Et puis un meurtre, ça ne se solde pas. Mon amie n'est pas en solde.
page 569
...........la dame fouill
Aucun son ne ressemble à un claquement de verrou en prison. Cela résonne dans un vide sidéral, comme si tout l'air autour avait été nettoyé. Il n'y a pas d'écho. C'est une détonation unique, instantanée. Un coup de feu dans un hangar désert.
parce qu'elle n'avait plus besoin de rien, elle ne craignait plus rien.
ça n'achète que du concret, le fric, ça n'achète pas le pardon . fous toi ça dans ta tête de dinde et commence une autre vie. l'autre est finie. il avait pointé un doigt sur elle, comme s'il la condamnait une deuxième fois mais à tout l'inverse de sa première peine: la liberté perpétuelle.
si ça continuait comme ça, l'ironie voire le cynisme édifierait un rempart contre les douleurs indicibles, les questions impossibles, et les visites de papa seraient récréation plutôt que contrition .de toute façon, à quoi cela aurait servi? c'était déjà fait
pas de larmes, pas de cris, rien. c'était habituel en pareilles circonstances. le choc émotionnel était intolérable au point que tout ne relevait plus que de la simple mécanique le cerveau se rabatait du cortex en panne sur le système orthosympathique, freinant les sensations physiques de la douleur. dispositif d'urgence d'un avion en plein vol, un moteur basculant sur un autre.
Sofia molinax savait que sa fille était morte.
elle savait où elle était morte. elle savait que ce n'était pas un accident .
les données étaient simples, on aurait pu mettre un tiret devant chacune d'entre elles et un enfant de 5 ans aurait compris. pas une mère .
la mère, il lui faudrait décortiquer les mots, les déconstruire, les triturer, fouiller derrière.
aujourd'hui, Sofia molinax disait merci parce qu'on venait de lui annoncer la mort de sa fille de 17 ans . sous le poids de cette effroyable politesse, ses jambes se plierent et elle se pressa de sourire parce que c'est ainsi qu'on accompagne un merci. la femme en face d'elle ne la quittait pas des yeux. des yeux d'une accablante gentillesse, tels les yeux des vieux dont Sofia molinax prenait soin quand la résignation se fait douce.
- " En plus d'être fleuriste, vous êtes piintre, alors?
- Je ne suis pas fleuriste ...."
(...)
- "Ah oui, horticultrice, pardon.
- Pas grave.
- C'est quoi la différence,
- Les fleuristes coupent les fleurs, moi je les fait pousser."
page 256;
La mémoire est parfois un monstre qui vous roue de coups.