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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Deuxième tome de la série William Monk.


William Monk doit enquêter sur le meurtre d'Octavia Moidore, retrouvée dans sa chambre, gisant dans son sang. Une enquête des plus difficile pour William Monk puisqu'il doit jongler entre les faits, la pression sociale de la famille de la victime et sa conscience. Lors de cette enquête, William Monk exclut rapidement un meurtre commis par une personne venue de l'extérieure : il ne lui reste qu'une seule possibilité à savoir un habitant de la maison. La famille presse l'enquêteur de se tourner vers les domestiques de la maison puisqu'il va de soi qu'un être bien né ne commettrait pas un acte si abject.... et les domestiques qui eux attendent en quelque sorte que l'épée de Damoclès s'abatte sur l'un d'eux. Seulement, plus Monk poursuit et découvre des faits, plus il est persuadé que le meurtrier fait partie de la famille. Une enquête qui le conduira à prendre une décision concernant son avenir...


Ce second tome est sans contexte une véritable plongée dans une Angleterre d'autrefois. D'une part, l'enquête est assez complexe pour entraîner le lecteur sur diverses pistes et envisager divers suspects... d'autre part, au fil de cette enquête, Anne Perry nous dépeint une Angleterre victorienne très conformiste, voire protocolaire : les classes sociales sont décrites avec cynisme et réalisme où le noble peut tout se permettre et le faible subir. Nous ressentons au travers de ce livre, les pressions des "nobles" dès que l'on touche à l'un d'eux et leurs abus de pouvoir afin d'obtenir gain de cause voire étouffer une affaire.
La police n'en était qu'à ses balbutiements à cette époque et l'on peut dire, qu'elle n'était pas très appréciée : voire des inconnus fouiller dans la vie d'autres n'enchantait guère les nobles qui avaient pour habitude de régler leurs problèmes à leur manière et avec discrétion.


Enfin, que dire de la vie quotidienne de l'époque? Nous pourrions penser que les nantis étaient mieux traités que les pauvres... certes, mais à quel prix. Dans ses familles aisées, le chef de famille avait pour obligation de recueillir chez lui ses parents pauvres (suite à un décès, une perte d'emploi), mais souvent, ils étaient rabaissés. Les domestiques quant à eux subissaient les pires crimes sans se plaindre puisque dénoncer équivalait à finir à la rue sans possibilité de retrouver un emploi. Ainsi, certains "maîtres" se permettaient sans vergogne de violer les bonnes pour ensuite les renvoyer ensuite une fois enceintes.


Une époque sombre relatée avec brio par Anne Perry, mais aussi une époque de découverte, de nouveauté notamment dans le domaine médical avec l'éther, la quinine même si la société médicale de l'époque était réticente à utiliser ces nouveaux médicaments. Nous avons dans ce livre une description hallucinante des hôpitaux au travers du regard d'Hester Latterly.


Pour conclure, une enquête menée avec brio où l'auteur nous fait envisager toutes les possibilités avant de nous révéler les vraies raisons du crime. Une fois le livre terminé, on se dit qu'Anne Perry est d'un machiavélisme incroyable et on en redemande.
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L'époque victorienne n'était pas la meilleure époque pour vivre une vie de femme épanouie. Soit vous étiez née dans une famille pauvre et vous deveniez ouvrière ou domestique au mieux ou prostituée au pire, soit vous étiez née dans une famille riche et vous deveniez une jeune fille bonne à marier et à faire des enfants.
Dans les deux cas, vous n'aviez pas le choix de votre destinée, puisque l'éducation n'était pas accessible aux filles, elles n'avaient pas le droit de choisir leur mari, de penser librement, de donner leur avis, de disposer de leur argent...bref, elles étaient entièrement dépendantes de leur famille ou de leurs patrons.
C'est dans ce contexte que l'inspecteur Monk va devoir élucider le meurtre d'Octovia Haslett, une jeune veuve vivant chez ses parents et retrouvée poignardée sur son lit, à Londres, en 1856.
J'aime beaucoup les descriptions de la vie à cette époque, l'auteure décrit avec beaucoup de détails les tenues, les plats dégustés, l'ameublement des maisons bourgeoises, le quotidien des aristocrates, les clubs où les hommes se regroupent pour boire, fumer et discuter de politique, les boudoirs où les femmes échangent des potins entre tasse de thé et sandwiches au concombres, et celui des domestiques qui triment du matin au soir pour des salaires de misère et sans aucune considération…
L'inspecteur Monk est un personnage atypique, puisque suite à un accident, il a totalement perdu la mémoire et ne sait plus qui il est.
Il enquête souvent en compagnie de Hester Latterly, une infirmière qui a appris son métier lors de la guerre de Crimée.
Un très bon polar dont l'intrigue est surtout un prétexte pour nous faire découvrir la condition des femmes et des domestiques à cette époque.
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« Jamais, en aucune circonstance, vous ne devez élever la voix, ni chercher à exposer votre opinion devant des hommes ou faire preuve d'intelligence ou de résolution. C'est dangereux et cela met ces messieurs extrêmement mal à l'aise. »
C'est en lisant des romans comme celui-ci que je me rends compte ô combien nous sommes gâtées, nous les femmes occidentales du 21e siècle !
En cette moitié du 19e siècle, les femmes sont soumises, qu'elles soient riches ou pauvres. Cantonnées dans leur rôle de mères, de femmes au foyer, d'organisatrices de réception, elles sont dans l'ensemble méprisées si elles font un pas de côté. Et ne parlons pas des servantes, invisibles aux yeux des maitres de maison, quasi esclaves.

Anne Perry profite d'une femme retrouvée poignardée dans son lit, une des deux filles de Sir Moidore, habitant avec toute sa famille sous la férule de son très aristocrate de père dans la prestigieuse Queen Anne Street, pour nous dépeindre avec force détails la vie des riches et de leurs domestiques à l'époque victorienne.
L'inspecteur Monk interviendra tout au long de l'enquête, aidé par une infirmière revenant de la guerre de Crimée, Miss Hester Latterly, qui vient de faire les frais du sentiment de supériorité d'un médecin d'hôpital.

L'enquête se fait à l'intérieur de cette maison aux innombrables domestiques, car elle se révèle difficile. Qui a osé poignarder la jeune veuve ? Un membre de la famille ou un des domestiques ? Les partis s'affrontent, usent de faux-semblants, de perfidie, de jalousie, de tous ces petits riens ( !) animant une maison vaste comme celle-là.
Monk a bien une petite idée de qui n'est PAS le coupable, mais cela s'arrête là. D'autant plus qu'il est lui-même perturbé par une perte de mémoire récente qui lui a fait oublier tout son passé !

J'ai adoré, malgré les quelques longueurs et répétitions, suivre le train-train de cette famille décomposée. J'ai adoré me révolter à la lecture du traitement fait aux femmes. J'ai adoré me plonger dans les rues de Londres à cette époque.
D'autant plus que pour moi, ce n'était pas dangereux.
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Vous avez sans doute déjà lu un de ces livres intitulé : "Les us et coutumes de tel peuple à telle époque...

C'est un peu ce que je ressens quand je lis un roman d'Anne Perry ou presque...

J'écris "ou presque" parce un roman comme celui là, c'est beaucoup plus. Ce n'est pas un roman comme s'il s'agissait d'une description quelconque. Anne Perry nous les a fait vivre ces us et coutumes, au point qu'on a le goût de leur régler leur compte à ces gentlemen à la noix.

À part ça, Monk continue à découvrir son passé, à se demander quel genre d'homme il était et à porter un jugement sur cet homme. Les personnages sont décrits avec un tel souci du détail de leurs sentiments, de leurs expressions, de leurs réactions qu'on se croirait avec eux.

Nous savons des le début que la victime avait appris une nouvelle très importante La journée de son meurtre. Cette information était liée au meurtre. Elle avait effectivement appris quelque chose de tellement important et ce quelque chose expliquait tout. Mais on ne l'apprend qu'à la fin.
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A Dangerous Mourning
Traduction : Elisabeth Kern

ISBN : 9782264033079

Second volume de la série "Monk", "Un Deuil Dangereux" le découvre encore inspecteur pour le compte du Yard mais nous mène droit à sa démission (et à son installation en qualité de détective privé) parce qu'il considère l'exécution du coupable comme une énorme, et surtout volontaire, erreur judiciaire, là encore destinée à préserver une certaine classe sociale au détriment d'une autre.

Les faits sont à la fois simples et compliqués : la toute puissante famille Moidore, qui accueillait chez elle dans ses fabuleuses réceptions jusqu'au Prince de Galles [= futur Edward VII] en personne, trouve un matin l'une des filles de la maison, Octavia, revenue vivre chez ses parents à la mort de son mari, mort en Crimée lors de la fameuse "Charge de la Brigade Légère", étendue sur son lit, morte d'un coup de couteau, dans sa propre chambre. Bien qu'il n'y ait aucune apparence de violences sexuelles, on sent le crime à plein nez car, d'abord, quelles raisons aurait-eu la jeune femme de se suicider ? ensuite, se suicider d'un coup de couteau dans sa chambre ... Et puis, ce jour-là, l'oncle Septimus surtout s'en souvient, elle était rentrée en rage de sa sortie de l'après-midi, en disant grosso modo qu'elle dénoncerait ce qu'elle avait découvert si cela s'avérait exact ...

Enfin, tout cela est très bizarre et Monk, accompagné de son inséparable Evan, le repère tout de suite.

La famille Moidore est représentative du siècle victorien, à peu près autant que les Forsyte de Galsworthy, avec cette différence néanmoins qu'il ne viendrait jamais l'idée d'assassiner quelqu'un à par exemple Soames Forsyte, l'un des personnages les plus attachants de la série. Patriarcale à fond, elle est dominée par Sir Basil Moidore, alias la City dans toute sa gloire. Sa femme, Beatrice, est douce et soumise, comme le sont en général les femmes de l'époque. Elle appartient à cette espèce qui ne lit jamais les journaux parce que son mari le lui interdit, tout comme, jadis, le lui avait interdit son père. La génération suivante comprend, deux filles : Araminta, la plus proche de son père, la plus Moidore de l'ensemble, tantôt froide et sèche, tantôt (mais rarement) attachante, mariée, pour complaire à son père, à un homme de son niveau, Myles Kellard, lequel la trompe allègrement (dès leur nuit de noces, il l'a prise de force et il a déjà été compromis dans une histoire de viol d'une domestique sur lequel son beau-père a jeté l'étouffant manteau de sa puissance sociale) ; Octavia, la seule à avoir cherché à s'échapper et qui avait épousé de son côté un militaire, le capitaine Haslett, dont elle était amoureuse folle, militaire qui, signalons-le, a dû son affectation en Crimée à l'influence de son beau-père ; et un fils, Cyprian, assez sympathique au demeurant, marié à une créature sans grande envergure, Romola. Ajoutons à cela l'oncle Septimus, ancien militaire et frère de lady Moidore, à qui son fastueux beau-frère offre un toit pour vivre de sa petite retraite ... et ne manque jamais de le lui rappeler. Et puis la tante Fenella Sandeman, nymphomane vieillie et commère des moins sympathiques, qui, elle, est la soeur du maître de maison.

Côté office, avec tant de "maîtres" à servir, ça grouille mais je vous citerai seulement Percival, valet de pied beaucoup plus séduisant qu'il ne convient à un domestique, cynique, détestable par moments et, à d'autres, très émouvant.

Pour les Moidore, cela va sans dire, l'hypothèse du suicide pourrait peut-être passer (le désespoir de savoir son mari mort même s'il l'est depuis deux ans déjà, un brusque moment de dépression, etc ... ) mais celle du meurtre ... S'il y a eu meurtre, le coupable, évidemment, est un ou une domestique - dans une telle occurrence, on ne regarde pas au sexe. Les domestiques ne sont-ils pas de simples objets, bons à renvoyer du jour au lendemain sans lettre de recommandation et même à pendre si cela peut sauver l'un de leurs "maîtres" ?

La critique sociale est tout bonnement passionnante, l'intrigue menée au triple galop avec, outre le Sergent Evan déjà cité, Oliver Rathbone et, bien sûr, Hester Latterly, que Monk va expédier chez les Moidore pour donner des soins à une lady Beatrice gravement atteinte par la mort de sa fille cadette, en croupe d'un Monk déterminé à obtenir la vérité, celle-ci dût-elle être mal-pensante et scandaleuse.

Quatre-cent-soixante-dix-sept pages qu'il vous sera impossible de laisser tomber tant vous voudrez connaître le mobile - un mobile ignoble qui a conduit à une véritable tragédie. Un mobile qui rampe de loin, qui naît même des Moidore et de l'air du temps : paraître à tout prix, et de la haine d'un homme qui ne supporte pas qu'on se rebelle. Si la fin n'est pas gaie et même écoeurante dans le fond, elle a au moins le mérite de libérer en quelque sorte Monk de son vieil ennemi Runcorn mais laisse présager aussi des aventures un peu plus délicates encore à mener : qu'est-ce qu'un détective privé à Londres, en cette époque, alors que les membres officiels de la Police doivent passer par la porte de service pour entrer chez ceux-là mêmes qui réclament leur aide ?

L'un des meilleurs Anne Perry. A lire ABSOLUMENT. Ah ! j'oubliais : Monk continue, bien sûr, à enquêter sur son propre passé. Donc, si vous pouviez respecter l'ordre chronologique de la série ... A bientôt pour une nouvelle fiche et, d'ici là, bonne lecture ! ;o)
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Bien que second volet de la série des enquêtes de William Monk et Hester Latterly, "un deuil dangereux" est mon tout premier Anne Perry.
Sortant d'orgueil et préjugés de Jane Austen, je n'ai pas été dépaysé quant au décors et à l'ambiance générale car s'il y a 30 à 40 ans d'écart entre les deux intrigues, c'est insuffisant pour bouleverser la société victorienne.

Il est même intéressant de comparer les deux lectures. Très différentes quant au style et à l'intrigue, la société anglaise décrite par Jane Austen est admirablement reproduite par Anne Perry. Et, si vous n'êtes pas un inconditionnel de la littérature romanesque anglaise du début du 19 ème siècle et de Jane en particulier, je peux vous assurer que rien n'est surfait ou déformé.
D'ailleurs, si l'intrigue policière est intéressante, c'est plus pour la description de la vie d'une grande famille de la haute société anglaise et des rapports entre les personnes que le roman est intéressant.

La société anglaise est en 1850 à l'aube d'une nouvelle ère. Anne Perry décrit avec beaucoup de justesse les frémissements des luttes de classe à venir, des mouvements féministes et de l'émancipation générale des esprits dans une société rigide et sclérosée.

On oublie de temps en temps que c'est un roman policier et on s'attache à observer ce microcosme qui rassemble tout ce qui constitue les sociétés humaines : grandeur et décadence, violence et tendresse, bêtise et intelligence, vie et mort, liberté et asservissement. Et je vous assure que vous pouvez appliquer ces qualificatifs à toutes les relations des personnages : parents et enfants, frères et soeurs, maîtres et valets.

Tout y passe. Anne Perry ne fait pas de cadeaux. Où elle porte son regard, l'acide a coulé et il ne laisse que les émotions à vifs. Personne n'est épargné.
A lire.
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Londres, 1850,

L’inspecteur chef Runcorn envoie son inspecteur William Monk chez Sir Basil Moidore. La fille de ce lord a été retrouvée assassinée dans sa chambre. L’enquête est délicate car elle se mènera dans une famille aristocratique, fortunée et très influente. Il est demandé respect, discrétion et servilité. Si Monk peut se plier aux deux premiers comportements, il lui sera plus difficile de le faire pour le troisième…
Toujours agacé par l’attitude de Runcorn et obligé de lui obéir, Monk embarque son assistant Evan pour Queen Anne Street.
Evan est un jeune homme qu’il respecte et c’est sans crainte qu’il lui a confié son secret. Avec Hester Latterly, ils sont les seuls à savoir que suite à un accident de cab, Monk a perdu la mémoire (1er tome).

Les premières constations, à la vue du corps, indiquent qu’Octavia a été tuée par une arme blanche, la nuit, sans brutalité.
De la famille, personne ne peut donner un renseignement. Aucun bruit n’a été perçu, aucune animosité n’est à déplorer au sein de la maison et tout laisse à supposer que le meurtrier serait passé par la fenêtre grande ouverte.
Famille et domesticité sont sous le feu des questions de Monk…

Hester Latterly a quitté la maison de son frère pour vivre seule dans une petite pension honorable. Callandra Daviot, sa généreuse amie, lui a trouvé un emploi d’infirmière dans un hôpital. Même si au retour de la guerre de Crimée, Florence Nightingale a eu des honneurs royaux, le rôle de l’infirmière est égal à celui d’une domestique, sa fonction étant mal considérée, reste subalterne. Les réformes qu’envisageait Hester, pleine d’enthousiasme, d’expériences et de modernité, se heurtent à l’incompétence et l’indifférence du Dr. Pomeroy. Chef de son service, celui-ci ne tolère aucune ingérence et encore moins si cela est suggéré par une femme.

Le procès de Ménard Grey (1er tome) doit s’instruire et réunir toutes les personnes citées à comparaître, dont William Monk, Hester Latterly et Callandra Daviot. Oliver Rathbone, l’avocat chargé de la défense, est le plus brillant de sa génération. Homme intelligent, intègre, charmant, il est un dernier recours.
Monk retrouve Hester… L’inspecteur vaniteux, suffisant, ambitieux, et l’infirmière autoritaire, acariâtre, vieille fille. Entre les deux, les discussions prennent systématiquement le ton de la querelle. Dans un réjouissant délire partagé, leur duel aiguise leurs propos avec véhémence, jusqu’à l’absurdité.

Alors que le jugement ravit tout le monde… Monk retourne à son enquête. Ambiance feutrée, rigide, sous contrôle de Sir Basil le patriarche, chacun garde sa place, du fils aîné, héritier du nom et de la fortune, au dernier des domestiques.
Une pensée titille l’esprit de Monk… et si… et si le meurtrier vivait dans la maison ? Et si un secret de famille se terrait derrière les lourdes tentures ?
Bien vite, les quelques indices s’orientent vers un valet et cette précipitation n’est pas du goût de Monk. Lorsqu’il s’en épanche auprès de Callandra, elle lui soumet l’idée de recruter Hester qui se retrouve désœuvrée après son renvoi de l’hôpital, ses initiatives n’ayant pas été jugées opportunes par son supérieur.

Hester se fait embaucher au service de Lady Moidore, souffrante depuis le décès de sa fille, et devient le Cheval de Troie de Monk. Attentive à tous les commérages, elle se conforme aux règles des maîtres et valets.

L’enquête chamboulera bien des vies, aussi bien côté salon que côté offices, attisant l’amertume, les regrets, l’impuissance, le découragement, la honte… mais exaltera Monk et Hester qui unis face à l’injustice, ne capituleront jamais.

Deuxième tome de la série, ce roman raconte l’abîme qui sépare les castes dites supérieures à celles dites inférieures. Mais dans ces milieux, on peut distinguer d’autres différences. Chez les aristocrates, les femmes sont subordonnées aux hommes, les cadets aux aînés et les veuves à leur famille. Pour les domestiques, la souillon qui est aux pluches est à cent lieux de la gouvernante ou du majordome. Des étages, des petits salons pour le personnel, des salles à manger, distinguent les hiérarchies, ainsi que des couloirs qui séparent les hommes des femmes. Les structures forment un microcosme ordonné régi par des règles que le XIXe siècle affectionne.

L’histoire policière peut paraître simple. Dès le début, on peut se douter d’où le coup est arrivé, mais plus qu’une intrigue criminelle, le thème d’un orgueil démesuré pétrifie le lecteur car il conduit l’opportun en première ligne au front, la pauvre fille violée à l’hospice et l’innocent à la potence.

Nous retrouvons plusieurs personnages du premier tome avec plaisir. L’énergie qu’ils abordent en toutes circonstances est un plaisir de lecture ! La rivalité de Runcorn envers Monk s’affermit. L’implication d’Hester prend plus d’envergure et son caractère sans artifice, scrupuleux et courageux la rend indiscutablement séduisante. Evan se fait un peu discret mais reste un soutien pour Monk. Callandra, femme d’une cinquantaine d’années, a une force et des idées peu communes pour l’époque, grâce à elle, l’impossible devient possible. Oliver est un homme admirable, patient, fort intelligent et parfois… impulsif ! Quant à William Monk, il est le gentleman qu’il prétend. Sous ses airs froids et mordants, couvent une pitié et une générosité qui l’humanisent. Il est follement attirant !!!

Un épisode de cette saga qui m’a beaucoup plu. Série à recommander + que + !
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Autant j'avais bien aimé le premier tome sans toutefois réussir à m'attacher à Monk, autant ce livre là m'a beaucoup plus, donc je recommande vivement à tous ceux qui sont peu enthousiasmés par la lecture du premier tome de s'accrocher et de persévérer, cela en vaut la peine !

Donc pourquoi tant d'enthousiasme ? La première raison est celle de l'évolution des personnages principaux, Monk et Hester. On sent qu'après un premier tome consacré à l'amnésie de Monk, ce deuxième tome approfondit davantage les caractères des personnages et pose véritablement ce qui semble être les bases de la série de livres. Monk est certes toujours perturbé par son amnésie, mais il est plus que jamais déterminé à résoudre cette enquête correctement, même si cela est la cause d'affrontements avec son supérieur. Hester suit un schéma analogue, puisqu'elle est confrontée à l'incompétence des médecins dans l'hôpital où elle travaille. On sent que ces deux caractères explosifs ne peuvent finalement que s'entendre.

Mais si l'on aime aussi ce livre, c'est aussi grâce à la puissante évocation de ce carcan victorien, qu'Anne Perry nous explique toujours si bien dans ces livres. Ici, point d'angélisme passéiste, l'auteur, avec le recul de notre époque, nous montre bien comment dans des sociétés si rigides, le drame est inévitable. Il y a tout d'abord un écart immense entre les classes sociales dont la maison de la famille Moidore est la parfaite illustration. Ce mépris par rapport aux policiers qui viennent enquêter sur le meurtre de leur fille ! Cette obstination à occulter la pensée qu'un aristocrate puisse être capable de commettre un crime, comme si les pulsions étaient réservées aux pauvres ! Sous le regard d'Hester et de Monk, on devine pourtant vite que sous cette prétendue supériorité, se cache des tourments et des âmes plus noires qu'on ne le croirait tout d'abord… Anne Perry pose également dans ce livre la notion d'inégalité envers la justice, on se rend compte qu'il est bien plus facile de trouver un coupable dans la domesticité que d'accuser un aristocrate, surtout quand on sent que cela arrange bien tout le monde. On sent ainsi la pression des journaux et du peuple sur la police pour trouver le coupable, les gens qui viennent assister aux procès et aux exécutions, une justice plus soucieuse de se donner une apparence de vertu que de véritablement l'avoir. Ce décalage se montre également dans la perception de la guerre de Crimée, dont on ne parle qu'en termes héroïques dans les journaux et dont Hester, qui l'a pourtant vécu, doit se battre pour faire valoir son point de vue.

Cependant, rassurez-vous ce livre n'oppresse pas son lecteur comme pourrait le faire certains livres sur le même sujet, par contre vous le lirez très vite !
Lien : http://arieste.wordpress.com..
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Ce deuxième opus de la série consacrée à William Monk est aussi plaisant et réussi que le premier. L'enquête se situe encore au sein d'une famille d'aristocrates dont un membre a été assassiné. Presque toute l'histoire se déroule au sein de ce microcosme formé de la famille et de sa flopée de serviteurs; la codification extrême des relations dans cet univers est en soi une révélation. L'époque ne faisait pas non plus grande place aux femmes et l'autrice, particulièrement à travers son admirable personnage de Hester, nous l'illustre avec éloquence. L'intrigue principale, typique du who-do-it, est intéressante, mais l'ambiance de cette époque marquée par les inégalités sociales, le mysogénisme érigé en système et l'arrogance des classes dominantes m'a encore plus fasciné. Quant à Monk lui-même je n'ai pas encore réussi à le cerner, sans doute parce qu'il ignore encore lui-même qui il est réellement, mais il me plait déjà. Cette série s'annonce donc fort prometteuse à la fois pour son coté historique, pour ses personnages attachants et pour ses intrigues bien ficelées.
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce deuxième tome tient toutes ses promesses !
Il est parfois délicat de maintenir l'intérêt des lecteurs dans un deuxième tome.
Les personnages ont déjà été présentés et l'auteur doit relancer le récit sans baisse de rythme.
Ici, Anne Perry a trouvé une idée très originale et vraiment intéressante pour le lecteur.
Elle poursuit en effet l'histoire du tome précédent tout en introduisant un nouveau récit.
Monk va évidemment chercher l'assassin d'Octavia, mais il doit aussi s'occuper du procès qui fait suite au premier tome.
D'ordinaire, une fois le coupable démasqué, on passe à autre chose et puis c'est tout.
Ici, on retrouve les personnages, Monk et Hester doivent aller témoigner, ils assistent au procès et au verdict.
On peut ainsi suivre les événements dans une vraie série qui n'oublie personne.
Évidemment, la lecture des différents tomes dans l'ordre est préférable, sinon le lecteur risque d'être perdu.

Ce procédé accentue également l'empathie pour les personnages.
Si Monk et Hester restent les personnages principaux, d'autres sont là aussi, comme Callandra Daviot ou Evan, et certains apparaissent et semblent devoir s'installer.
L'avocat Rathbone, très intéressé par Hester, se présente ainsi comme un nouveau membre de l'histoire à part entière.
L'aventure de Monk et Hester n'avance pas beaucoup, en revanche, mais c'est agréable que tout ne se règle pas dès le deuxième tome.

Par contre, j'ai trouvé que le personnage de Callandra était une facilité que s'autorise Anne Perry avec un peu trop de fréquence.
Dès que les personnages ont un problème, notamment professionnel, ils filent chez elle pour demander de l'aide, qu'elle leur accorde immédiatement.
L'auteure ne s'y attarde pas, et les choses sont parfois suggérées (comme si elle avait mauvaise conscience ?), mais c'est un peu répétitif.

Mis à part cette réserve, j'ai adoré ma lecture.
Lien : http://lirerelire.blogspot.f..
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