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Ouf ! J'ai été tellement déçue des deux romans historiques reçus dans le cadre des masses critiques de Babelio que j'appréhendais... Et cet ouvrage de Michèle Perret se montre à la hauteur de mes attentes : passer un bon moment de lecture tout en apprenant quelque chose. le XIX eme siècle est un trou noir pour moi pourtant amatrice d'histoire à l'école. Que s'est-il passé pour que je n'en apprenne rien ? Mystère ! En tout cas ce livre vient poser une belle pièce dans ce puzzle historique. J'ai découvert de plus près les barricades de 1848, les expéditions punitives dans la capitale et puis ce premier départ pour la nouvelle colonie. Grâce à l'auteure, je me suis plongée dans un roman qui m'a rappelée les Misérables ou L'Assommoir mais justement sans le côté assommant. Michèle Perret écrit simplement, son style est agréable sans être simpliste. On est pris par l'histoire de ces héros et surtout de ces héroïnes ordinaires. Les suivre de Paris à leur lopin de terre à défricher en Algérie s'est révélé un voyage bien agréable pour moi, malgré la dureté de cette histoire. Les personnages sont creusés, leur évolution au fil de la première année est saisissante.
Merci Madame pour ce roman historique qui a comblé mes lacunes et qui me servira pour instruire mes enfants. Merci aux éditions Chèvre Feuille Étoilée (même s'il reste quelques coquilles...)
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Courage, générosité, altruisme, débrouillardise, ténacité … ce sont toutes les qualités des femmes qui éclatent dans cette histoire de fuite en avant, vers un pays lointain où tout est hostile, tout à construire, où aucune souffrance ne sera épargnée. Léonie, qui croit avoir trouvé un statut de patronne en épousant l'Antoine, bien plus âgé qu'elle mais déjà bistrotier au faubourg, la belle Jeanne Sabour, à la colle avec le fainéant Raoul, Catherine Dubac, Mélanie Artevel …
Après les sanglantes barricades des journées de juin 48, la répression fait rage. Une issue possible est proposée à ces âmes perdues : partir s'installer en Algérie, où la République leur promet des terres à cultiver, des semences, la protection de l'armée, l'espérance de devenir propriétaires de leur concession. Pour certains, il n'y a pas d'autre choix pour survivre. Et je ne peux m'empêcher de penser à ces hommes et femmes qui échouent aujourd'hui sur les côtes d'Europe ...
C'est la solution qu'ont trouvée les autorités pour se débarrasser de ces fauteurs de troubles. Ce n'est pas cependant une déportation, puisqu'ils sont volontaires : ils doivent simplement être mariés et produire un certificat stipulant qu'ils n'étaient pas des émeutiers … c'est tout ce qu'on leur demande.
Ce premier convoi d'octobre 1848 compte 843 transportés, Il y en aura 17 comme celui-ci. Ensuite, à partir de 1850, on enverra en Algérie des déportés après deux années d'emprisonnement passés à Belle-île … Commence le voyage de ces enfants de paysans échoués à Paris. C'est tout d'abord le charme d'une croisière par les canaux de Bourgogne puis sur le Rhône, et puis la mer qu'ils voient pour la première fois. Ils sont enfin débarqués sur le sol aride de Saint-Cloud, poste militaire tout près d'Oran, dans des baraquements car leurs maisons sont à construire …. Les illusions s'effondrent.
Quand j'étais plus jeune et que mon beau-frère était mobilisé du côté de Colomb-Béchard, on nous disait que cette guerre d'Algérie protégeait les riches colons, que ces jeunes gens qui y laissaient la vie ne les méritaient pas … Mais personne ne nous avait jamais raconté comment se fit l'arrivée des premiers colons, leurs relations avec les immigrés espagnols déjà installés le long de la côte, leurs souffrances, leurs désillusions, leur ignorance de tout ce qui les attendait. Des hommes et des femmes rudes au mal, avec des courageux et des salopards, des malins prompts à cumuler les terres, les faibles qui ne survivraient pas à la rudesse du climat et aux fièvres. Aucune information et surtout, une incapacité à communiquer avec les Arabes, méprisés par la troupe, éternels humiliés.
Le roman se lit dans un souffle. On « voit » les décors, les costumes, les trognes, les violences – celle de la nature, des hommes, de la maladie – on souffre avec eux, et surtout avec elles. Un seul regret : ne pas savoir ce qu'il advient à la belle Jeanne, qui a retrouvé l'Antoine avec l'assentiment de Léonie, partie avec un officier … une suite, peut-être ?
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Roman historique très bien documenté. L'exil vers l'Algérie, pour y devenir "colons" d'un certain nombre de prolétaires parisiens, à une époque où la France a "exporté sa misère" à coup de promesses mirifiques. On suit dans leur long périple à travers la France, par les canaux de Bourgogne en péniche, en bateau sur le Rhône et en train jusqu'à Marseille quelques familles bien campées, certaines attachantes,d'autres moins. On découvre avec eux une décevante terre promise à défricher, irriguer, cultiver. Des populations indigènes qu'ils comprennent mal et la mort, avec la grande épidémie de choléra de 1849. Très instructif, sur les parlers de l'époque, l'état de la France en 1848 et celui de l'Algérie, sur l'attitude de l'armée, le rôle des femmes dans l'oeuvre colonisatrice. Solide travail d'historienne : bibliographie bien documentée en fin d'ouvrage et liste nominative des 850 transportés de ce premier convoi (16 autres suivront jusqu'à mars 1849)

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« – Voici la terre, voici l'Algérie !
On se pressa à l'avant de l'Albatros, on ouvrait grand les yeux sur cette côte assez aride, on cherchait un peu de végétation, les palmeraies et les orangeraies promises (…) » (P 149)

Que faire lorsque c'est l'insurrection à Paris et que l'on vous promet le paradis ailleurs ? On ne réfléchit pas vraiment et on y va, même si l'on sait déjà que le voyage sera dur et que l'Eden convoité n'existe pas réellement.

Michèle Perret retrace ici, sous la forme d'un roman historique, le contexte du départ, le voyage en bateau, l'arrivée sur la « Terre promise » et la suite. Certes, il s'agit d'un roman mais les personnages sont tellement réalistes qu'on s'y croirait. Certains sont le symbole de cette misère qui s'est expatriée. D'autres doivent vite débarrasser le plancher s'ils ne veulent pas être fusillés…

Ce livre se lit avec aisance tant l'écriture est fluide. Je ne connais pas beaucoup l'histoire de l'Algérie, si ce n'est la guerre, est cela m'a permis d'apprendre avec facilité un épisode important qui déterminera le cours de l'Histoire. J'ai retrouvé dans ce livre le réalisme d'un Zola, auteur que j'adore, mais d'un Zola qui se serait débarrassé de certaines longues descriptions pour céder à un peu plus de fluidité additionnée d'un soupçon de truculence.

Et si on s'est laissé embarquer pendant les 250 pages, la postface nous remet face à la réalité. D'autant plus que vont s'ensuivre ensuite les noms de tous ceux qui ont fait partie de ce convoi. Quel bel hommage à ces derniers !

Un grand merci Michèle Perret !
Lien : https://promenadesculturelle..
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«1848 : Pour se débarrasser des fauteurs de troubles on leur propose de créer des colonies agricoles en Algérie. Un décret du 20 septembre 1848 stipule que les colons doivent partir le plus vite possible.»
Dernier roman de Michele Perret, le premier convoi se lit d'une seule traite. L'écriture nous emporte comme ces premiers "colons" dans un voyage au long cours dont, comme eux, nous ignorons tout de l'issue.
Le livre est différent de tout ce qui a été écrit sur cette «Déportation» qui ne dit pas son nom.
Michèle Perret s'appuie certes sur tous les documents et essais divers existant sur le sujet de «l'envoi» de citoyens français en Algérie, leur faisant miroiter monts et merveilles, mais elle a choisi, et c'est là l'intérêt du livre, de dresser une galerie de portraits des différents personnages pris dans la tourmente de 1848, «condamnés» à choisir le premier convoi.
Elle situe l'histoire dans le contexte économique et social de la France où le chômage est endémique, les salaires en diminution constante, «2 francs, après 1 franc 50 et maintenant 1 franc.», et la perspective de fermeture des ateliers nationaux loin d'être une menace en l'air «(...) s'ils touchent aux ateliers, nous les vrais hommes, on leur montrera de quel bois on se chauffe.»
Parmi les principaux personnages, Antoine, le patron d'un bistrot parisien du Faubourg Saint Antoine, le Trou Normand, n'était pas le dernier en 1840 à crier «La liberté ou la mort. du pain ou du plomb»
Avec sa femme Léonie, une jeune fille de loin sa cadette, ils fréquentent Jeanne Sabour, une ancienne d'Antoine macquée maintenant avec Raoul un homme à la moralité douteuse.
Quand les événements se précipitent, et que les habitants du Faubourg sont tous suspects, ils sont parmi les premiers à décider de partir, préférant l'Algérie au bagne où à la condamnation à mort.
Les cent-cinquante premières pages du livre sont consacrées aux événements qui ont conduits les autorités politiques à organiser un premier convoi puis au voyage vers l'Algérie.
Ce dernier s'étend du 8 au 28 octobre. Bien que considérés comme suspects, les «colons» le vivent comme une parenthèse enchantée. Ils découvrent une France qu'ils ignoraient mais dont ils sont désormais exclus, celle des villes industrieuses et des réalisations technologiques dont ils n'avaient pas idée. Ils s'interrogent sur les motivations réelles de leur départ. Mais leur optimisme emporte tout. Les habitants des villes des bords des canaux les acclament, l'excitation règne à bord au sujet de ce paradis vers lequel ils voguent, ils chantent, sont nourris gratuitement, fantasment sur les orangers, les palmiers les champs de blé, et leurs petites maisons à l'ombre d'un tilleul.
Pourtant lorsqu'il laisse aller ses pensées, Antoine s'interroge sur ce pays et ses habitants premiers, « (...) n'allait-il pas devoir arracher cet os à d'autres et devenir le bourgeois de populations encore plus misérables que lui ? »
A l'inverse, Alphonse Machicoine et son âme damnée Bécu, sont plus cyniques, motivent leur départ en Algérie parce que «les pays neufs permettaient des fortunes bien plus prodigieuses que la vielle France frileuse, avec ses révolutions manquées (...)»
D'autres ont des motivations moins avouables, l'indic Jeanjean joue la carte de la délation au service de l'autorité, Raoul le compagnon de Jeanne, mise lui sur le plaisir et le jeux, certain de l'attrait qu'ils représenteront pour les futurs «colons».

L'arrivée en Algérie et les déconvenues des colons sont traités de la même façon. Par touches successives, l'auteur livre à travers les dialogues des personnages ou leurs réaction aux événements, une image de plus en plus précise de l'organisation sociale et de la place de chacun des groupes qui compose cette société nouvelle, «colons» petits et gros, espagnols, armée, algériens.

Les dialogues entre les différents personnages, leur ressenti, donnent une vision juste de ce qu'allait devenir la société en Algérie, avec ses contradictions et ses exagérations. L'auteur parvient à en esquisser les traits en ne faisant pas intervenir sa connaissance de ce qu'il adviendra des ces colons et de comment ils réagiront par la suite. Un livre tout en finesse et subtilité sur un sujet souvent évoqué avec manichéisme,.
Merci Michèle Perret et bravo pour cet ouvrage à mettre entre toutes les mains.

PS : Après avoir lu le premier convoi, je me suis remémoré le concept des «farces de l'histoire» tel que Jean Duvignaud mon professeur de sociologie à l'université de Tours l'exposait lorsqu'il mettait en garde nos jeunes esprits contre les idéologies, en attirant notre attention, tout en reconnaissant forcer le trait, sur le fait que, selon son analyse, les descendants des insurgés de 1848, de la commune et de Républicains espagnols avaient contribué à l'émergence du mouvement pour l'Algérie Française.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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