout être nuisible à la pureté du sang" ? Une façon moins radicale et plus sournoise, certes, mais cela reste pour moi un génocide, ou du moins, un essai, en stérilisant ces femmes de couleur, les Américains ou devrais-je dire "l'homme blanc" espérai.en.t se débarrasser progressivement des Afro-Américains, comme ils l'avai.en.t fait avec les Amérindiens, au États-Unis mais aussi au Canada!

"Prends ma main" de Dolen Perkins-Valdez est un livre poignant et sincère, inspiré de faits réels. L'histoire se déroule au coeur du Sud, à Montgomery, en Alabama, au début des années 1970. Bien que l'époque de la ségrégation soit révolue depuis longtemps, de nombreux Afro-Américain.e.s pauvres sont encore traités injustement et n'ont que peu de chances d'améliorer leur vie. Dolen Perkins-Valdez a fait un excellent travail pour dépeindre les inégalités qui existaient à l'époque.. Elle a réussi à présenter ce à quoi ressemblait le système de santé pour les femmes et les jeunes filles noires et blanches pauvres et sans instruction qui vivaient dans l'État d'Alabama et au-delà. En lisant le récit de la pression, de la violence et des mensonges auxquels ces femmes et ces jeunes filles étaient soumises, j'ai ressenti une grande colère. le pire, c'est que le gouvernement américain a appuyé, financé et soutenu ces programmes.

Nous sommes en 1973, Civil Townsend, une jeune femme noire, vient d'obtenir son diplôme d'infirmière. Civil a toujours eu une vie confortable. Son père est médecin et sa mère reste à la maison et aime peindre. Une fois son diplôme d'infirmière en poche, Civil obtient un poste d'infirmière dans un planning familial à la clinique de planification familiale à Montgomery. le principal objectif de la clinique est de s'assurer que les femmes et les jeunes filles noires et blanches, pauvres et sans instruction, bénéficient d'une aide gratuite afin de ne pas avoir avec une grossesse non désirée ou injustifiée. L'une des premières missions de Civil est de rendre visite à deux jeunes filles, Erica et India Williams, à leur domicile pour leur administrer des injections de contraception. Lorsqu'elle arrive à l'adresse qu'on lui a donnée, elle découvre une cabane détériorée d'une pièce avec un sol en terre battue. Civil est accueillie par le père d'Erica et d'India. Il n'est pas très avenant et n'offre que peu ou pas d'aide à Civil. Celle-ci découvre rapidement qu'Erica et India vivent dans cette cabane délabrée avec leur père et leur grand-mère, la mère des filles étant morte depuis un certain temps. Lorsque Civil rencontre Erica et India, elle est surprise de découvrir que le contrôle des naissances soit donné à une fille de onze ans et de treize ans. India est muette et Erica protège sa soeur du mieux qu'elle peut. Lorsque Civil interroge les soeurs sur leur intérêt pour les garçons et si ont déjà été touchées par un garçon d'une manière intime, les soeurs répondent par un "non" catégorique. Pourquoi personne d'autre n'avait-il posé ces questions simples aux filles ? Des signaux d'alarme commencent alors à retentir dans la tête de Civil et qu'elle commence à se poser de sérieuses questions! Pourquoi donner un contraceptif à ces jeunes filles aussi jeunes et pas encore sexuellement actives ? Dans quelle mesure les piqûres que Civil vient de leur administrer sont-elles sûres ?

Dès cette première visite, Erica et India prennent très vite une grande place dans le coeur de Civil qui n'hésite pas à emmener les soeurs chez elle et leur permet de se baigner et de se laver les cheveux. Elle leur achète des vêtements neufs. Avec l'aide d'une amie de sa mère, Civil réussi à les faire entrer dans un logement subventionné par le gouvernement et leur obtenir des bons d'alimentation. Erica commence à suivre des cours d'été à l'école locale située à proximité du complexe d'appartements dans lequel elle et sa famille viennent d'emménager. Civil réussi aussi à faire inscrire India dans une école spéciale à l'hôpital St. Jude. le jour où India est acceptée dans cette école, Civil se rend à leur nouveau domicile pour leur annoncer la bonne nouvelle en personne. Lorsque la grand-mère des filles ouvre la porte, Civil apprend que l'impensable s'est produit. Civil sera-t-elle capable d'aider Erica et India cette fois-ci ?

"Prends ma main" de Dolen Perkins-Valdez est à la fois déchirant et sincère. Les chapitres alternent entre le passé et le présent. Quelle époque effrayante et triste pour notre système de santé. Des médicaments non testés étaient administrés à des femmes (la plupart, des femmes Afro-Américaines) pauvres et non éduquées. Pendant cette période, le gouvernement a parrainé des cliniques comme celle où travaillait Civil pour stériliser ces femmes à leur insu ou pendant qu'une autre procédure était effectuée, le gouvernement profitait de leur analphabétisme et de leur manque de compréhension pour faire signer des formulaires de consentement. Malheureusement, les choses n'ont pas tellement changé dans les décennies qui ont suivi en ce qui concerne la façon dont les Afro-Américains sont traités. Les États-Unis continuent d'appliquer deux poids et deux mesures, un pour les Blancs et un pour les gens de couleur. Ce livre a déclenché en moi un tas d'émotions dont la colère, l'incompréhension, la tristesse... Dolen Perkins-Valdez a révélé dans sa note d'auteur que ce livre était basé sur la véritable affaire Relf. J'ai beaucoup appris sur l'histoire du système de santé pour les Afro-Américains dans les années 1970 et j'ai été tout de même heureuse de savoir qu'une personne comme Civil se soit battue pour un peu de justice. Nous avons besoin de plus de gens comme Civil, et pas seulement aux États-Unis! Un livre que je recommande vivement! Ce livre nous rappelle à quel point il est important que ces histoires soient racontées, qu'elles soient entendues, qu'elles soient reconnues, qu'on se souvienne d'elles et qu'on s'en soucie, cela me semble crucial.

A travers des personnages profonds et terriblement attachants, l'auteure retrace des faits très horribles de l'histoire. D'une plume fluide et juste, elle nous conte les émotions de l'époque. Les horreurs perpétrées, la soif de justice et la volonté infaillible d'aider.

On entre dans l'histoire et on la vit aux côtés de Civil et de la famille Williams. On est écoeuré face aux manigances de l'état, face à ce racisme injuste, face à ces mutilations infligées sous couvert du raisonnable. Avec eux, on ressent la révolte et la volonté de mettre en lumière et d'obtenir justice.

Ce que j'ai énormément apprécié aussi dans ce roman c'est la manière dont l'auteure démontre qu'il est important de savoir aider en restant à sa place. Qu'il est malheureusement facile de rapidement s'imposer et de passer outre la volonté même des personnes que l'on souhaite aider. L'aide peut facilement devenir néfaste. Et que même les meilleures intentions ne justifieront jamais le mal commis.

Civil elle-même aura beaucoup de mal à se dire stop j'en fait trop. Elle veut toujours bien faire mais elle doit aussi apprendre à rester à sa place. Un roman qui nous montre qu'il n'est pas simple d'aider de manière correcte.

Civil, une jeune femme tellement entière et déterminée. Elle qui a la faiblesse de vouloir trop en faire, m'a éblouie par sa volonté et sa dévotion. Elle n'est pas parfaite, à ses propres démons. Ce roman qui est écrit comme une histoire qu'elle livre à sa propre fille, raconte son passé et son présent alors même qu'elle veut faire la paix avec elle-même.

Un roman inspiré de faits réels qui se révèle fort et poignant. Un coup de coeur.
Lien : https://mespassionsmesenvies..

J'ai toujours eu une grande attirance pour les romans se déroulant durant l'ère ségrégationniste aux États-Unis. Je me demande alors comment l'Homme peut être aussi mauvais. le racisme, et les injustices de façon générale, ont toujours été pour moi une importante source de rébellion. Je ne peux pas les supporter…

Prends ma main aborde un scandale médical en Alabama en 1973. La ségrégation raciale est donc censée être terminée (depuis le Civil Right Act en 1964) mais nous savons vous et moi qu'elle ne s'est pas arrêtée du jour au lendemain, et qu'encore aujourd'hui, certains individus portent cette haine en eux. Elle n'est plus sur le papier, mais dans les actes c'est tout autre chose… Cependant, ce roman renferme également beaucoup d'espoir et de bienveillance malgré les douleurs et le contexte difficile.

Civil Townsend est une infirmière noire travaillant au Planning familial d'une clinique à Montgomery, et elle porte bien son prénom qui est ici un symbole de liberté.
En charge, comme d'autres de ses collègues, de la prescription de contraceptifs aux jeunes filles et du suivi de grossesse d'autres, elle va croiser le chemin de la famille Williams dont les deux jeunes soeurs vont la toucher instantanément. Erica et India, de respectivement treize et onze ans, vivent dans une grande misère avec leur père et leur grand-mère. Civil, qui a repris le dossier, arrive pour injecter une dose de Depo-Provera à chacune des fillettes afin qu'elles ne puissent pas tomber enceinte. Mais l'infirmière se pose rapidement des questions. Pourquoi mettre sous contraceptif d'aussi jeunes filles alors que la cadette n'est même pas encore réglée ? Depuis ce jour, Civil n'aura de cesse de chercher les réponses à ses questionnements. Elle enquêtera avec une grande assiduité et force de persuasion et finira par découvrir la scandaleuse politique médicale de l'État qui touche les plus pauvres, les handicapées et les noires en grande majorité.

L'histoire, basée sur des faits réels, est affreusement incroyable et met à mal (ce n'est rien de le dire !) l'éthique médicale des états sudistes des années 70. Mais le dévouement de cette infirmière, son grand coeur et l'amour qui en émane est vraiment beau à lire. Malgré ses propres fragilités, elle se battra comme une lionne pour défendre les droits de ces enfants et pour que plus jamais il n'arrive ces atrocités. le combat qu'elle mènera avec un avocat blanc instille l'espoir.

J'ai beaucoup aimé ce récit et la façon dont il est écrit. Dolen Perkins-Valdez précise qu'elle a romancé l'histoire autour des véritables faits. Elle a rendu cette affaire forte émotionnellement parlant et ainsi, touche le lectorat et participe à faire connaître ces scandales au plus grand nombre. Son ton m'a un peu fait penser au merveilleux La Couleur des sentiments même si ce dernier amène davantage les choses avec humour.
L'alternance entre les faits en 1973 et le présent en 2016 est agréablement construite et apporte encore plus de profondeur au récit. Quarante ans après, comment la famille Williams s'en est sortie ? Et comment Civil Townsend a-t-elle évolué personnellement et professionnellement ?

C'est un très bon roman que l'auteure nous offre. Malgré le sujet difficile, on en ressort grandi avec l'espoir que tout est possible, que les Hommes peuvent s'unir en faveur de causes justes. À découvrir absolument pour ne pas fermer les yeux sur les atrocités de ce monde mais aussi et surtout pour se rendre compte que les combats ne sont pas toujours vains !

Un grand merci à Babelio pour cette Masse Critique Privilégiée ainsi qu'aux éditions Seuil.
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