~ Pâturages & désenchantement ~
Il est de la poésie comme des éponges.
Le trop-plein du monde se déverse en elle, et jamais n'en ressort. Elle absorbe la peine dans une ouate de silence.
Contribue à supporter le réel & sème des sourires.
Les textes de Caieros en font partie !
"[...] que celui qui aime ne sait jamais ce qu'il aime,
ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c'est qu'aimer...
Aimer, c'est l'innocence éternelle,
et l'unique innocence est de ne pas penser.”
Le regard qu'il porte sur les choses fait qu'ils sont à leur place, il montre l'essentiel, renie toute métaphore mystique. Seule la nature est garante de la vie propre.
Puis il y a ceux de de Campos, tourmentés, mélancoliques, profonds & inquisiteurs !
"Je me suis multiplié pour m'éprouver,
pour m'éprouver moi-même il m'a fallu tout éprouver.
J'ai débordé, je n'ai fait que m'extravaser,
je me suis dévêtu, je me suis livré
et il est en chaque coin de mon âme un autel à un Dieu différent."
Entre exaltation céleste & chute terrestre,
Pessoa garde ces deux poètes, ce fractionnement, cette synergie lui sert peut-être d'accepter sa multiplicité émotionnelle contradictoire.
L'un ne demande rien à la vie, l'autre en demande trop.
“Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.”
In. Bureau de tabac
Beaucoup de finesse & de brutalité dans ce recueil qui transmettent ce qu'à pu être
Pessoa & ses multiples !