Je dois avouer que je ne suis pas un inconditionnel de
Pétillon, en général. Son comique est un peu le comique de situation de Feydeau, appliqué au personnel politique.
Avec sa BD satirique sur la Corse,
Pétillon était parvenu au sommet de son art, se hissant du niveau du comique de situation à celui du comique géographique ("L'Enquête Corse"). Il faut dire que la Corse est une source majeure de comique dans le domaine politique, et non seulement une cause de terrorisme (je pense ici surtout à Napoléon).
Une grande source de comique, car la Corse semble faire un doigt d'honneur au progrès, et indiquer qu'il ne mettra jamais fin aux instincts les plus archaïques, capables de résister indéfiniment à tous les arguments de la modernité. L'orgueil autarcique corse et l'arrogance de la fonction publique moderne, placés côte-à-côte, forment un duo comique. le mérite de
Pétillon fut d'avoir repéré cette situation.
On ne trouve rien de tout ça dans « Palmer en Bretagne » ; pas d'exploration de l'âme bretonne (si féminine et pleine de sympathie pour la mort et ses légendes). le titre est trompeur. le séjour du détective emblématique de
Pétillon dans le Finistère n'est qu'un prétexte. Prétexte à une vague intrigue policière, doublée d'une satire de l'art moderne et de ses acteurs/actionnaires. Une satire un peu facile ; on est en droit d'exiger de la satire un degré d'ironie supérieur, dès lors qu'on la place au-dessus de l'art moderne, pastiche le plus souvent inconscient. Sur le même sujet « Alexandre Pompidou - Lard Moderne », de Cornette, Frissen & Witko était une BD plus corrosive et malicieuse, ajoutant à la remarque de l'escroquerie des galeristes et collectionneurs celle de leurs moeurs hystériques.
Dès le début de la crise mondiale,
Jean d'Ormesson, claironnait de sa voix fluette sur les plateaux télé, que le krach des valeurs boursières entraînerait un krach de l'art, conscient de la solidarité des valeurs modernes entre elles.
Pétillon brode sur le stade du krach intermédiaire, où la décote se fait seulement sentir au niveau des assurances.
Certains journaux spécialisés font valoir que les critiques à l'égard de l'art moderne sont de plus en plus nourries ; il serait plus juste d'observer que l'argument de la modernité n'a jamais vraiment convaincu en France en dehors de cercles intellectuels restreints, liés à des idéologies aujourd'hui périmées.
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