Dolen Perkins-Valdez a écrit un excellent roman très instructif, plein d'émotions et de sensibilité. Il me fût bouleversant car j'ai senti que l'auteure s'était beaucoup investie dans son récit. Elle y avait mis beaucoup d'empathie, de ses sentiments, de ses réflexions et de son énergie à consulter des centaines de documents relatifs à cette sordide et triste affaire.
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Ce qui donne de la force à son récit, c'est que l'auteure, de sa belle plume, s'est faite narratrice en prenant la place de son héroïne Civil Townsend, cette infirmière qui va découvrir l'ignominie dont seront victimes les deux soeurs Erica et India Williams.
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Bien sûr, tous les noms ont été changés, car
Dolen Perkins-Valdez, ne voulait pas écrire un simple reportage, mais elle désirait écrire un vrai roman, en partant de faits réels historiques et en créant une atmosphère de cette Amérique des années 70.
Et l'auteure a su admirablement donner de l'épaisseur à son récit, en imaginant et en ajoutant d'autres personnages bien décrits en profondeur et tous impliqués dans son roman fiction.
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L'histoire dans «
Prends ma main », se situe donc à Montgomery en Alabama en 1973. Cette infirmière Civil Townsend, va découvrir que les deux soeurs mineures, afro-américaines dont elle s'occupe, ont été stérilisées à leur insu.
Le père et la grand-mère analphabètes, ayant signé les papiers sans comprendre ils acceptaient qu'Erica et India, allaient subir une tubectomie.
Civil Townsend écoeurée et blessée dans son coeur de femme noire, portera bravement l'affaire devant les tribunaux.
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J'ai découvert cette incroyable et effroyable affaire, cet énorme scandale médical qui s'est passé dans une Amérique des années seventies, avec ses grands relents de ségrégationnisme et de racisme.
Cette affaire éclatera à Montgomery, lorsque la mère de Minnie et Mary Alice Relf, de leurs vrais noms, poursuivra en justice le gouvernement. La maman avait été bernée par les services sociaux de la ville, qui lui avaient fait signer un document, pour autoriser les médecins à prescrire à ses filles un contraceptif.
La mère, appuyée par le Southern Poverty Law Center, permettra alors de mettre en lumière ces stérilisations contraintes, dont celles qui fût imposées de ses deux filles.
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Très malveillant pays que ces Etats Unis et leur suprémacisme blanc, qui n'ont jamais cessé au cours des siècles, de faire de la politique raciste et de bafouer tous les traités qui furent signés.
Combien de programmes secrets ont-ils été dénoncé ?
Des planifications honteuses, appliquées pour faire de la discrimination raciale, pour faire de l'oppression et du chantage en toute impunité sur des peuples.
Comme en exemple à corrompre et à parquer, pour enlever toute identité à ce peuple de survivants que sont aujourd'hui les Amérindiens.
Comme en autre exemple, à vouloir contrôler et ensuite à réduire, par des moyens fallacieux et contraire à toute éthique, le nombre de naissances exclusivement dans la population pauvres des afro-américains.
Certains dirigeants tenaient des discours que toutes ces familles noires vivant dans la misère et l'insalubrité, toutes ces personnes de couleurs considérées comme inadaptées à la vie en société, étaient des assistés et en conséquence coûtaient très cher aux Etats.
Et qu'il était urgent de faire voter des lois, afin de mettre en place une politique de soutien et surtout de contrôle des naissances dès le plus jeune âge (contraception dès l'âge de 11 ans, stérilisation, etc. ), dans la population noire et la plus miséreuse.
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Dans son roman, dans une plaidoirie d'un de ses personnages,
Dolen Perkins-Valdez écrit ceci :
-« En Caroline du Nord entre 1960 et 1968, sur les mille six cent vingt stérilisations qui ont été pratiquées, soixante-trois pour cent l'ont été sur des femmes noires. »
Une ampleur sur ce désastre à méditer !