Je me pose toujours la question : pourquoi les auteurs placent-ils leurs histoires dans d'autres contrées que la leur, d'autres époques ? C'est casse-gueule, si on est pas ultra documenté...
Et c'est ce qui m'a gênée dans cette histoire de femme forte qui voulait devenir médecin en Amérique et qui va vivre une grande histoire d'amour et une ascension sociale sur trois continents différents .
Au commencement , L'Angleterre de 1946...
Maggie Fuller, une jeune femme veuve, ayant eu une éducation très ouverte , très féministe, très politisée, se retrouve domestique dans un manoir du Kent. Cultivée, un caractère bien affirmé, elle se transforme en défenseuse des droits de la domesticité et son irrévérence doublée d'un certain sens de l'humour va faire basculer le lord du château, ils vont vivre une très jolie histoire d'amour.
Oui, mais voilà, Laurence Perrin n' a pas dû regarder en entier Downton Abbey , Laurence Perrin n'arrive absolument pas à se couler dans le langage, dans les moeurs du pays, de l'époque et de la campagne anglaise ! Moult fois, je levais les yeux au ciel, et je faillis passer mon chemin : ce qui m'a retenu ? La beauté sensuelle de l'histoire d'amour...
Je ne pense pas qu'en ces temps , on disait "Bordel", même une domestique ( il y avait d'autres mots...) je ne pense pas qu'on parlait de "shopping de madame". Je ne pense pas qu'une femme de chambre pouvait se permettre autant d'impolitesses et de liberté (et ce avant de coucher avec Monsieur ), et surtout : je pense que n'importe quelle domestique de 1946 n'avait pas le temps de baguenauder dans le jardin ou ailleurs, comme le fait Maggie, qui ne travaille pas beaucoup alors que l'auteure parle de journées de 14h ! L'auteure se contredit elle-même ! Je ne pense pas qu'une domestique pouvait se faire régulièrement apporter un plateau repas , dans sa chambre, (à moins d'être à l'article de la mort). Ce qui me fait dire tout ça ?
Tout ceci va à l'encontre de tous les romans anglais que j'ai pu lire sur ce thème et cette époque...
Et enfin, parlons de la psychologie du personnage principal. Maggie est une femme qui a renoncé à son rêve professionnel, qui sort d'un mariage malheureux ( un mari handicapé violent physiquement et psychologiquement). Comment penser qu'une jeune femme sans ressources financières, seule au monde, arrivant dans une demeure magnifique ( elle qui vivait dans le dénuement ), avec des employés à "leur place" , qui sont là depuis longtemps, ne soit pas émerveillée, "écrasée" par le cadre , se mette à réclamer, dénoncer, tienne tête à ses patrons, au personnel ?
N'y-aurait -il pas , au moins, dû y avoir un petit temps d'adaptation ? Non, Maggy c'est Wonderwoman ! Mais où elle était cette force, face à son mari violent ?
A ce stade de lecture, ce qui m'a fait tenir , c'est l'histoire d'amour qui se développe, même si on n'y croit pas trop.
Et puis on passe à un autre pays, Maggie devient la Jackie Kennedy new yorkaise !
Et là, je suis allée , je l'avoue, faire un tour dans les dernières pages, voir si ça valait le coup de continuer . Et la fin est très jolie, alors je suis revenue en arrière, dans la grosse pomme, et j'ai rongé mon frein jusqu'à la fin . Et là encore , on a du mal à croire à cette ascension sociale . Pourquoi elle ? Tren
te deux ans, en six ans, elle passe d'ouvrière dans une usine de poisson à un des personnages les plus en vue de New York ? (Je n'en dirais pas plus, ces passages sont juste ridicules ...)
Mais les dernières lignes du roman sont superbes et malicieuses.
Ce qui sauve le livre , c'est cette l'histoire d'amour : comme une évidence .
Un mélange de Downtown Abbey, Jackie Kennedy, et
la ferme africaine de
Karen Blixen. Un mélange un peu bizarre, un peu " produit calibré pour nous les feeeemmes." Une histoire de femme forte qui réussit mais qui est tout sauf crédible...
je ne suis pas sûre de suivre l'auteur, le romanesque, je trouve toujours ça un peu ridicule, manquant de nuances, de subtili
té, de finesse.
Allez plutôt lire, du cô
té de "
le dimanche des mères " de
Graham Swift (relation maitre/domestique) ou "Rien n'est trop beau" de R Jaffe, ou Brocklyn de
Colm Toibin (pour la vie new yorkaise) . sans oublier les romans policiers historiques d'
Anne Perry .
Ou replongez plus simplement dans
Agatha Christie ou du
Patricia Wentworth pour l'ambiance campagne anglaise des années 40 , (chez les "petites" gens), qu'elles ont vécu, elles ...