Citations sur Contes de Perrault (101)
Si vous étiez moins raisonnable,
Je me garderais bien de venir vous conter
La folle et peu galante fable
Que je m'en vais vous débiter.
Une aune de boudin en fournit la matière.
"Une aune de boudin, ma chère!
Quelle pitié! c'est une horreur",
S'écriait une précieuse,
Qui toujours tendre et sérieuse
Ne veut ouïr parler que d'affaires de coeur.
(Les Souhaits ridicules)
Moralité (la Belle au bois dormant)
Attendre quelque temps pour avoir un époux,
Riche, bien fait, galant et doux,
La chose est assez naturelle ;
Mais l’attendre cent ans, et toujours en dormant,
On ne trouve plus de femelle,
Qui dormît si tranquillement.
La fable semble encor vouloir nous faire entendre,
Que souvent de l’hymen les agréables nœuds,
Pour être différés, n’en sont pas moins heureux,
Et qu’on ne perd rien pour attendre.
Mais le sexe, avec tant d’ardeur,
Aspire à la foi conjugale,
Que je n’ai pas la force ni le cœur,
De lui prêcher cette morale.
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d'écouter toutes sortes de gens,
Et que ce n'est pas chose étrange,
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fil et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles,
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mas hélas ! on ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux.
Est-ce une raison décisive
D'ôter un bon mets d'un repas,
Parce qu'il s'y trouve un Convive
Qui par malheur ne l'aime pas?
Il faut que tout le monde vive,
Et que les mets, pour plaire à tous,
Soient différents comme les goûts.
Il est des gens de qui l'esprit guindé,
Sous un front jamais déridé,
Ne souffre, n'approuve et n'estime
Que le pompeux et le sublime ;
Pour moi, j'ose poser en fait
Qu'en de certains moments l'esprit le plus parfait
Peut aimer sans rougir jusqu'aux marionnettes ;
Et qu'il est des temps et des lieux
Où le grave et le sérieux
Ne valent pas d'agréables sornettes.
Pourquoi faut-il s'émerveiller
Que la raison la mieux sensée,
Lasse souvent de trop veiller,
Par des contes d'ogre et de fée
Ingénieusement bercée,
Prenne plaisir à sommeiller ?
(Introduction de Peau d’Âne)
La curiosité, malgré tous ses attraits,
Coûte souvent bien des regrets.
(Barbe bleue)
(Les fées)
Les Diamants et les Pistoles,
Peuvent beaucoup sur les esprits ;
Cependant les douces paroles
Ont encor plus de force, et sont d'un plus grand prix.
Moralité
Les Diamants et les Pistoles,
Peuvent beaucoup sur les esprits ;
Cependant les douves paroles
Ont encore plus de force, et sont d'un plus grand prix.
(Les Fées)
Moralité
On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants,
Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,
Et d'un extérieur qui brille ;
Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelquefois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille.
(Le Petit Poucet)
Un jour le jeune prince errant à l’aventure,
De basse-cour en basse-cour,
Passa dans une allée obscure,
Où de Peau d'âne était l’humble séjour.
Par hasard il mit l’œil au trou de la serrure.
Comme il était fête ce jour,
Elle avait pris une riche parure,
Et ses superbes vêtements,
Qui, tissus de fin or et de gros diamants,
Égalaient du soleil la clarté la plus pure.
Le prince, au gré de son désir,
La contemple et ne peut qu’à peine,
En la voyant, reprendre haleine,
Tant il est comblé de plaisir.
Quels que soient ses habits, la beauté du visage,
Son beau tour, sa vive blancheur,
Ses traits fins, sa jeune fraîcheur,
Le touchent cent fois davantage ;
Mais un certain air de grandeur,
Plus encore une sage et modeste pudeur,
Des beautés de son âme assuré témoignage,
S’emparèrent de tout son cœur.
Trois fois, dans la chaleur du feu qui le transporte,
Il voulut enfoncer la porte ;
Mais croyant voir une divinité,
Trois fois par le respect son bras fut arrêté.
(Peau d'âne)