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Citations sur Le Cavalier suédois (29)

Et son esprit enfiévré concevait déjà des chimères: il n'était plus vagabond ni voleur, mais gentilhomme; son devoir lui ordonnait de rentrer afin de discipliner les valets et de régler sa maison, car tout ici, la jeune fille, la demeure, la ferme, les terres, tout lui appartenait. 'J'ai trop longtemps partagé le pain des indigents, se dit-il tandis qu'il haletait. Je veux prendre place à la table des maîtres." Et cette pensée, née du feu de la souffrance, l'envahit tout entier. Chaque coup qui frappait son dos la gravait plus profondément dans son âme.
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Maria Christine von Blohme avait vu le jour en Silésie, au domaine de ses parents. Toute la noblesse des environs était venue saluer sa naissance. De son père, le « Cavalier suédois », elle ne conservait qu’une image floue. « Il avait des yeux redoutables, dit-elle, mais lorsqu’il me regardait, le ciel s’ouvrait au-dessus de moi. »
Lorsqu’elle eut six ou sept ans, son père quitta le domaine pour se rendre en Russie, « sous les funestes bannières de Charles XII, le roi de Suède », dont la gloire emplissait le monde en ce temps-là. « Mon père était d’origine suédoise, écrit-elle, aussi les larmes et les supplications de ma mère ne purent-elles le retenir. »
Mais avant qu’il ne saute en selle, l’enfant cousit en secret un petit sac de sel et de terre dans la doublure de sa redingote : elle avait agi sur le conseil d’un des deux palefreniers de son père, qui lui avait assuré que c’était là un moyen infaillible pour lier à jamais deux êtres.
Plus loin, le livre mentionne à nouveau ces deux palefreniers de messire von Tornefeld : Maria Christine von Blohme racontent qu’ils lui apprirent à jurer et à jouer de la guimbarde, cette seconde pratique ne lui ayant été, au demeurant, d’aucune utilité dans la vie.
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-A présent , je te reconnais, s'écria le baron. De tous les coquins que Dieu a créés, tu es bien le pire. Je savais bien que tu étais de la bande mais tu ne perds rien pour attendre: je te paierai mon dû rubis sur l'ongle. Choisis l'arbre où je veux qu'on te pende.
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– Je préfère six gredins à un imbécile. Que t’importe le roi ?
– J’ai fait mon devoir de Suédois, de soldat et de gentilhomme, répondit Tornefeld.
Le voleur eut la tentation de le planter là et de filer. Mais en entendant ces paroles, il lui vint à l’esprit que lui aussi avait son honneur, celui des vagants, et que cet enfant couché à même le sol gelé n’était plus un gentilhomme, en dépit de toutes ses grandes phrases, mais, au même titre que lui, un membre de la vaste confrérie des indigents. Il eût manqué à son honneur en l’abandonnant. À nouveau, il tenta de lui faire entendre raison :
– Lève-toi, frère, au nom du ciel, lève-toi ! Les dragons sont à nos trousses, ils te recherchent. Pour l’amour de Jésus, veux-tu nous conduire tous deux au gibet ! Songe au prévôt, songe à la bastonnade ! Songe que dans l’armée impériale on pend les déserteurs après les avoir fait courir neuf fois autour du bois de justice, sous une volée de coups.
Tornefeld se releva et regarda autour de lui d’un air égaré. À l’est, le vent avait déchiré le pan de brouillard et l’horizon se dessinait. Le voleur vit alors qu’il était sur le bon chemin et touchait à son but.
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Se tournant vers le gentilhomme, il ajouta :

– Mon bien est disséminé aux quatre vents, je chevauche en tous lieux pour le rassembler.

– Et de quelle nature sont vos affaires, messire, si je puis demander ? fit le gentilhomme.

– Vous le devinerez aisément, messire, si je vous dis qu’on m’appelle dans ce pays le brigand de Dieu, répondit le voleur d’une voix tranquille.

Le gentilhomme sursauta, oubliant sur-le-champ toute courtoisie. Il savait, certes, depuis le début à qui il avait affaire mais il lui répugnait de se l’entendre dire si crûment.

– Et tu oses me le dire en face, s’écria-t-il en frappant du point sur la tape, tu n’as point honte ?

– Pourquoi devrais-je avoir honte ? répondit sans s’émouvoir l’écumeur d’églises. S’il a plu au Dieu suprême de me faire ce que je suis… comment moi, grain de poussière, pourrais-je m’élever contre Son vouloir ?

– Sans dote Lui plaira-t-il également, tôt ou tard, de te faire pendre ou écarteler, répliqua le gentilhomme que le vin commençait à échauffer. Et ce sera la fin.

– Rien n’est moins sûr, objecta le brigand. David aussi était un grand pécheur, il a néanmoins connu de grands honneurs avant de mourir.

– Par mon âme, voilà qui sent le soufre ! s’écria le gentilhomme indigné. Cesse de m’embrouiller avec ton David. Une chose est sûre et j’y ai songé plus d’une fois : pourquoi Dieu n’a-t-il pas fait de tous les hommes des chrétiens ? Pourquoi y a-t-il tant de Turcs et de juifs ? Là, quelque chose ne va pas…

– Dieu ne tient peut-être pas à ce que trop d’hommes gagnent le royaume des cieux, avança le brigand. M’est avis qu’il préfère voir les hommes au fin fond de l’enfer plutôt qu’à ses côtés. Quel bien pourrait-il attendre d’eux ? A peine sont-ils une poignée qu’ils s’étripent ici-bas, pourquoi en irait-il autrement là-haut ? (pp. 143-144)
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Pourquoi Dieu n'a-t-il pas fait de tous les hommes des chrétiens ? Pourquoi y a-t-il tant de Turcs et de juifs ?
Dieu ne tient peut-être pas à ce que trop d'hommes gagnent le royaume des cieux. M'est avis qu'il préfère voir les hommes au fin fond de l'enfer plutôt qu'à ses côtés. Quel bien pourrait-il attendre d'eux ? A peine sont-ils une poignée qu'ils s'étripent ici-bas, pourquoi en irait-il autrement là-haut?
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Dis-lui qu'il en est de son parrain comme du basilic des jardins : il empeste et pique les yeux si on le presse, mais exhale tout son arôme dès qu'on use de douceur avec lui.
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- Mère a dit que j'avais rêvé, murmura-t-elle. Elle dit que, souvent, dans les rêves, des gens viennent qui ne se montrent pas le jour. Grand-père et grand-mère sont au ciel depuis longtemps et s'ils viennent la nuit, alors c'est un rêve. Es-tu au ciel?
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