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J'ai découvert cet ouvrage au cours de recherches généalogiques concernant des aïeuls de Saint Cloud en Algérie. Quelle ne fut ma surprise de découvrir le nom de mes ancêtres dans la liste des transportés d'octobre 1848 figurant en référence du roman.
Merci à Michèle Perret d'avoir donné vie à ces oubliés des premiers convois ! Nous découvrons les difficultés du voyage entrepris et la déconvenue des voyageurs arrivés sur la terre d'Algérie.
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Je n'ai pas l'habitude de lire des romans historiques, mais celui-ci m'a beaucoup intéressée et donné envie de lire davantage de livres de ce genre.

Le premier convoi de 1848 raconte une épopée qui m'était jusque là inconnue. Des révolutionnaires de Paris sont envoyés en Algérie, colonie française depuis peu, pour construire des villes, cultiver les terres, peupler cette nouvelle région de colons français. Toutefois, ce sont les familles qui se sont portées volontaires pour ce voyage, avec de l'argent, des propriétés à la clé, et pour échapper aux peines de mort si les rebelles sont attrapés et jugés pour leur participation aux barricades meurtrières.

La plume de l'auteure est très belle et riche de détails, on sent tout le travail de documentation derrière, car on a réellement l'impression d'être retourné à cette époque, et de vivre parmi ces gens, taverniers, artisans, petit peuple, de parcourir la France puis d'arriver en Algérie en ce milieu du 19ème siècle.

Une belle découverte !
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Avec verve, émotion, justesse de ton, Michèle Perret nous raconte, façon romancée , ce fait historique : Ce premier convoi composé de quelques huit cents Parisiens (pour beaucoup prolétaires miséreux, factieux virulents dénonçant les injustices, chômeurs affectés par une économie décadente et un certain nombre d'autres aventuriers par nature …) la route pour l'Algérie, colonie de peuplement .
Afin d'inciter les futurs colons (personne qui a quitté son pays pour aller exploiter une terre, faire du commerce...dans une colonie  ) à s'engager dans cette aventure , tout était présenté de façon idyllique . La réalité devait s'avérer bien différente terriblement fallacieuse et cruelle . Ils allaient, ainsi, rejoindre les rangs des soldats de 1830, devenus soldats-laboureurs.
Ceux qui résistèrent aux multiples fléaux, par leur labeur acharné, leur volonté , purent défricher « la terre promise » et la faire fructifier . Cette lecture peut aider à comprendre l'attachement à leur pays des descendants de ces pionniers …

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Ce livre nous cause une impression forte et pénible : il nous met face à cette part de silence obstiné de l'Histoire où des êtres égarés, qui ignoraient sans doute tous des raisons et des circonstances de la conquête de l'Algérie survenue quelques années auparavant, se trouvent impliqués dans une aventure qui les dépasse.
Ils en ignoraient les enjeux, ils en ignoraient les périls et les cruautés, comme ils en ignoraient le devenir. La plupart de ceux-là du premier convoi auraient été incapables de situer l'Algérie sur une carte. Seule la misère, seule la faim, seules les violences subies, les compagnons fusillés, les habitaient. Ils étaient mûrs pour le crescendo de l'abandon. Abandon de l'idéal d'un monde plus juste, abandon des barricades défendues au prix du sang, abandon du faubourg Saint-Antoine, du Trou Normand, et de tous les territoires de l'enfance et de la vie d'avant.
Dès le début du livre, Michèle Perret nous entraîne face à des personnages hauts en couleur, à la verve très faubourienne, à la révolte vissée au corps, dans une des fictions anagogiques dont elle a le secret.
Ils ont cru à l'Odyssée qu'on leur vendait, au rêve de la Terre promise, au Royaume et au sceptre d'une terre fertile, généreuse où pousseraient à profusion le blé et les oranges, une terre vide de gens, vide de peuple, qui ne demandait qu'à être fertilisée, occupée, peuplée. L'Histoire a montré à leurs descendants qu'ils avaient été floués. Mais c'était avant, c'était il y a une éternité… On leur avait dit : «Sortez, le voyage vous guette !».
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En tout premier lieu, je voudrais remercier Michèle Perret pour son écriture si fluide, au rythme si palpitant qui met l'Histoire de ces premiers colons d'Algérie à la portée de toutes et tous. Médiéviste et linguiste, il se dégage de sa plume, le plaisir de transmettre. Sa prose coule comme une eau limpide sous notre regard et rend la lecture passionnante, sans rencontrer aucun obstacle.

Juste auparavant, je venais de terminer « l'été des quatre rois » de Camille Pascal. Extrêmement intéressant cette période des Trois Glorieuses mais la narration est particulièrement dense, terriblement condensée et qui, bien que très érudite, n'est pas d'une lecture facile.

Aussi, « Ce premier convoi » est une suite logique de cette Histoire des Trois Glorieuses mais tellement plus agréable à lire pour la béotienne que je suis !

Ce roman, construit sous forme de fiction, nous relate avec réalisme l'histoire du premier convoi qui parvient à Arzew, près d'Oran, le 27 octobre 1848. « Ces colonies de population » furent décidées à la suite des émeutes parisiennes de 1848 où fut destitué Louis-Philippe et la République proclamée.

L'auteure resitue son récit fictionnel dans l'Histoire entre quelques premières pages intitulées « le coup de l'éventail » qui résume la France de 1830, la prise d'Alger et la chute de Charles X. Puis en fin de livre, la postface où l'on découvre avec émotion le nom de tous les transportés de ce premier convoi dont 49 enfants de moins de deux ans.

C'est à partir de l'aventure de quelques personnages fictifs, hommes et femmes du peuple de Paris, que s'élabore le récit qui s'appuie sur une documentation approfondie. le roman fourmille de détails très précis sur le Paris de cette époque. On sent bien l'auteure qui ne veut rien laisser au hasard, captivée par l'aventure. Avec eux, le récit nous immerge dans les émeutes de ce Paris de 1848, pour se terminer sur l'échec des barricades dont celle du faubourg Saint-Antoine et la terrible répression qui s'en suit.

La misère sévit dans la capitale, une misère inimaginable, révoltante d'autant qu'il est question de fermer les Ateliers Nationaux, 40 % de chômeurs à Paris, des salaires en baisse, des crève la faim qui crient les slogans « du pain ou du plomb » « du plomb ou du travail ». C'est le Paris de Victor-Hugo qui s'étale sous nos yeux. Une fois de plus les parisiens ont faim.

Le 20 septembre, Paris se couvre d'une affiche « Colonisation de l'Algérie » Avis aux ouvriers – Et c'est le début d'une autre histoire pour tous ces pauvres gens, mélange d'ouvriers et de bourgeois, d'artisans, candidats à l'immigration, qui partent remplis d'espoir pour un monde meilleur, un univers où l'on peut souhaiter se nourrir correctement. Alors, ils embarquent après avoir été acceptés. C'est la lente descente en bateau vers Marseille avec la découverte d'autres horizons, d'autres régions, d'autres misères, jusqu'à l'embarquement sur l'Albatros.

On imagine aisément tous ces colons épuisés, dépenaillés, après une traversée mouvementée, arrivant à Arzew qui découvrent un pays totalement à l'opposé du leur, une terre desséchée, caillouteuse, des conditions climatiques difficiles, un hébergement tout ce qu'il y a de plus sommaire, des militaires qui les observent plutôt avec mépris, des maladies, des morts, des autochtones méfiants, et le courage qu'il leur faut à tous pour faire de cette terre, une terre cultivable, une terre nourricière. Et c'est là où le récit est le plus éloquent, le plus instructif sur les difficultés rencontrées. Ils parviendront à force de travail, d'abnégation, à rendre cette terre infertile, un peu plus généreuse, ils s'y attacheront et contrairement à tous les préjugés d'aujourd'hui, ce récit apporte un éclairage essentiel dans la connaissance des motivations de l'époque.

Il y a de très beaux portraits de femmes courageuses dans ce récit et je remercie l'auteure d'avoir su mettre en évidence une qualité que j'ai toujours appréciée chez la femme, c'est le courage.

Ce livre m'a rappelée « Les gardiennes » d'Ernest Pérochon. J'y ai retrouvé la même force, la même puissance de narration. Et j'ai une pensée toute particulière pour Albert Camus qui fait référence à ses ancêtres dans « le Premier Homme ». Les livres mènent aux livres. Merci Michèle !


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Voici un très bon roman historique. En ce qui me concerne, un très bon roman (historique) fait oeuvre de littérature, en ce sens que la fiction s'affranchit progressivement de la réalité historique qui la nourrit et la transfigure. La postface m'a confirmé que : « Ni Antoine, ni Jeanne Sabour, ni Léonie, ni Raoul, ni Jeanjean le violeur, ni Louise l'infirmière bénévole, ni Ali, ni Ahmed n'ont existé et leurs aventures, leurs amours et leurs haines sont de pure invention. »

Le travail de la romancière s'appuie certes sur une solide documentation (une bibliographie est d'ailleurs proposée en fin d'ouvrage) et sur un émouvant et nécessaire hommage rendu aux 843 « transportés » de ce premier convoi de 1848 (cf. liste reproduite également en fin d'ouvrage), mais ce qui procure surtout un grand plaisir de lecture c'est précisément que cette histoire prend vie grâce au travail d'écriture romanesque. Ainsi, l'écrivaine va jusqu'à reprendre une romance ancienne (« Plaisir d'amour») chantée par Jeanne Sabour (cf. citation de la page 102).

De puissants portraits de femmes, un style très fluide, un rythme très alerte de la narration, une certaine poésie dans les descriptions de la nature, une réflexion subtile sur la liberté et l'injustice voilà ce que j'ai aimé, à l'image de ce beau passage que je cite pour finir :

« C'est le soir, à nouveau, une de ces longues et belles soirées du début du mois de juin. Antoine et Jeanne sont côte à côte, ils se tiennent par la taille et regardent ondoyer les blés mûrs. Leur première vraie récolte. Plus loin, on a planté de jeunes oliviers. Plus loin encore, les Arabes du douar gardent leurs chèvres. Ont-ils oublié ? Ont-ils pardonné ? Jeanne se sent toujours sourdement coupable, elle pense souvent à toute cette aventure, à tout cet héroïque voyage pour aboutir à ça. ».

On est presque trois ans plus tard et pour découvrir ce à quoi « ça » fait allusion, une seule solution pour vous : lire ce très beau roman, véritable ode à la vie simple.
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Excellent roman historique, précis et très documenté, sur la fondation de la première colonie agricole d'Algérie, la commune de Saint Cloud : après les émeutes de juin 1848, le gouvernement avait décidé d'exporter la misère parisienne en Algérie, terre récemment conquise et "pacifiée" dont il avait été décidé de faire une colonie de peuplement. Agréable à lire, le roman relate, à partir des aventures de deux couple, la misère du peuple de Paris après la fermeture des Ateliers Nationaux, le long voyage des transportés sur les canaux de France et la décevante installation sur une terre aride. Une histoire de pionniers, comme un western, le choléra en plus.
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Antoine, propriétaire d'un troquet du faubourg Saint-Antoine à Paris, participe aux émeutes de juin 1848 contre le sage avis de sa jeune femme Léonie. Ce soutien lui vaut d'être recherché par la police. Il est donc contraint d'abandonner son bistrot. Sa femme, son bébé et lui se retrouvent hébergés par un couple d'amis, Jeanne et Raoul. Poussés par la misère et la peur, ils vont s'engager dans une grande aventure. La République leur propose une concession en Algérie, où ils pourraient exploiter la terre au soleil. Ils partent donc tous les quatre avec plus de 800 autres personnes dans un grand convoi vers le rêve d'une vie meilleure.
Michèle Perret nous propose l'histoire de ce convoi et l'installation en Algérie. Loin de la vision idyllique, elle nous fait partager les joies et les peines, les espoirs et les doutes, le rêve face à la réalité de ces transportés qui ont construit une tranche de notre histoire nationale.
Cette histoire me parle d'autant plus que je suis fille de pieds noirs. J'ai déjà entendu mes parents évoquer certains lieux mentionnés dans le roman. Pour autant, les personnages construits par l'auteure peuvent aussi évoquer à tout le monde des origines populaires. Les portraits de femmes sont forts. La jeune Léonie est dopée par l'instinct de survie et son caractère terre à terre, malgré les difficultés qu'elle rencontre tout au long de sa vie. La belle Jeanne a oublié d'être bête et mène sa barque avec humanité contre vents et marées, entrainant son entourage dans l'aventure.
Les personnages masculins sont parfois moins sympathiques. Antoine est l'idéaliste. Raoul est l'opportuniste qui en fera toujours le moins possible.
Nous croiserons aussi Jeanjean le violent et sournois qui deviendra l'ennemi de Léonie dès les premières pages.
Bref on passe un bon moment, on apprend beaucoup de choses, on réfléchit sur les conditions de vie d'une époque, on s'apitoie sur le sort de certains et on exècre certains autres dans ce roman très documenté qui comporte en outre la liste des véritables participants à ce premier convoi vers l'Algérie qui sera suivi de 16 autres en quelques mois.
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.
1848 . Sous Louis Philippe la révolte gronde .
Chômage et misère ont fait d'une bonne partie du peuple parisien des insurgés et les révoltes sont réprimées dans le sang .
Aussi , l'offre de participer à la colonisation de l'Algérie
semble pour beaucoup la seule issue salvatrice : on leur promet un eldorado !

Et voilà l'aventure où l'on va se couler parmi des personnages de fiction très attachants ou charismatiques et d'autres , historiquement célèbres comme Lamartine .
On part donc à travers la France pour embarquer sur " L' Albatros " à Marseille puis , place à la découverte de la terre algérienne .

Un récit très riche , vivant et parfaitement documenté qui va faire revivre ce pan de l'histoire, ô combien important encore de nos jours et qui donne tant à réfléchir . Et , je l'avoue , je n'en connaissais que les grandes lignes .

Sans hésitation , je dirais que cette lecture fut un moment fort , dû sans aucun doute à la qualité d'écriture de Michèle Perret qui nous offre de magnifiques portraits de ces gens modestes qui ont fait l'histoire contre vents et marées .
Un moment fort car , par ce récit , sont aussi mis en lumière les combats de nos anciens pour la liberté et contre l'oppression .

Un roman historique qui retrace cette épopée en toute neutralité mais sans langue de bois .
Un document précieux , précis et passionnant .
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🎶Partons, partons pour l'Algérie...🎵🎶
« Adieu Paris, adieu misère, adieu terreur d'être fusillé »
Atmosphère de fête et flonflons, discours emphasés et séparations éplorées.

En octobre 1848, le quai de Bercy voit partir 800 personnes sur un convoi de chalands direction l'Algérie, terre coloniale conquise en 1830 et en attente de peuplement.
Cette population* (hommes, femmes, enfants) est constituée de volontaires et non de repris de justice. Ils sont les Colons du Décret, les déportés avec honneurs de la République. La disposition remporte un franc succès dans les classes sociales exsangues du Paris populaire.

Pour le gouvernement de la Seconde République c'est l'occasion de se débarrasser des indésirables de la capitale, des insurgés des émeutes sanglantes du printemps dues au chômage et à la fermeture des Ateliers Nationaux. Et si la réussite du projet aboutit à une terre en grenier à blé pour la France, c'est du « gagnant-gagnant ».

Las! Politique sociale incongrue et irréfléchie vers un échec prévisible, à vouloir faire d'ouvriers des agriculteurs, sans compter la galère de 20 jours de voyage, l'amère déception de l'arrivée dans un désert de cailloux. Tout est à construire, encadrés par l'armée.

Le contexte historique est posé, s'humanise dans un roman factuel à travers l'histoire d'Antoine et Léonie et de quelques familles d'ouvriers des faubourgs. Michèle Perret nous fait un récit à la fois dynamique et dramatique des difficultés majeures rencontrées par la première population française établie en terre Algérienne.


* listing du rôle d'équipage en fin de livre.

NB: un livre qui fait écho au magnifique Un faux pas dans la vie d'Emma Picard de Mathieu Belezi sur l'implantation de colons en 1860
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