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Lu dans l'édition de la Pléiade par Patrick Quillier

Premier recueil d'Alberto Caeiro, un des hétéronymes de Pessoa, le gardeur de troupeaux offre, sous l'apparence de la simplicité, une incroyable richesse.
L'expression 'gardeur de troupeaux' renvoie à l'humain et à ses pensées. Sauf que pour Alberto Caeiro les pensées ne sont pas des pensées mais des sensations (poème IX). La poésie d'Alberto Caeiro est une tentative pour débarrasser les sensations de tout ce qui vient se surajouter à elles: pensées, arrière-mondes, jusqu'à la métaphore, et bien sûr métaphysique et religion. On peut se dire que c'est impossible, que dès qu'on parle de la sensation on en est déjà sorti. Mais au moins Alberto Caeiro va jusqu'où il peut aller dans cette direction. Et il en résulte des fulgurances, le monde se révèle dans sa nudité, et l'auteur se surprend à être transformé par sa tentative.
"Seule la nature est divine et elle n'est pas divine." (Poème XXVII).
"Mon regard bleu comme le ciel
Est calme comme les eaux sous le soleil.
Il est ainsi, bleu et calme,
Parce qu'il n'interroge pas plus qu'il ne s'étonne..." (Poème XXIII)
Vous avez remarqué? il y a une métaphore!

En cheminant avec Alberto Caeiro, nous faisons une expérience, celle de la simple présence à soi et au monde. Ce n'est pas rien.
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Un excellent recueil qui nous permet de découvrir deux hétéronymes de Fernando Pessoa. Alberto Caeiro avec "Le gardeur de troupeaux" et autres poèmes dans un premier temps, et les Poésies d'Alvaro de Campos dans la seconde partie.
Je dois avouer une nette préférence pour la première partie de l'ouvrage. moins sombre, moins torturée, plus proche de la nature.
Un grand auteur complexe à découvrir... un génie de la littérature portugaise du 20 ème siècle.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Parmi les grands hétéronymes de Pessoa, il y a Alberto Caeiro (prononcer Caèïrou), auteur de ce livre. Pessoa le décrit comme «son maître». «Un jour, dit-il,... c'était le 8 mars 1914,... je me mis à écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je peux. Et j'ai écrit trente et quelques poèmes d'affilée, dans une sorte d'extase dont je ne saurai saisir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie et je ne pourrai en connaître d'autres comme celui-là. Je débutai par un titre : O Guardador de Rebanhos (Le Gardeur de troupeaux). Et ce qui suivit fut l'apparition en moi de quelqu'un, à qui j'ai tout de suite donné le nom d'Alberto Caeiro. Excusez l'absurdité de la phrase : mon maître avait surgi en moi».
Ce passage révèle la nature légèrement bipolaire de Pessoa, ce jour là en pleine phase maniaque. N'exagérons rien cependant. Il n'a jamais dérapé, mais a connu des moments dépressifs, et il en était parfaitement conscient. Hypocondriaque, il s'analysait souvent, et s'était défini de manière très lucide comme «hystéro-neurasthénique», expression qu'il avait inventée et qui lui convient bien.

Le patronyme «Pessoa» semble le vouer à ces hétéronymes, puisqu'en portugais, il signifie «personne», non pas dans un sens négatif (qui est tardif) comme dans «il n'y a personne», mais dans son sens étymologique latin (dérivé de l'étrusque et repris par Jung). La «persona», c'était le masque de théâtre, qui a donné le mot «personnage». Avant les hétéronymes, Pessoa est donc déjà un personnage.

Alberto Caeiro est le «maitre» des autres grands hétéronymes, et pourtant - Pessoa cultive le paradoxe - contrairement aux autres, il n'a apparemment rien d'un maitre. Il a interrompu ses études, n'a pas dépassé l'école primaire, et écrit avec des fautes.
Contrairement à Pessoa et aux autres hétéronymes, il vit à la campagne, mais comme lui il est orphelin et vit solitaire et sans liens affectifs dans une vieille maison à flanc de colline, blanchie à la chaux, dans la province de Ribatejo. Pessoa fait naitre cette figure paternelle en 1899 et mourir précocement en 1915, à peine un an après sa création, de tuberculose, maladie dont est mort son père quand il avait cinq ans, peu avant la mort d'un jeune frère.

Pessoa dit peu de choses de Caeiro, mais fait jouer son petit théâtre hétéronymique. Campos «qui le côtoya davantage» donne plus de détails biographiques, et transmet ses poèmes à Pessoa. Il a le visage infantile, naïf et candide, blond aux yeux bleus, rappelant la photo du père.

De tous les hétéronymes, c'est celui qui s'éloigne le plus du centre de gravité commun. Proche de la nature, c'est le plus bucolique, mais sans doute le moins imaginatif. Il sent les choses de manière primitive, et lui-même se dédouble encore. Il y a le penseur sceptique, phénoménologue pessimiste, et le poète néoclassique du réel objectif. S'il n'a pas fait d'études, il abstrait la sensation comme un philosophe nominaliste, faisant de fréquents rappels à la philosophie platonicienne. Il n'y a pas d'arbres, mais seulement des idées d'arbre. La fleur n'a pas de beauté mais une couleur et une forme. Tout est illusion.

Son vocabulaire est peu étendu, son style simple et direct, en portugais approximatif, est proche de la prose, L'hétéronyme Reis lui reproche son laisser-aller stylistique.

Chez Caeiro, l'absence de rimes se compense souvent par la répétition des mots, comme ci-après (en portugais puis en traduction) avec les mots campo (champ, campagne), comigo et contigo (avec moi et avec toi), amanhã (demain) ou colher flores (cueillir des fleurs) :

Amanhã viras, andras comigo a collher flores no campo.
E eu andaré contigo pelos campos ver-te colher flores
Eu ja te vejo amanhã a colher flores comigo pelos campos
Pois quando vires amanhã e andares comigo no campo a colher flores
Isso será una alegria e uma verdade para mim.

Demain, tu viendras, tu iras avec moi cueillir des fleurs dans les champs
Et moi, j'irai avec toi dans les champs, te voir cueillir des fleurs
Déjà je te vois demain cueillir des fleurs avec moi dans les champs
Alors, quand tu viendras demain et que tu iras cueillir des fleurs dans les champs
Ce sera une joie et une vérité pour moi.

Ce procédé stylistique, avec ces répétions, s'inspire de ce qu'on trouve en musique dans les canons et dans les airs d'opéra avec répétition "da capo".

Caeiro, outre «Le Gardeur de troupeaux» est notamment l'auteur des «Poemas inconjuntos» (Poèmes désassemblés) et de six petits poèmes intéressants, «O Pastor amoroso» (Le pasteur amoureux) où une femme anonyme est seulement désignée comme «elle». On y trouve notamment ceci:

«Aimer, c'est penser».
«Si je ne la vois pas, je l'imagine, et je suis fort comme les grands arbres. Mais si je la vois, je tremble».
«Quand je désire la rencontrer, je désirerais presque ne pas la rencontrer... Je ne sais pas bien ce que je veux, et je ne veux pas savoir ce que je veux. Je veux seulement penser à elle. Je ne demande rien à personne, ni à elle, sinon penser».

Sans cesse en train de douter comme Hamlet, Pessoa a été brièvement amoureux, très platoniquement (quelques lettres et quelques parcours en tram), et ce n'est sans doute pas par hasard que la jeune femme s'appelait Ophélie. Tout est dans l'imagination.

Caeiro est aussi le maitre de l'hétéronyme António Mora, continuateur de son oeuvre philosophique après sa mort, chez qui on trouve des thèmes néo-paganistes, notamment dans «Regresso dos Deuses» (Retour des dieux). Cet António Mora est interné dans un hôpital psychiatrique comme «paranoïaque avec des psychonévroses récurrentes». Il erre dans la cour vêtu d'une toge à la romaine. Grâce à un visiteur, Pessoa entre en possession de ses écrits. Pessoa, obsédé par la folie qui a frappé une de ses tantes, semble être à la fois le visiteur et A. Mora lui-même.
Le gardeur de troupeaux est l'oeuvre majeure d'Alberto Caeiro, et on y trouve dès les deux premiers vers la négation de la négation, habituelle chez Pessoa :
«Je n'ai jamais gardé de troupeaux, mais c'est comme si je les gardais».

Voici une partie de la suite :

Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
Et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et les oreilles
Et avec les mains et avec les pieds
Et avec le nez et avec la bouche.

On trouve plus loin un long passage où Caeiro-Pessoa donne libre cours à son goût irrévérencieux de la provocation, mais aussi à une jolie image de l'enfant Jésus.

Je vis Jésus Christ descendre sur terre...
Il arriva par le versant d'une colline
Redevenu enfant,
Il courait et il se roulait dans l'herbe...
Il avait fui le ciel...
Il était nôtre, il ne pouvait faire semblant
D'être la deuxième personne de la Trinité...
Au ciel il lui fallait toujours être sérieux
Et de temps à autre redevenir homme
Et monter sur la croix, et être toujours en train de mourir
Avec une couronne tout entourée d'épines
Et les pieds percés de clous,...
On ne le laissait même pas avoir un père et une mère
Comme les autres enfants.
Son père c'était deux personnes -
Un vieux appelé Joseph, qui était charpentier,
Et qui n'était pas son père;
Et son autre père était une colombe stupide
L'unique colombe laide au monde
Parce qu'elle n'appartenait ni au monde ni n'était colombe.
Et sa mère n'avait pas aimé avant de l'avoir.
Elle n'était pas femme : c'était une valise
Dans laquelle il était venu du ciel.
Et on voulait que lui, qui n'était né que de sa mère,
Et n'avait jamais eu de père à aimer et respecter,
Prêchât la bonté et la justice...
Un jour que Dieu était en train de dormir
Et que le Saint Esprit était en train de voler,
Il s'est enfui vers le Soleil
Et il est descendu par le premier rayon qu'il attrapa.
Aujourd'hui il vit dans mon village avec moi.
C'est un bel enfant joyeux et spontané...
Il saute sur les flaques d'eau,...
Il jette des pierres aux ânes,...
Il court après les filles
Qui vont en bandes par les chemins
Avec des pots de terre sur la tête
Et il fait voler leurs jupes.
A moi il m'a tout appris.
Il m'a appris à regarder les choses.
Il me signale toutes les choses qu'il y a dans les fleurs.
Il me montre comme les pierres sont drôles
Quand on les tient dans la main
Et qu'on les regarde doucement.
Il me dit beaucoup de mal de Dieu...
La Vierge Marie passe les après-midi d'éternité à tricoter.
Et le Saint Esprit se gratte le nez
Il se perche sur les chaises et il les salit...
Il me dit que Dieu ne comprend rien...
Après cela, fatigué de dire du mal de Dieu,
L'enfant Jésus s'endort dans mes bras
Et je le porte ainsi dans mes bras jusqu'à ma maison.
Il habite chez moi à mi-hauteur de la colline,
Il est l'éternel enfant, le dieu qui nous manquait.
Il est l'humain naturel,
Il est le divin qui rit et qui joue...
C'est un enfant si humain qu'il est divin
C'est cela mon quotidien de poète...
Il dort à l'intérieur de mon âme
Et parfois il se réveille la nuit
Et joue avec mes rêves...
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C'est la première fois que je lis de la Poésie.
Et quand je dis « lis », entendez « vis »,
car bien sûr j'ai étudié des poèmes à l'école, au collège puis au lycée, j'ai présenté des textes de Baudelaire, de Rimbaud ou de Verlaine, rédigé des « commentaires » à leur propos – quelle folie, me dis-je en l'écrivant – et appris par coeur des vers pour les réciter devant une trentaine d'âmes trop jeunes pour les entendre vraiment.
Mais jamais je n'avais vraiment lu d'oeuvre poétique pour moi.
À voix haute, dans le silence de ma chambre et le brouhaha de la rue.
Jamais je ne me l'étais autorisée.
Ça n'était pas pour moi.
Je n'avais pas le niveau.
Je n'en étais pas capable.

Et puis j'ai entendu Baptiste Beaulieu parler de Fernando Pessoa et du recueil le gardeur de troupeaux. Je l'ai entendu dire que ses mots l'avaient sauvé.
Littéralement.
Et si le terme peut paraître galvaudé, emphatique et ronflant, j'y ai cru dur comme fer.
J'ai couru à la librairie pour me le procurer. Par chance, l'édition disponible était absolument magnifique : un beau recueil blanc cassé aux pages épaisses, fin d'à peine un centimètre, près à se loger dans mon sac, entre deux autres livres non moins beaux.
Ne me restait plus qu'à m'y plonger, avec quelques craintes et beaucoup de bonheur.

« Et je suis triste comme un coucher de Soleil
Pour nos rêveries,
Quand on le voit disparaître, là-bas au loin
Et qu'on sent déjà entrer la nuit
Comme un papillon par la fenêtre ouverte.

Mais ma tristesse est tranquille
Elle est naturelle et juste
Comme doit être une âme
Quand elle sent qu'elle existe ;
Alors les mains cueillent des fleurs
Sans qu'elle s'en aperçoive. »

Et pour la première fois de ma vie, j'ai senti que quelque chose se brisait dans mon coeur. Une croute épaisse et sale. Cachant un magma bouillonnant. Sur mes joues coulaient d'authentiques larmes venues des tréfonds de mon âme. Voilà que j'avais accès à quelque chose de nouveau. Comme si je découvrais une nouvelle pièce dans la maison que j'habitais depuis près de trente ans.
Je ne croyais pas cela possible et pourtant…

« Mais je ne veux pas toujours être heureux.
Il faut être de temps en temps malheureux
Pour pouvoir être naturel…

Il n'y a pas que des jours de soleil,
Et quand la pluie manque trop, on la réclame,
C'est pourquoi je prends malheur et bonheur avec naturel
Comme celui qui ne s'étonne pas
Quel y ait des montagnes et des plaines
Qu'il y ait des rochers et de l'herbe…

Ce qu'il faut, c'est être naturel et calme
Dans le bonheur ou le malheur,
Ressentir comme on regarde,
Penser comme on marche,
Et quand on va mourir,
Se souvenir que le jour meurt,
Que le couchant est beau et que belle est la nuit qui reste…
Et que si c'est ainsi c'est parce que c'est ainsi… »

Le gardeur de troupeaux, ce sont des mots très simples pour dire l'essence des choses. Des mots bercés d'innocence, de justesse et de vérité. « Un exercice vers la non-pensée » comme le dit Olivier Liron, « vers l'expérience spirituelle » à proprement parler.

« Je n'arrive même pas toujours à ressentir ce que je sais que je dois ressentir.
Ma pensée ne traverse à la nage que très lentement la rivière
Tant lui pèse le costume que les hommes lui ont fait porter. »

Et comme Fernando Pessoa, en refermant le recueil, j'ai senti à nouveau « la vie couler en moi comme un fleuve dans son lit.»
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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La poésie de Pessoa est à la fois naïve et subtile. C'est à chaque fois un regard neuf qu'il pose sur la vie et les choses qui l'entourent et nous deviennent vite familière. J'ai aimé cette simplicité, cette absence de pathos et cette sagesse inquiète.
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Un curieux recueil de poésie, célébrant la nature dans son plus simple appareil, prônant un "laisser faire" et une conception très taoïste des choses, qui se lit et se savoure en ces temps de confinement où l'on souhaiterait plus que tout retrouver ces fleurs et ce soleil dont Pessoa nous parle !
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~ Pâturages & désenchantement ~

Il est de la poésie comme des éponges.
Le trop-plein du monde se déverse en elle, et jamais n'en ressort. Elle absorbe la peine dans une ouate de silence.
Contribue à supporter le réel & sème des sourires.
Les textes de Caieros en font partie !

"[...] que celui qui aime ne sait jamais ce qu'il aime, 
ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c'est qu'aimer...
Aimer, c'est l'innocence éternelle, 
et l'unique innocence est de ne pas penser.”

Le regard qu'il porte sur les choses fait qu'ils sont à leur place, il montre l'essentiel, renie toute métaphore mystique. Seule la nature est garante de la vie propre.

Puis il y a ceux de de Campos, tourmentés, mélancoliques, profonds & inquisiteurs !

"Je me suis multiplié pour m'éprouver,
pour m'éprouver moi-même il m'a fallu tout éprouver.
J'ai débordé, je n'ai fait que m'extravaser,
je me suis dévêtu, je me suis livré
et il est en chaque coin de mon âme un autel à un Dieu différent."

Entre exaltation céleste & chute terrestre, Pessoa garde ces deux poètes, ce fractionnement, cette synergie lui sert peut-être d'accepter sa multiplicité émotionnelle contradictoire.
L'un ne demande rien à la vie, l'autre en demande trop.

“Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.”
In. Bureau de tabac

Beaucoup de finesse & de brutalité dans ce recueil qui transmettent ce qu'à pu être Pessoa & ses multiples !

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Maintenant, il faut 250 caractères minimum pour que la critique soit publiée et, maintenant, j'écris des critiques (presque essentiellement) pour ma mémoire, pour moi me souvenir, lisant beaucoup trop. Alors que je n'ai qu'un seul mot à écrire : Magnifique.
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Un recueil sublime à lire et relire, en ce qui me concerne cela dure depuis plus de dix ans, avec Là où les eaux se mêlent de Carver.
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