La mémoire est parfois un monstre qui vous roue de coups.
Une minute, ce n'est rien, pas même le temps d'une chanson. Que peut-on faire, en une minute ? Se brosser les dents avant de sortir, ou faire chauffer l'eau pour un thé ? De toutes petites choses de la vie. Mais, à la fin, lorsque cette toute petite minute était la dernière, ça devait être très long.
Mentir à ceux qu'on aime, c'est une bataille de tous les instants.
Et ce geste, encore, vers elle. Ce don. Ce léger élan de la main, c'était cela, un don, au sens immatériel. Jamais depuis vingt ans une personne n'avait eu pour elle cet élan-là, fondateur des relations humaines, sans retour obligé.
Était-ce la satisfaction d'avoir encore terrassé 365 jours, 52 semaines, 12 mois? Quelle valeur avait ce cycle pour elles?
Ou alors était-ce le pressentiment que cette année serait leur dernière, puisque la flamme fragile qui subsistait pouvait s'éteindre à tout moment? Se faisait-on à l'idée, en continuant à s'émerveiller devant les étincelles roses et bleues qui se frayaient un chemin tout droit vers l'inconnu, à travers la neige?