Étonnant ce Chat ! et pas surprenant que les Américains en raffolent.
C'est vrai, quoi. Un vrai condensé de rêve américain : un brave petit gars (fils de meunier en l'occurrence), parti de rien, si ce n'est sa belle gueule et un agent à son service (le Chat en l'espèce).
Son acolyte et lui ne reculant devant aucun mensonge, ayant de l'audace, du savoir faire, prenant quelques risques, échangeant de beaux sourires ici ou là, et tout à coup paf ! ; l'affaire est dans le sac ; les millions tombent à flot ; vous êtes reçu auprès des grands de ce monde et les sublimes héritières se damneraient pour vous.
La morale ? quelle morale ? qu'est-ce qu'il vient me parler de morale celui-là ? je parle business, il me parle morale. On s'en fout de la morale.
Efficacité, rentabilité, succès. Voilà ma morale, proudly made in the USA, and I fuck everything else !
De fait, ce conte ne peut être que séduisant pour un Américain moyen. Et chez nous, qu'en est-il ? Et bien là je m'interroge, pour être franche.
Il y a une efficacité et un pouvoir d'édification certains dans cette histoire. On vous dit que rien n'est joué d'avance, que la vie sera ce qu'on saura en faire. On vous dit qu'il ne faut pas trop se soucier de la marque du vélo pour arriver à vos fins, on vous dit même que le succès et au bout du mensonge et de la manipulation.
Certes, c'est sûrement assez vrai dans l'absolu, le monde est aux roublards, aux faussaires, aux manipulateurs, aux menteurs, mais tout de même, professer ces principes à nos enfants... Je ne sais pas, je dois être trop naïve ou trop rêveuse, ou trop idéaliste pour m'y faire. Ce n'est pas cette façon d'agir dans le monde que je souhaite transmettre, même si c'est efficace.
Bien sûr c'est bien d'avoir de l'espoir, de se dire que tout n'est pas joué dès le berceau, qu'on a notre part de libre initiative, notre potentiel à entreprendre qui viendra contre-balancer nos avantages ou nos handicaps du départ. Mais, cela aussi, je n'y crois qu'à moitié.
Bref, un conte qu'il convient de connaître et de méditer, mais pas forcément dans le sens prescrit. du moins, c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
P. S. : suite à quelques échanges que j'ai eus avec Junie, notamment, et qui fort légitimement s'indigne de mes doutes sur les valeurs véhiculées par ce conte, je tiens à préciser que ce conte de Perrault est en fait une nouvelle mouture (nouvelle pour l'époque, j'entends) d'un conte italien où la fin était encore plus ambiguë et retorse.
Pour salaire de ses bienfaits, l'ex-roturier promettait au chat de lui édifier un cercueil en or au jour de sa mort. N'étant pas d'un naturel à passer à côté d'une si belle occasion, le chat invente une nouvelle supercherie afin de faire croire à sa mort et jouir de l'or de son cercueil. Malheureusement, celui-ci se rend compte que son maître, le croyant mort, ordonne de faire jeter son corps aux ordures. Donc, un conte tellement moral que même Perrault a eu quelques scrupules à faire une telle apologie du vice et l'a un peu édulcoré en tronquant le tournant final et en se creusant abondamment la cervelle pour y trouver une quelconque forme de moralité.
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Merci à Babelio et aux éditions ZTL pour leur confiance.
Le texte est simplifié, ce qui le rend accessible à un public jeune, mais le déroulé de l'histoire est respecté, et l'on reconnait sans problème le conte classique : le plus jeune fils d'un fumier reçoit en héritage un chat, qu'il songe à manger, décision que n'approuve pas le malin minet, dont les ruses parviendront à éviter la misère à l'héritier malchanceux.
Pas de morale en conclusion mais la recette d'une cake aux carottes!
Le texte est clair, bien lisible car suffisamment aéré, pour des lecteurs débutants.
Quant au dessin, il est richement coloré et chaque scène et agrémentée de détails qui réjouiront les auditeurs ou les lecteurs autonomes.
Très joli petit album, parcouru avec plaisir.
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- On m'a assuré encore, dit le Chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits Animaux, par exemple, de vous changer en un Rat, en une Souris ; je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.
- Impossible ? reprit l'Ogre, vous allez voir.
Et en même temps il se changea en une Souris, qui se mit à courir sur le plancher.
- Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n'êtes pas si mal partagé que vous croyez.
Quoique le maître du chat n'y croyait guère, il lui avait vu faire tant de tours de souplesse, pour prendre des rats et souris, comme quand il se pendait par les pieds, ou qu'il se cachait dans la farine pour faire le mort, qu'il ne désespéra pas d'en être secouru dans sa misère.
Le plus jeune n'eut que le Chat. Ce dernier ne pouvait se consoler d'avoir un si pauvre lot : " Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble ; pour moi, lorsque j'aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim. "
Si le f i ls d'un Meunier avec tant de vi tesse,
Gagne le coeur d'une Princesse,
Et s'en fait regarder avec des yeux mourants,
c'est que l'habit, la mine et la jeunesse,
Pour inspi rer de la tendresse,
N'en sont pas des moyens toujours indifférents.
-"On m'a assuré encore, dit le chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux, par exemple, de vous changer en un rat, en une souris; je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.
-" Impossible? reprit l'ogre, vous allez voir", et aussitôt il se changea en une souris qui se mit à courir sur le plancher. Le chat ne l'eut pas plus tôt aperçue qu'il se jeta dessus et la mangea.
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Savez-vous qui a inventé cette formule que tout le monde utilise aujourd'hui quand il veut raconter une histoire : « Il était une fois »… ? C'est un écrivain français !
Les « Contes », de Charles Perrault c'est à lire au Livre de Poche.