Elsa et sa mère emménagent dans un nouvel appartement. Ça y est, la mère devient propriétaire. Elsa hérite d'une chambre à la moquette mouchetée de bleu et de blanc, pourvue de deux lits superposés. Chaque détail, objet, odeur, est disséqué par l'écriture au scalpel, sèche et précise, de
Pauline Peyrade.
Le huis clos entre une mère toxique et sa fille sous emprise n'est adoucie que par une nouvelle amitié : Issa prend Elsa sous son aile, permet son intégration à l'école, elle dont les pensées se brouillent à chaque question de la maîtresse, à chaque vision de la beauté de son amie. C'est l'âge un, comme un acte I où Elsa voit tout, même s'il vaut mieux regarder les savons sur le rebord de la baignoire plutôt que la réalité, mais ne comprends pas.
L'âge deux commence quinze ans après. Elsa a sa vie, un petit appartement, vient voir sa mère qui envisage de vendre le sien, trie les affaires, met en vente les meubles, incapable d'occuper durablement les lieux. Les affaires de sa fille remplissent des sacs poubelle, sans avoir été triés. Lorsqu'Elsa les ouvre, elle en est incapable. le passé lui revient à coup de barbies et de dessins oubliés.
Partir en vacances ensemble, quelque part où il y aurait la mer, un horizon. Elsa hésite, sa mère insiste. Elsa est coincée dans l'âge de comprendre,
l'âge de détruire.
J'ai failli être découragée par cette écriture « plus qu'à l'os », selon les paroles mêmes de l'autrice rencontrée à L'Histoire de l'Oeil. Mais ce récit m'a embarquée d'une traite, en apnée. Avec une précision que j'espère retrouver dans de futurs ouvrages ! En attendant, je vais essayer de découvrir ses pièces de théâtre…