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sur 275 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Depuis que Civil Townsend est devenue infirmière, puis plus tard, médecin, deux prénoms sont à jamais gravés dans sa mémoire. Ils sont même cousus, depuis des années, à l'intérieur de toutes les blouses blanches qu'elle a revêtues pour sa profession. Erica, India. Pour ne pas oublier. Mais comment oublier ?
Nous sommes en 2016 et Civil va sur ses soixante-sept ans, elle vit à Memphis et s'apprête à retourner, enfin, dans sa ville natale mais elle doit d'abord tout dire à sa fille adoptive. Que renferme ce « tout » ? Un fardeau, une colère intériorisée, une injustice plus que révoltante, une abomination discriminatoire et une question lancinante — Quelle responsabilité avions-nous dans ce qui s'est passé ?
Sa longue confession vient également éclairer son choix d'avoir voulu rester célibataire ainsi que celui de ne pas avoir d'enfant biologique.

Montgomery, capitale de l'État d'Alabama, en 1973. Gonflée de l'importance que lui confère la certitude d'être un maillon essentiel à la mission décidée par L'État de réduire la misère, Civil, nouvellement embauchée en tant qu'infirmière dans une clinique du Planning familial de la ville, se sent investie d'un devoir. le devoir d'aider les jeunes femmes noires pauvres, de leur faire bénéficier de la liberté que peut offrir une contraception. La clinique est dirigée par une femme blanche mais les infirmières sont toutes des Afro-Américaines.
Civil se voit remettre un dossier pour une visite à domicile mais c'est en tremblant qu'elle quitte la cabane miteuse où vivent les deux filles à qui elle vient d'injecter un contraceptif. L'une d'elle, India, n'a que onze ans et n'est pas encore réglée !
Les doutes viennent envahir la jeune infirmière qui va bien vite comprendre que les bonnes intentions du gouvernement, de la clinique, d'elle-même, viennent fissurer, voire crevasser ces vies précaires, pauvres et non instruites. Bénéficiant des aides sociales, souvent analphabètes, ces familles se sentent redevables envers L'État et signent, confiantes, d'une croix, les formulaires qu'on leur présente.
Après quelques recherches, elle apprend que le contraceptif qu'on lui demande d'injecter n'a pas été approuvé par l'Agence de sécurité pharmaceutique. Elle décide de ne pas administrer la seconde injection car elle se demande si ce produit ne peut pas avoir des effets secondaires dramatiques.
Cette décision aura un effet désastreux et irréversible pour les fillettes et pour elle une culpabilité qui la hantera pour le reste de sa vie.

Partie d'un sujet précis, c'est toute une politique raciste, injuste, que l'auteure veut dénoncer. La valeur d'une vie dans la société américaine selon que l'on est riche ou pauvre, blanc ou noir n'est pas du tout la même. On pourrait croire que la guerre de sécession, la fin de l'esclavage puis la révision des droits civiques des noirs grâce à Martin Luther King ont sorti les États-Unis de l'ornière mais ce n'est pas le cas. le pouvoir en place s'arroge le droit de décider qu'une femme peut procréer ou pas.
L'auteure fournit dans ce roman quelques informations sur les actions militantes, la lutte pour les droits civiques des noirs. Mais la reconnaissance certaine, depuis les années 70, qu'un bout de chemin a été parcouru, notamment dans l'accès à l'éducation, ne peut faire oublier toutes les discriminations encore bien présentes.

Ce thème tragique et révoltant, inspiré d'un fait réel, méritait d'être exposé et dénoncé. Toutefois l'écriture de Dolen Perkins-Valdez manque cruellement de relief, entravant le passage de tous courants émotionnels. Cette tragédie aurait gagné davantage ma compassion avec plus de richesse dans l'écriture. Les faits, les actions, les dialogues font penser à une voile dans la pétole, désespérément plats. Je me suis efforcée à ressentir les liens, de plus en plus forts, que Civil tisse avec cette famille pour contrer l'extrême pauvreté qui les enferme mais ils sont restés coincés entre des mots trop fades. Surprenant, comme une trouée de soleil dans les nuages, à la moitié du roman, surgit une intervention de la grand-mère qui offre une réflexion profonde et un dialogue plus riche. Celle-ci, femme sensée mais victime de son illettrisme porte d'ailleurs sur leur situation un jugement très juste, que j'ai admiré.
Pour moi, le style est aussi important que l'histoire. L'équilibre entre les deux est indispensable. Peut-être que la traduction n'est pas étrangère à la pauvreté du style vu qu'ici, on y allume et éteint un robinet ! Certaines phrases, notamment en début d'ouvrage, laissent également perplexe.
Un autre point a également gêné ma lecture. Dolen Perkins-Valdez a jugé bon, probablement pour compléter le thème de la maternité contrariée, d'ajouter un épisode d'intervention volontaire de grossesse chez Civil. Celle-ci ressasse tout au long du livre le poids de cet acte, bien qu'elle ne le regrette pas, en utilisant peu ou prou les mêmes phrases.
Je remercie Babelio et les Éditions du Seuil pour ce roman dont, à mon humble avis, la forme dessert le fond.
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Alabama, 1973. Civil Townsend, tout fraîche diplômée, devient infirmière au Planning Familial de Montgomery, et prend en charge deux adolescentes afro-américaines, Erica et India, vivant dans le dénuement le plus total - ce qui choque particulièrement Civil, afro-américaine ayant au contraire toujours vécu de manière confortable et privilégiée - de l'aide de l'État, avec leur père et leur grand-mère. Cette prise en charge consiste notamment en un approvisionnement de produits d'hygiène et en une injection régulière d'un contraceptif.
Mais, au fil de ses rencontres avec les soeurs, à qui elle s'attache comme à ses propres filles, la jeune femme se rend compte que quelque chose ne va pas avec ce contraceptif, et avec l'âge des patientes à qui elle les injecte, ici 13 et 11 ans. Elle commence à enquêter, ne pensant pas du tout que cela va la mener vers un des scandales eugénistes les plus importants des États-Unis, celui de la stérilisation forcée d'une certaine partie de sa population, et que l'histoire individuelle des soeurs est en fait l'histoire de nombre femmes et adolescentes, pauvres, principalement noires.
Tout cela, c'est ce que raconte Civil de nombreuses années plus tard, en 2016, alors qu'elle décide de retourner sur les traces de ce passé qui l'a bouleversée et changée à jamais...

A partir de faits réels, Dolen Parkins-Valdez nous conte une nouvelle part sombre des États-Unis qui m'était déjà, malheureusement, familière - j'avais en effet davantage connaissance des stérilisations forcées, à la même époque, des amérindiennes. le récit est parfaitement documenté, glisse particulièrement bien entre réalité et fiction, donne peut-être plus de corps à l'histoire de ces deux soeurs au destin brisé. Je ne dénie pas, de fait, tout le travail de recherche et de mise en scène romanesque de celui-ci réalisé par l'autrice.

L'ensemble reste malgré tout trop désincarné, en raison principalement d'une plume assez passe-partout, à mon sens trop estampillé "creative writing" pour donner davantage de force au propos. Il ne suffit pas, en effet, selon moi, de dénoncer quelque chose qu'il est nécessaire de dénoncer, ce qui est le cas ici, qui plus est lorsque l'on choisit la forme romanesque pour le faire : il faut aussi porter puissamment la dénonciation en jeu pour qu'elle fasse pleinement sens. Je n'ai donc pas été pleinement convaincue par ce roman, je l'aurais, finalement, été davantage par une non-fiction écrite de la même façon.

Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour la découverte.
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Alabama, 1973.
Civil, une infirmière noire issue d'un milieu privilégié, travaille depuis peu dans un centre de planning familial.
Très vite elle va découvrir la réalité de sa tâché réelle et de tout ce que cela implique;

En 2016, devenue médecin, civil raconte ce passé à sa fille adoptive.

Le thème du livre est très fort, on découvre la stérilisation forcée de femmes et de jeunes filles parfois prépubères stérilisées "de force" parce qu'elles ont le malheur d'être noires et pauvres. Difficile de ne pas penser à un passé européen lié aux idées d'un dictateur allemand.

Ceux et celles qui décident et agissent pensent bien faire. Et dans un sens leur raisonnement se tient.
Ce côté historique et explicatif est fort intéressant car il est sans parti pris.

Toutefois, ce récit sous sa forme romancée, ne m'a pas touchée. L'écriture est trop dans la retenue, presque sans émotion, trop factuelle.

Je ne me suis attachée à aucun des personnages, pas assez aboutis à mon goût. Il y a comme une réserve dans l'écriture, pas assez de révolte, pas assez beaucoup de choses.

Je n'ai pas compris le fonctionnement de Civil, sa famille, ses amis, son travail, tout semble superficiel. Elle me semble vraiment trop détachée de tout même si elle dit l'inverse.

Ce roman m'a fait l'effet d'une fiction, alors qu'elle est inspirée d'une ignominie réelle.

Je suis contente d'avoir appris des choses mais déçue de ma lecture en tant que telle.

Le personnage invisible de la fille aurait pu être utilisé de meilleure façon, ici il ne sert à rien.
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Le sujet de ce livre est saisissant et nous donne des frissons- la stérilisation forcée de milliers de femmes pauvres aux États-Unis, dans les années 60 et 70. le livre est bien documenté, mais je n'ai pas aimé l'écriture. Ce sujet, si fort, méritait un style plus incisif! Or, le style de ce livre est un peu comme celui d'un roman léger.
De plus, je sais que l'auteure a sûrement essayé de se mettre dans la peau d'une jeune infirmière noire en 1973, où il y avait beaucoup de ségrégation raciale, beaucoup de haine. Mais il m'a semblé que tout le livre tourne autour de l'injustice faite aux femmes noires, quand, en fait, c'était à toutes les pauvres, handicapées ou considérées commes irresponsables pour former une famille- quelle que soit leur couleur, race ou origine! En mettant l'accent sur les blancs d'un côté et les noirs de l'autre, l'auteure accentue encore plus la séparation déjà existante. C'était peut-être exprés et je n'ai rien compris...
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Prends ma main de Dolen Perkins-Valdez, présentation
Memphis en 2016, elle raconte le passé pour ne pas oublier India et Erica. Elle a 67 ans. Sa fille adoptive est revenue après avoir fait ses études.

Elle a appris qu'India est malade. Civil doit partir dans le sud, à Alabama.

Avis Prends ma main de Dolen Perkins-Valdez
Ce roman est tiré d'une histoire vraie et concerne deux soeurs, adolescentes, noires, qui ont été stérilisées à leur insu.


Civil est infirmière. Elle va occuper son premier emploi, dans une clinique de planning familial, destinée aux personnes de couleur. Civil est issue d'une famille noire assez aisée. Son père est médecin. Elle n'a jamais été franchement aimée par sa mère, qui s'est peu occupée d'elle suite à des problèmes mentaux. La famille est très unie. Civil est très heureuse de cet emploi. Elle fait la connaissance de deux jeunes adolescentes, qui vivent avec leur père et leur grand-mère, dans un taudis éloigné de la ville. Civil doit leur faire une injection d'un produit qui ne leur permet pas d'avoir d'enfants. Une deuxième injection doit avoir lieu. de retour à la clinique, Civil apprend que la plus jeune n'est pas encore réglée. Déjà, elle se méfie. de plus, elle apprend que ce produit n'a pas été validé par les autorités sanitaires et que testé sur les animaux, il peut provoquer, à terme, le cancer.


Civil va se prendre d'affection pour ces deux petites filles, pour cette famille. Elle va mettre tout en oeuvre pour leur donner une vie un peu plus belle. Jusqu'au drame, lorsque les petites se retrouveront à l'hôpital.


Civil va enquêter avec son meilleur ami, une collègue infirmière et une vérité va apparaître. Cette vérité est que les Etats-Unis ont mené des opérations pour limiter les naissances, pour qu'il n'y ait pas de naissances dans ces communautés. On en apprend aussi sur des expériences menées sur des hommes noirs, atteints de syphilis.


Un pan de l'histoire des Etats-Unis que je ne connaissais pas et qui fait froid dans le dos. Une politique raciste où la haine raciale est à son apogée. Et cela continue encore, de nos jours, dans les prisons et autres lieux où les humains, les femmes, les minorités, n'ont plus aucun droit. Une politique pour réguler les naissances de ces minorités.


Dans ce roman, Civil, qui a évolué professionnellement, revient, 40 après sur les lieux. Elle a adopté une fille qui a réussi ses études et lui raconte tout le long de ce roman ce qui s'est passé dans les années 70 pour ces deux filles, pour la famille impliquée et également pour la sienne et celles de ses amis. Elle explique également ce qui s'est passé pour ces infirmières qui ont travaillé dans ces plannings familiaux. Cette découverte a été source de révélations, d'implications aux plus hautes instances de l'Etat, même si la famille a été reçue par un des Kennedy.


Il y a également un gros sentiment de culpabilité pour Civil. A-t-elle bien fait son travail pour que ces deux adolescentes subissent ce qu'elles ont subi ? S'est-elle trop impliquée auprès d'elles ? S'est-elle immiscée dans leurs vies ? A-t-elle besoin de rédemption après autant de temps ? Elle a tout quitté et n'a plus donné de nouvelles. Elle doit faire la paix avec elle-même, surtout et écouter ce que ceux qui sont restés ont à lui dire.


Les relations humaines sont compliquées, surtout lorsque l'affect prend le pas sur une relation professionnelle. Lorsque cela détruit les gens et que l'on ne peut presque rien faire contre l'Etat. Oui, il y a des procès, mais qui gagne à la fin ? Pas celui qui est abusé, pas le faible, jamais le faible.


Même si cette histoire est très instructive, malgré tout, je n'ai pas eu de réel coup de coeur pour les personnages. C'est bien écrit, surtout bien documenté. Et cela permettra de rester ancré dans ma mémoire, malgré tout.

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Ce pan de l'histoire américaine, la stérilisation forcée de jeunes femmes noires, est un sujet passionnant, il y a matière à un livre d'exception.
Mais c'est un roman historique, non un documentaire et c'est là que le bât blesse. L'auteur dit vouloir traiter la culpabilité, le silence, l'impact émotionnel etc., auquel cas le livre se résume à dix pages peu fouillées sur un mode répétitif et pleurnichard. Les amourettes sont culcul, les personnages manquent de chair, le style est plat et atone. On n'y croit pas, on est dans une sorte de décalque affadi de la réalité.
Mais ce roman va me diriger vers d'autres textes traitant l'eugénisme au XXe hors nazisme et pour cela, je ne regrette aucunement cette lecture.
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Je remercie encore une fois Gleeph pour m'avoir permis de découvrir un nouveau roman.
Le récit est à mi chemin entre une enquête tirée d'une histoire vraie, celle de deux soeurs de onze et treize ans stérilisées à leur issu dans le Montgomerry des années 1970, et le cheminement de la narratrice qui était alors leur infirmière : Civil Townsend.
Le personnage est intéressant, fille d'un médecin et d'une mère artiste dont on devine des problèmes psychologiques. Héritière d'une génération qui s'est battue pour les droits civiques, de surcroît en Alabama. Cependant, j'aurais préféré pouvoir explorer plusieurs points de vue. La culpabilité de cette infirmière vis à vis de ces deux soeurs qu'elle considérera comme ses filles est trop présente et répétée au fil des pages. Au contraire, sa transformation en gynécologue reconnue suite à cette affaire est complètement éludée, ce qui donne une sensation d'inachevé.
Certains personnages sont à mon goût trop rapidement abordés comme les collègues de Civil au planning familial ou la famille d'Erica et India qui connaissent cette tragique destinée. C'est comme si chacun avait été mis dans une case : les noirs de Montgomerry qui s'en sont sortis, parfois avec des parcours glorieux : l'ami d'enfance et premier compagnon de Civil dont la mère plaide au barreau, les blancs qui sont soit héroïques comme l'avocat Louis Feldman ou monstrueux comme la directrice du planning familial qui prend la décision de la stérilisation et la famille Williams condamnée à la pauvreté.
Malgré tout j'ai pris plaisir à lire ce roman. le procès qui a permis de mettre en lumière la politique de stérilisation (via des injections ou opérations irréversibles) menée via l'assistance publique et les gouvernements fédéraux est très bien décrit. Cela m'a donné envie de creuser le sujet et c'est déjà un très bon point en soi.
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