Ce qu'il faut de nuit

Belle découverte.
Premier roman pour Laurent Petitmangin qui a obtenu le Prix Stanislas en 2020 en tant que meilleur premier roman de la rentrée littéraire - sélection France Inter et le Point.
Ce roman met en lumière notre société ou ce qu'en deviennent ses hommes.

Un succès amplement mérité.
Je dirais même qu'il faut avoir lu ce livre, à notre époque je veux dire : celle où l'extrême-droite n'a plus rien du fantôme qu'on faisait mine d'oublier dans un coin du paysage. Et puis, il faudra aussi sans doute le lire après, si l'on arrive à sortir un jour la tête des eaux troubles, quand il faudra se rappeler ce qui, dans nos mentalités, a pu rendre tout cela possible.
Il faudra l'avoir lu parce que ce livre nous donne à vivre notre société divisée de l'intérieur (encore que, pas tout à fait : le point de vue du père, très orienté à gauche, est d'abord aveugle). L'extrême-droite n'arrive pas à grands fracas, elle n'arrive pas à grand bruit : quand le soupçon s'éveille il est déjà trop tard, d'ailleurs les idées ont déjà infiltré tout le reste, c'est à dire la masse passive, qui ne les trouve plus si nauséabonde.
Evidemment, c'est l'histoire d'une famille, dans son intimité la plus touchante, dans ses difficultés rageantes mais répandues.
C'est aussi l'histoire d'un milieu social, et d'une région, que j'ai eu le sentiment de reconnaître alors que je ne les connais pas. J'ai le sentiment que l'auteur aime et respecte ces gens, et n'en connaissant rien au départ, je les ai trouvé très proches.
La plume est efficace de simplicité, et malgré tout souvent très belle. La voix du narrateur se laisse tout à fait entendre derrière l'écriture, sans décalage gênant.
Je crois qu'il est à mettre entre toutes les mains, que c'est un livre qu'il faut faire circuler, qu'il faut offrir et recommander. La lecture est rapide, il est notamment assez court, mais c'est un roman qui laisse une trace durable.