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Citations sur Oeuvres complètes de Fernando Pessoa, tome 1 : Proses (5)

Aujourd'hui je suis vaincu comme si je savais la vérité.
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Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
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Nuages...Aujourd'hui j'ai conscience du ciel, ar il y a des des jours où je ne le regarde pas, mais où je le sens, moi qui habite la ville et non la nature dont la ville fait partie...Nuages...Ils sont aujourd'hui la principale réalité, et je m'en soucie comme si le ciel qui se couvre représentait l'un des grands périls de mon destin.
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Je songe et je me perds, dédoublé d'être moi et cette femme...Une grande fatigue, tel est le feu noir qui me dévore...Une grande soif passive, telle est la vie fausse qui m'oppresse...
(...)
Dehors, le petit jour tellement lointain ! et la forêt tellement ici, devant d'autres yeux miens !
Et moi qui, loin de ce paysage, en viens presque à l'oublier, c'est alors même que je l'ai qu'il me manque, et en m'y promenant que je le pleure et le désire...
Les arbres ! Les fleurs ! La fuite des chemins sous les feuillages !...
Nous marchions parfois, nous donnant le bras, sous les cèdres et le arbres de judée, et ni l'un ni l'autre ne pensait à vivre. Notre chair était pour nous un parfum vague, et notre vie un écho de bruit de source .Nous nous donnions la main, et nos regards se demandaient ce qu'il en serait si nous étions sensuels et désirions réaliser charnellement l'illusion de l'amour..
(...)
Notre rêve de vivre nous précédait, ailé, et nous avions pour lui un sourire égal et étranger, fruit combiné de nos âmes sans regard échangé, sans que nous connussions l'un de l'autre davantage que la présence appuyée d'un bras sur l'attention offerte de l'autre bras qui le sentais.
Notre vie n'avait pas de dedans. Nous étions dehors et autres. Nous ignorions tout de nous, comme si nous étions apparus à nos âmes au terme d'un voyage à travers des songes...
(...)
Là-bas, nous savions par une intuition qui assurément n'était pas nôtre, que ce monde meurtri où nous serrions deux, s'il existait, se trouverait au-delà de la ligne extrême où les montagnes sont des souffles de formes, mais au-delà il n'y avait rien.Et c'était à cause de la contradiction qu'il y avait à savoir cela que notre heure y était sombre comme une caverne en pays superstitieux, et que la sensation que nous avions était étrange comme le profil mauresque sur le ciel d' un crépuscule automnal...

pp 144-145
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DANS LA FORÊT DE L'ABSENCE

Août 1913

( Du " Livre de L'Inquiétude ", en préparation.)

Je sais que je me suis réveillé, et que je dors encore. Mon corps ancien, broyé à force que je vive, me dit qu'il est très tôt encore...Je me sens très fébrile, de loin. Je me pèse à moi-même, je ne sais pourquoi...
Dans une torpeur lucide, pesamment incorporel, je stagne entre le sommeil et la veille dans un songe qui est une ombre de songe. Mon attention flotte entre deux mondes et voit aveuglément la profondeur d'une mer et la profondeur d'un ciel ; et ces deux profondeurs s'interpénètrent, se mélangent, et je ne sais pas où je suis , ni ce que je suis en train de rêver.
Un vent d'ombres souffle des cendres de mortes intentions sur ce qui de moi est éveillé. D'un firmament inconnu tombe une tiède rosée d'ennui. Une grande angoisse inerte me manipule l'âme par le dedans, et incertaine, me transforme comme la brise transforme le profil de la cîme des arbres.
Dans l'alcôve morbide et tiède, le petit jour du dehors n'est qu'un souffle de pénombre. Je suis tout entier un désordre tranquille...A qui sert qu'un jour se lève ?...Il m'en coûte de savoir qu'il va se lever comme si c'était mon propre effort qui devait le faire apparaître.
Dans une lenteur confuse, je m'apaise. Je m'engourdis. je flotte dans l'air, entre veille et sommeil et, avec moi au milieu, surgit une autre espèce de je ne sais quel ailleurs qui n'est pas celui-ci...
Sans effacer la réalité, ni cette tiède alcôve, surgit la réalité autre d'une forêt bizarre. Et elles coexistent toutes deux dans mon attention ligotée, comme deux fumées qui se mélangent.
Qu'il est net, de la netteté de l'autre et de la sienne propre, ce trouble paysage transparent !...

p143
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