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3,93

sur 274 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Memphis 2016. Civil se prépare pour un voyage vers l'Alabama. India, dont nous ferons la connaissance plus tard, est malade. Il est temps de lui rendre visite, à cette période de sa vie où le temps n'est plus dépendant d'un calendrier chargé et inéluctable, lorsqu'elle était médecin. Il est temps aussi d'expliquer à sa fille les détails d'une histoire qui ont modifié son destin de mère adoptive.

Flashback vers les années 70. Civil est alors une toute jeune infirmière zélée et naïve. Désireuse d'accomplir avec sérieux la tâche que la directrice de la clinique de planning familial qui l'emploie, elle se rend chez ses patients, deux fillettes de onze et treize ans, pour leur administrer un contraceptif injectable. Perturbée par les conditions de vie de cette famille, dans un taudis nauséabond, elle décide de faire les démarches pour les reloger, s'immisçant dans leur vie au-delà de ses responsabilités. En même temps, elle s'interroge et s'angoisse sur la raison d'être de la contraception pour ces gamines…


Ce roman s'appui sur des faits réels qui ont secoué les États-unis lorsqu'ils ont été rendus public, à travers les procès qui ont suivi. L'autrice a le mérite de mettre en lumière le scandale de cette politique d'eugénisme décidée en haut lieu. On est d'autant plus touché que le personnage principal, Civil, est profondément sympathique, par son courage et sa détermination. La narration à la première personne donne beaucoup de vie au récit, et contribue à l'élan d'empathie suscité par l'histoire.

La publication en France est une première pour Dolen Perkins-Valdès. Espérons que ses deux autres romans suivront le même chemin.

444 pages Seuil 3 Février 2023
Traduction (Anglais) : Emmanuelle Aronson

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Connaissez-vous "l'appendicectomie du Mississipi" ? Ce nom révèle un phénomène de société ultra violent ou comment à l'occasion d'une opération bénigne, la patiente si elle est noire, femme, pauvre le tout aux Etats-Unis des années 50, 60, 70, se verra enlever son utérus..... La stérilisation forcée voilà le thème de ce roman qui se base sur l'histoire (vraie) de jeunes soeurs de 12 et 14 ans, stérilisées à leur insu et à celui de leurs parents par les services sociaux les suivant.... Les chiffres officiels se compteront en centaines de milliers de femmes victimes, le tout payé par l'Etat.
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Vous aurez compris la thématique du livre. maintenant le roman. L'auteure invente le personnage fictif d'une jeune infirmière qui suit les deux soeurs. Dans la réalité c'est une assistante sociale qui fut la "lanceuse d'alerte" qui révéla cette odieuse affaire. Odieuse car allons jusqu'au bout de l'ignominie : si l'Etat fut condamné, jamais les gamines ne furent indemnisées....
On va suivre la découverte de l'affaire, d'abord la situation des deux soeurs, puis la découverte d'une pratique récurrente dans le temps et sur l'ensemble du pays.
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Une histoire intéressante, peut-être affadie par le fait que l'auteure s'intéresse trop à son personnage fictif (ses amours, sa famille, son avortement etc etc) et peut-être pas assez aux deux soeurs.
Mais ce livre a le mérite de révéler un acte abominable à connaître, à ne pas oublier. Il en profite pour parler de militants pour les droits civiques que je ne connaissais pas (tels Medgar Everts ou Fannie Lou Hamer).
Donc intéressant mais avec un petit bémol.
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Merci à Babelio et aux éditions du Seuil.
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1973 Alabama
Civil une jeune infirmière prend ses fonctions dans un centre de planning familial. Si Civil est issue d une famille noire aisée, son père est médecin et sa mère artiste, ce n est pas le cas de ses premières patientes.
Civil fait la connaissance de deux petites filles Érica et India. Les filles de 13 et 11 ans vivent avec leur père et leur grand mère dans des conditions sordides.
Civil se prend rapidement d affection pour les petites. Elle cherche à les aider. Mais elle commence à s'interroger sur la politique du planning. Pourquoi doit elle faire des injections de produits contraceptifs à des petites filles alors que l une d elle n est pas encore réglée ? Erica quant à elle, a ses règles sans discontinuer. Civil et une autre copine infirmière se posent des questions sur les produits contraceptifs et se rendent compte qu ils n ont été testés que sur des animaux et sont dangereux pour les humains.
Mais bientôt le pire se produit. Sans consentement de la famille, les filles subissent une ligature des trompes.
Civil se rebelle et fera tout pour porter m affaire de ses protégées devant le tribunal.
Cette histoire a marqué Civil à vie. Elle n a jamais pu se pardonner de ne pas avoir pu les sauver.
La romancière s est inspirée de faits réels et a mené une enquête pendant 3 ans.
Les faits révélés sont édifiants et honteux.
Des hommes atteints de syphilis pour une recherche et que l on laisse agoniser.
Des patientes même mineurs à qui on ligature les trompes, des femmes en train d accoucher que l on menace pour qu elles acceptent une stérilisation.
Tout ça parce que ces patientes étaient noires, pauvres, analphabètes.
Une facette de l Amérique révoltante.
Merci à Babelio et aux éditions seuil pour la découverte de ce roman poignant.
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Difficile de rester insensible devant ce troisième roman de Dolen Perkins-Valdez – mais le premier traduit en France –, tant les faits qui ont inspiré ce roman sont choquants (et malheureusement encore d'actualité) et viennent mettre en avant, encore une fois, l'autre face du « land of freedom » que sont censés être les Etats-Unis (ou tout du moins, quand on a la « bonne » couleur de peau).

Civil Townsend est une jeune infirmière qui commence son premier travail au Planning familial de Montgomery, en Alabama, ville célèbre pour avoir été le lieu où a commencé la lutte de Martin Luther King. Pleine d'idéaux propres à sa jeunesse et à une volonté d'aider une population noire défavorisée qu'elles connait assez peu, elle qui est issue de la classe moyenne noire imprégnée des préceptes de Martin Luther King tout en ayant une indépendance financière, Civil veut bien faire pour son premier dossier : injecter un médicament contraceptif à deux petites filles de onze et treize ans, India et Erica Williams. Civil tique sur la jeunesse des deux filles mais procède quand même à l'injection (les jeunes filles de cette classe sociale étant souvent filles-mères), avant de le regretter amèrement quand Erica lui confiera par la suite souffrir de saignements continus depuis la première injection, et que sa soeur India n'est pas même réglée… Outrée par cette décision et par les conséquences qui en découleront (une stérilisation forcée des soeurs), s'étant prise d'une affection débordante pour les deux petites filles et leur famille qu'elle aidera bien au-delà de ses moyens et de son statut d'infirmière, et traumatisée par sa propre expérience personnelle, Civil s'engagera dans une lutte contre les abus de l'État sur les deux filles et plus largement la population défavorisée de Montgomery, mais qui dépassera bientôt cette seule ville pour concerner les droits reproductifs (mouvement qui donnera naissance plus tard au mouvement féministe pour la justice reproductive) de la Nation entière.

Comme souvent dans les romans engagés, beaucoup de sujets sont évoqués, qui vont bien au-delà du pitch initial : ici, la violence contraceptive faite au prétexte de la prévention de la pauvreté par le contrôle des naissances (les femmes étaient poussées par tous les moyens, y compris par le mensonge, à la ligature des trompes), qui cache des expérimentations de médicaments sur des populations qui ne pouvaient s'y opposer, par manque d'éducation, parce qu'elles dépendaient trop de l'aide d'État (les études sur les tests du médicament contraceptif injecté aux soeurs Williams démontraient que celui-ci causait systématiquement des cancers sur les animaux qui y avaient été soumis…). Au-delà de cette seule histoire, le roman montre combien la ségrégation perdurait malgré les lois passées en 1968, et le peu de considération que l'État continuait à avoir sur le corps des personnes noires, bon pour toutes les expérimentations vu qu'à priori, elles ressentaient moins la douleur que les personnes blanches (ben voyons) ; mais surtout restait (et reste) une oppression systématique pour des gens qui devaient faire attention à tout ce qu'ils font et disent… J'aimerais parler au passé mais l'actualité montre bien que le présent reste le temps grammatical approprié quand on pense à Georges Floyd et à d'autres victimes du pouvoir (blanc). À noter également que les stérilisations forcées, comme l'explique l'autrice dans une note conclusive, sont toujours d'actualité pour les étrangers retenus dans les centres de détention pour immigrés vu qu'est toujours en vigueur un décret fédéral datant de 1927…

La force et le caractère réussi du roman de Dolen Perkins-Valdez est ainsi de traiter ce sujet par le biais du témoignage de Civil Townsend, une jeune femme noire issue d'un niveau social différent de celui des soeurs Williams, en montrant, par le biais de deux narrations distinctes dans le temps (une placée au moment des faits, en 1973, l'autre en 2016, quand Civil retourne à Montgomery après un silence de quarante ans, quand elle apprend qu'India souffre d'un cancer), combien ce scandale sanitaire aura un impact sur la vie de son personnage. Civil est imprégnée des idéaux du mouvement civique du Dr King, mais vit dans un milieu social plutôt aisé, et elle découvre avec les soeurs Williams la pauvreté crasse dans laquelle des membres de sa communauté peuvent vivre. Raison notamment pour laquelle elle s'impliquera beaucoup trop dans l'aide qu'elle souhaite apporter à ces deux petites filles, elle qui n'est pas sûre de vouloir devenir mère, et qui la poussera à s'interroger sur cette aide apportée : à partir de quel moment celle-ci devient de l'ingérence dans des vies qui ne sont pas la sienne ? On apprend dans le récit de 2016 que Civil a vécu le reste de sa vie en fonction de cette tragédie, en adoptant une fille en hommage aux soeurs Williams et en devenant gynécologue-obstétricienne, mais j'aurais aimé que ce pan de l'histoire de Civil soit un peu plus développé (la narration de 2016 restant assez allusive par rapport à celle de 1973). J'ai été moins passionnée également par le détour « roman judiciaire » que prend le roman sur un gros tiers, mais il est incontournable toutefois.

Je ne peux que vous conseiller ce roman si vous appréciez les romans sociaux, et je remercie vivement les éditions du Seuil ainsi que Babélio pour cette masse critique privilégiée.
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Civil, une jeune infirmière noire, sort tout juste de l'école et commence son premier poste dans une clinique du Planning familial. Issue d'une famille aisée, elle découvre la misère à travers ses 2 premières patientes, deux soeurs adolescentes habitant une misérable masure sur les terres d'un fermier blanc. En cette année 1973 où les luttes pour les droits civiques sont encore toutes fraîches, Civil décide de les aider et d'essayer d'améliorer la situation de leur famille. Mais le danger ne vient pas toujours de là où on croit et elle sera confrontée à une injustice qu'elle n'aurait jamais imaginée et qui la hantera toute sa vie.

Prends ma main est basé sur une histoire vraie, celle de ces femmes à qui on n'a pas laissé le choix d'avoir un bébé ou non, à qui on a imposé des piqures contraceptives ou pire encore une stérilisation forcée dans le déni complet de tout consentement ou libre choix. L'histoire est révoltante et l'auteure s'en empare pour nous livrer un roman qui remet parfaitement les faits dans le contexte de l'époque et qui raconte avec beaucoup de subtilité comment ces horreurs purent être commises avant que le scandale soit dénoncé. La description de la misère absolue dans laquelle vivent les jeunes soeurs, India et Erica, du combat de Civil pour essayer de les sortir de là et de leur trouver une situation plus digne est très bien rendue. J'ai trouvé que l'auteur nous faisait vraiment partager l'atmosphère de l'époque, ressentir le fait que la ségrégation venait juste d'être abolie (et quand on voit où on en est cinquante ans plus tard on comprend bien que le combat n'est pas fini...) et comprendre comment le Planning familial a pu être détourné de ses missions pourtant nobles pour commettre ces faits atroces.

Sur le plan romanesque, ce livre m'a un peu moins convaincue. J'ai eu du mal à m'attacher vraiment au personnage de Civil, j'ai parfois trouvé que son comportement manquait de cohérence ou eu du mal à comprendre ses réactions, que ce soit dans sa vie professionnelle (elle passe un peu rapidement de jeune infirmière timide et obéissante à professionnelle prête à prendre des risques et à se battre) ou personnelle (le traumatisme qu'elle a vécu et qui semble déterminer toute la suite de sa vie). J'ai aussi trouvé que la construction du roman était un peu bancale avec des accélérations soudaines et des passages où tout semble soudain très délayé, où il ne se passe pas grand chose, comme si parfois il nous manquait des chapitres ou des explications pour comprendre. C'est dommage car le thème est passionnant et l'auteur a vraiment l'art de nous plonger dans l'atmosphère de cet Alabama rural, encore pétri de traditions et de préjugés, de nous faire ressentir la force des traditions et du poids familial, avec ce contraste entre deux familles noires, celle de Civil riche et bien établie (son père est médecin) et celle des deux soeurs, beaucoup plus modeste. L'alternance entre les deux temporalités, le présent de Civil devenue mère adoptive et racontant son histoire à sa fille, et le passé formant la trame principal n'apporte pas non plus grand chose à l'histoire.

Ces petits défauts m'ont empêchée d'être complètement embarquée dans ce roman et de m'attacher totalement à ces personnages malgré certains passages très émouvants. Cela reste une lecture fort agréable et surtout très instructive sur un sujet grave dont on a finalement très peu parlé. A découvrir malgré ses petites imperfections, je suis contente d'avoir pu faire cette lecture grâce à une Masse Critique privilégiée pour laquelle je remercie Babelio et les éditions Seuil.
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Nous sommes en 1973. Pour son premier poste en tant qu'infirmière, alors qu'elle a tout juste 20 ans, Civil Townsend, afro-américaine issue de la classe moyenne, intègre l'équipe du planning familial de Montgomery. Elle va enfin se sentir utile, aider les gens. Mais lorsqu'il lui est demandé de donner un traitement contraceptif à Erica et India Williams, deux enfants de 11 et 13 ans, Civil va commencer à se poser des questions. Elle ne sait pas qu'elle a mis les mains dans un engrenage qui va changer sa vie mais surtout celle de milliers de femmes vivant dans la précarité et victimes d'une politique innommable qui n'est ni plus ni moins que de l'eugénisme institutionnalisé.

Le roman de Dolen Perkins-valdez est basé sur une histoire vraie, celle des soeurs Minnie Lee et Mary Alice Relf, stérilisées de force à l'âge de 12 et 14 ans. Une politique menée par les autorités en Alabama mais aussi dans d'autres états. Pourquoi ? Pour les protéger des garçons plaident les responsables du planning. En réalité parce qu'elles sont noires et vivent dans un milieu défavorisé, parce que la plus jeune est porteuse d'un handicap, parce que l'état a décidé qu'elles ne seraient jamais capables d'élever des enfants qui coûteraient trop cher à la communauté.

Cette histoire, Dolen Perkins-valdez la raconte avec ses tripes mais aussi avec une connaissance profonde du dossier. Les nombreuses références au combat pour les droits civiques, à l'affaire Relf mais aussi à une sombre affaire d'étude sur la syphilis menée à Birmingham quelques années plus tôt sur des centaines d'hommes afro-américains, tout prouve que l'auteure s'est parfaitement documentée. Elle a choisi de transformer cette histoire en roman pour mieux toucher le coeur du public.

Ce premier roman qui nous arrive en français est une belle réussite. Il est construit sur une double temporalité : au moment de prendre sa retraite, Civil décide de revenir à Birmingham, ville qu'elle a quittée depuis longtemps. le temps est venu pour elle de revenir sur cette étape de sa vie. Elle va essayer de retrouver certains des protagonistes de cette histoire. le récit alterne les réflexions de Civil au cours de ce voyage et des flash-backs en 1973.

Autour de ce sujet douloureux, l'auteure nous montre le contexte historique, politique, social et économique de cette ville d'Alabama au début des années 1970. Civil est une jeune femme dynamique, intelligente, qui croit en son rôle et va se battre pour que cessent ces pratiques et que soit reconnu le préjudice subi par les enfants. Victime d'un syndrome du sauveur, elle se sent coupable, doute, prend des risques mais fait abstraction de sa personne pour ce qu'elle croit être juste.

Comme elle on s'attache à la famille Williams, à ce père, cette grand-mère et ces deux enfants qui font tout pour vivre dignement dans un contexte difficile. Comme elle on veut croire en Lou Feldman, l'avocat blanc qui va défendre le dossier d'Erice et India. Comme elle nous sommes confrontés à la délicate position des infirmières du planning chargées de l'application de cette politique de stérilisation forcée sous les ordres de chefs blancs, posant la question de l'éthique des équipes et institutions médico-sociales.

La plume de Dolen Perkins-valdez est fluide, facile à lire. le récit est puissant. Ce roman est un vrai page-turner auquel on pardonne quelques imperfections, dont on ne sort pas indemne et qui interpelle. Cinquante ans plus tard, aux USA et ailleurs, de telles pratiques sont-elles vraiment éteintes ?
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🤝Chronique🤝

« Nous avions connu l'enfer et nous en étions revenus, donc les années 1970 ne pouvaient qu'être meilleures. »

Ou peut-être pas. Parce que dans l'ombre, parfois, il se passe des choses ignobles. Sous la façade des sourires hypocrites, vous savez, certains ont bien caché leurs jeux, et leurs intentions. Et peut-être que ce livre, va permettre de mettre en lumière une affaire bien triste de scandale politique et social. La nécessité de connaître cette histoire est urgente, puisque elle est inspirée de faits réels et qu'elle nous démontre que le racisme, le sexisme, et l'eugénisme font encore des ravages aux États-Unis pendant les années 1970, et les conséquences de ces pratiques douteuses vont, certainement être visibles, maintenant…Combien d'enfers devront encore traverser, les femmes, pour ne plus subir la violence de ces hommes? Je ne saurai dire, en attendant Prends ma main, et voyons ce que nous sommes capables de réparer avec la force de la compassion et de l'écriture…J'aimerai vraiment remercier l'autrice d'avoir tendu sa main, son coeur et sa plume vers cette tragédie, et j'ai espoir comme elle, que ça changera les moeurs et les mentalités…

« S'il te plaît, Seigneur, montre-moi ce que j'ai dans le coeur. »

Je ne sais pas s'il y a quelqu'un là-haut qui regarde, mais la bonté du coeur de cette infirmière, Civil Towsend, est indéniable. Il nous est donné de lire une histoire bouleversante d'une jeune femme qui ne s'en laisse pas compter, et qui fera tout ce qu'il est possible pour donner à ses deux petites filles, une vie meilleure. Être infirmière est une vocation, mais être humaine avec un coeur aussi grand que le sien, c'est carrément divin. Alors, qu'elle est sur le point de retourner à ses débuts et à ses fantômes surtout, Civil veut confier à sa fille, la douleur d'un secret qu'il lui est insupportable encore de porter…Et nous, voilà donc, oscillant entre 1973 et 2016, à tenter de comprendre, un drame familial mais surtout, l'évolution de la condition féminine et une affaire sanitaire bien sombre, pendant cette période…

« Il n'y a pas de droit plus fondamental pour une femme que d'avoir le choix. »

Une femme devrait toujours avoir le choix à disposer de son corps. Quelques soient les paramètres, les conditions, l'environnement, les ressources et la couleur de sa peau, mais malheureusement, d'autres l'entendent d'une autre oreille. Cette histoire m'a arraché le coeur, parce que justement elle est vraie, et ça change fondamentalement tout. Comment rester insensible à cette affaire, une fois, qu'on a vu l'investissement colossal de cette jeune femme à lutter ainsi, pour la Liberté des femmes. La pauvreté est un fléau, elle crée des injustices et des actions intolérables, elle creuse des gouffres inextinguibles dans les inégalités, elle génère des souffrances indicibles, mais certains profitent largement de cette situation de précarité et de vulnérabilité. Et le fait est, que c'est les femmes qui y perdent, le plus, dans chaque Histoire…C'est une lecture que je ne suis pas prête d'oublier, je ne vais pas dire que c'est un coup de coeur mais plutôt un coup à vous retourner les tripes…

Remerciements:
Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions du Seuil pour leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Un roman reçu dans le cadre d'une Masse Critique : un grand merci aux Éditions du Seuil et à Babelio !
Civil Townsed, jeune infirmière issue de la bourgeoisie afro-américaine, exerce dans une clinique du planning familial, en Alabama. Nous sommes au début des années 70 et la politique du gouvernement est à la limitation des naissances des populations les plus pauvres. Civil a pour mission de prescrire des contraceptifs, sous forme de pilule ou d'injection. Parmi ses patientes, Erica et India sont deux pré-adolescentes issues d'une famille en situation d'extrême pauvreté. Touchée par les conditions de vie des Williams, émue par les fillettes, Civil se mobilise pour leur procurer un logement décent, un travail pour Mace, le père dont le charme ne la laisse pas insensible, et trouve une école pour les filles.
Lorsque son ami d'enfance Ty lui fait part de ses doutes sur la toxicité du contraceptif prescrit, Civil décide en secret de cesser les injections. Cela n'arrêtera pas le processus engagé et bientôt Erica et India vont subir le pire.
Le roman est en grande partie le récit du procès, l'écho du combat mené pour faire cesser les stérilisations forcées qui ont été pratiquées pendant des années aux États Unis par les services de la santé et de lutte contre la pauvreté. Dans une Amérique minée par la ségrégation et les préjugés raciaux et de classe, Civil va se démener pour que le statut de victime des fillettes soit reconnu, au risque de s'oublier elle-même.
Civil est un personnage très attachant par sa pugnacité, son engagement, ses doutes et ses errements - elle est à la fois prévenante et très intrusive, souvent persuadée de savoir ce qui est bon pour l'autre. Un peu comme ses adversaires d'ailleurs… Ses choix de vie seront guidés par la culpabilité de n'avoir pu protéger les fillettes.
A partir de faits réels, révoltants – mais est-on encore étonnés par ces politiques publiques qui, sous couvert de traitement de la pauvreté, abusent de leurs droits - l'auteur construit une histoire bien ficelée et s'attache à rendre compte d'une époque, d'un contexte social et idéologique. La couleur de peau, la vulnérabilité économique, autant de critères qui concourent à être la cible de tels programmes, appliqués en masse jusque dans les années 70.
Cinquante après, le combat des femmes pour le droit à disposer de leur corps n'est pas fini. C'est donc un roman qui s'inscrit complètement dans son époque.
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Comme d'autres avant moi l'ont écrit, et bien écrit, dans leur billet, ce roman a pour postulat de départ une histoire vraie, celle des soeurs Relf aux Etats-Unis qui ont été stérilisées à leur insu (j'aurais bien dit « de force ») alors qu'elles n'étaient âgées que de 12 et 14 ans. On ne parle pas d'une époque si lointaine, mais des années 1970, période du disco, du film Grease et de l'arrivée massive, et légale surtout, de la contraception.
Leur crime ? Être noires et pauvres. Donc stupides et ayant le feu aux fesses.
Ce ne sont pas les seules à avoir bénéficié de ce (mauvais) traitement mais ce qui est le plus révoltant reste leur âge. On les a empêchées de devenir mères avant même d'avoir connu leur premier petit copain, leur premier baiser, voire leurs premières règles. Parce qu'il le fallait. PointVous l'aurez deviné, Dolen Perkins-Valdez a créé un roman à partir de ce fait divers (qui ne devrait pas être un fait divers, comme le dit le titre d'un autre roman plus récent), roman qui se lit très vite. Sur le fond, je n'ai presque rien à dire, il est passionnant. Moi qui me targue d'être plutôt calée sur l'histoire des Etats-Unis, particulièrement le 20ème siècle, je dois bien admettre que je n'avais jamais rien lu sur ce sujet, même durant mes études. Si la ségrégation raciale est théoriquement et légalement abolie depuis la fin des années 60, il ne faut pas avoir fait un doctorat pour se rendre compte, dans les faits, qu'elle existe toujours. Différemment, insidieusement, mais réellement. Un Noir dans un quartier huppé est toujours suspect, la mixité sociale n'existe que très peu. le mouvement « Black lives matter » remis au goût du jour en 2020 nous l'a encore une fois prouvé. Il n'y a donc rien d'étonnant que ce genre d'histoire ait pu se produire en Alabama, l'un des états les plus ségrégués et racistes. J'ai appris beaucoup de choses dont je n'avais pas idée, notamment en matière d'éthique. Je me suis d'ailleurs retrouvé durant une bonne partie du roman avec internet à porter de main pour vérifier et amplifier mes connaissances sur les thèmes que le roman abordait. Et ça, j'adore.Mais, j'ai trouvé aussi pas mal de défauts à ce roman et je reprendrai ici à mon compte une phrase que Bidule62 utilise dans son billet, soit que la forme affadit malheureusement le fond. En effet, l'écriture (ou la traduction) est très simple, sans verve, sans romanesque presque, sans oublier quelques coquilles, maladresses, répétitions et mots oubliés. Les idées sont là, l'histoire, les histoires dans l'histoire sont là, mais il y manque le souffle, ce qui fait passer un livre d'un bon roman à un excellent roman, voire une claque ou un coup de coeur.
Pareil pour les personnages, j'ai trouvé qu'ils manquaient singulièrement de profondeur, de densité. Civil, le personnage principal, m'a insupportée une bonne partie du roman, je l'ai trouvée « trop », à tout point de vue. J'aurais aussi préféré que l'auteure donne davantage de place aux fillettes, à India, à Erica. Leurs sentiments, leurs réflexions ne sont que très superficiellement abordés.
Et aussi, puisque je parle de superficialité, j'ai trouvé que beaucoup de sujets étaient questionnés dans ce livre, mais sans creuser alors qu'il y avait tellement matière à faire. Il était intéressant, par exemple, de parler de la hiérarchie au sein d'une même communauté. Oui, il existe des Noirs très pauvres, mais aussi des Noirs très riches, même à l'époque, et cela créait forcément des tensions qui ne sont même pas réellement abordées ici. de même, si nous arrivons facilement à nous mettre d'accord sur le fait que la stérilisation de ces petites filles, et par extension des plus pauvres (et toujours des femmes d'ailleurs), est ignoble, il est par exemple également intéressant de se demander si les soignants, blancs pour la plupart, qui le faisaient en toute conscience et connaissance de cause, ne pouvaient pas aussi sincèrement penser que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Cette question est subrepticement abordée dans ce livre, mais sans approfondir alors qu'il y a là aussi matière à réflexion.
Tout cela fait qu'à un moment, alors que j'avais beaucoup de plaisir dans ma lecture, j'ai commencé à trouver que le roman tirait en longueur. Et je l'avoue, ce qu'il adviendrait ou non des personnages, à un moment, ne me tracassait plus. En bref, il m'a manqué deux – trois petites choses dans ce roman pour en faire une lecture inoubliable. L'histoire est passionnante mais a manqué de tension, le sujet principal est incroyable mais la plume est un peu fade même si la lecture fut agréable dans l'ensemble. le message que fait ou veut faire passer l'auteure est bien passé mais sans émotion. Cela ne peut donc pas être un coup de coeur. Pourtant, je lui mets quatre étoiles car, pour moi, quand même, le fond l'a emporté sur la forme. Un roman que j'encourage à découvrir.Un grand merci à Babelio, et plus spécialement à Pierre, pour me l'avoir proposé dans le cadre d'une masse critique privilégiée ; un grand merci également aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre qui devrait trouver son lectorat.
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Montgomery , Alabama, 1973 : Civil Townsend, une jeune infirmière afro-américaine est embauchée au planning familial en charge des suivis de grossesse et de la prescription de contraceptifs aux jeunes filles. Quand elle est chargée du suivi de deux adolescentes de 11 et 13 ans, elle s'interroge sur le bien fondé de ces prescriptions et sur la connaissance qu'en ont réellement les familles. Elle va aussi s'apercevoir que sa clinique ne pratique pas seulement la contraception.



Inspiré d'une histoire vraie qui a secoué l'Amérique dans les années 70, ce roman dénonce une scandaleuse politique de santé publique visant les femmes des minorités noires (et hispaniques dans d'autres états), pauvres et analphabètes. Mais c'est aussi l'histoire d'une jeune femme
qui s'attache à ces deux adolescentes et à leur famille et qui fera tout pour améliorer leur sort et leur obtenir réparation.


Vivant dans une ville, Montgomery, marquée par la personnalité et le combat de Martin Luther King et portant un prénom, Civil, choisi symboliquement par son père en souvenir du Civil Rights Act mettant légalement fin à la ségrégation aux États Unis, la jeune infirmière s'en voudra toute sa vie : «  Nous pensions faire quelque chose d'utile pour la société, mais voilà où nos prétendues bonnes actions nous avaient menés. En plein cauchemar. »



Une histoire vraie, romancée habilement par Dolen Perkins- Valdez pour toucher le lecteur et qui encourage à dénoncer et se battre contre toute forme d'injustice et de discrimination et à rester vigilant pour éviter le retour (la continuité ?) de telles pratiques.


Même si j'ai trouvé certaines pages sur le traumatisme personnel de Civil un peu répétitives, c'est une histoire prenante qui ne peut laisser indifférent.
C'est d'ailleurs ce que souhaite l'auteur dans sa note en fin de livre : « J'espère que ce roman provoquera de nouveaux débats sur la culpabilité dans une société qui juge encore que les pauvres, les Noires et les handicapées sont des femmes incapables de devenir mères. Dans un monde qui croule sous l'information au sujet de ces tragédies et de bien d'autres, je continue de croire passionnément qu'un roman (et ses lecteurs ! ) a le pouvoir de tirer la sonnette d'alarme, d'influencer les coeurs et d'impacter des vies. »
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