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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel livre!
Avec une lucidité allant parfois jusqu'au cynisme, il se lit comme un réquisitoire contre les dérives de notre société de consommation abusive.

Parmi elles, un tourisme de mauvais aloi, un tourisme de masse qui
étouffe de grandes villes courues pour leur histoire, leurs témoignages d'une lignée culturelle et de traditions.
Certains n'hésitent pas à le reconstruire ou à le rétablir (cfr les toits de chaume de Giethoorn au Pays-Bas - la reconstitution de Venise à Las Vegas,…).
Quelques portraits de touristes hollandais sont particulièrement caustiques, mais! Il n'y a pas qu'eux!

Dans cette tournée des lieux envahis, l'auteur nous emmène en voyage et nous les décrit avec précision : Venise, Gênes, Amsterdam, Skojte, Abu Dhabi, etc…

Il fréquente les musées et discourt avec sa muse, son amour, du mystère d'une peinture disparue du Caravage. Il nous raconte ce peintre, son histoire avec détails.
Nous frémissons à l' évocation de l' exposition de Damien Hirst :
"Treasures from the Wreck of the Unbelievable", une supercherie mégalomane, fruit d'un travail de dix ans.

L'hôtel Europa qu'il fréquente est une métaphore de l'Europe vieillissante, confite dans la nostalgie de son passé, en retard sur d'autres nations qui regardent l'avenir, envahissent, créent et recréent sur les ruines (le directeur reprenant la direction de cet ancien hôtel est chinois et fera plus « européen » que nature - « business is business »).

L'envahissement par facebook et compagnie… permettant à chacun d'être uniques, irremplaçables, en compétition où reconnaissances et succès balaient ceux qui ne voyagent pas ou voyagent à l'ancienne ou peu.
Écraser l'autre? Est-ce la clef de la réussite et du respect?

Le passage sur Malte est édifiant et l'histoire éclaboussée par celles des migrants donne la nausée devant cet étalage destiné au fric, c'est-à-dire aux touristes en mal de souvenirs.
Même leur habillement dévoile le manque de respect quant aux lieux fréquentés et ce qu'ils représentent.

Il y a des passages qui claquent et mettent en face de la bêtise humaine.
Il y en a d'autres qui instruisent, d'autres qui émeuvent (l'échange final avec le groom et « l'intertextualité » sont éloquents).
Des joutes verbales riches avec sa muse, historienne d'art, avec l'un des hôtes de l'hôtel philosophant sur cette Europe en voie d'être dépassée, des pirouettes avec la poétesse originale et féministe outrancière, etc… sont des moments riches, denses, critiques. L'humour ne manque pas non plus.

De quoi réfléchir et se remettre en question, Ilja Leonard Pfeijffer dit les faits, observe les dérives et les livre sans concessions.

Une histoire d'amour aussi avec le sang italien qui bouillonne.

Un livre parfois un peu redondant mais remuant.
Quel livre!

Je remercie Babélio et les Éditions Les Presses de la Cité pour cette découverte.
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Ilja, écrivain néerlandais de renom, débarque dans un palace un peu désuet qu'un nouveau propriétaire chinois souhaite renover : le Grand-Hotel Europa. Venant de quitter son grand amour, Clio, il entreprend de raconter leur histoire tumultueuse dans son nouveau roman. Au fil de son séjour, il s'enrichit de ses discussions avec les habitants de l'hôtel : Abdul, le groom, M. Montebello, le majordome ou encore Albane une poétesse française...


Passionant ! C'est un peu abasourdie que je ressors de cette lecture d'une densité incroyable et, dont il m'est difficile de retranscrire ici toute sa beauté et sa richesse!Grâce une plume percutante, l'auteur signe une puissante déclaration d'amour à l'Europe.

Nous naviguons entre d'une part, le quotidien d'Ilja, dans cet hôtel qui sera le lieu de rencontres de personnages venant d'horizons différents, et d'autre part, sa vie d'avant à Venise construite autour de son histoire d'amour avec Clio. Cette dernière est une historienne d'art amatrice du Caravage. Leur amour passionnel se nourrit de musées, de voyages et de concerts...

A travers ses recherches, notre écrivain se livre à une gigantesque réflexion sur l'Europe. du tourisme de masse à l'immigration en passant par l'identité culturelle, il nous invite à réfléchir sur les conséquences de la mondialisation. Non sans humour, il dresse notamment le portrait des différents types de touristes que l'on peut rencontrer. Criantes de vérités, certaines situations m'ont vraiment fait marrer.

Il y a beaucoup de disgressions, de réflexions culturelles, historiques, économiques et philosophiques. Il y a des histoires dans l'histoire, comme par exemple un couple racontant sa traversée des pays non recommandés au tourisme, ou encore Abdul confiant sa traversée de la Méditerranée pour rejoindre l'Europe.


Au vue de l'actualité, je crois que ce livre a encore plus résonné en moi. de l'Italie au Pays-Bas en passant par la Macédoine, c'est sans nulle doute un livre qui vous fera voyager, réfléchir et aimer notre vieux continent !
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Chef-d'oeuvre de cet écrivain néerlandais dont la qualité, aussi bien sur le plan du style que sur le plan du contenu, mérite une traduction en français. Pfeijffer, établi à Gênes depuis 2008, a fait des études en langues classiques. Il combine avec beaucoup d'humour et de nostalgie son érudition avec les choses banales de la vie, ce qui se traduit dans un style agréablement ironique. Sur le fond d'une histoire d'amour échouée, l'auteur se met en scène. C'est lui le personnage principal qui évoque les deux vagues qui déferlent sur le vieux continent. La première étant celle des réfugiés, qui secoue l'Europe, est considérée comme un des plus grands problèmes de notre société contemporaine. La deuxième par contre est considérée comme une opportunité: le tourisme de masse. le tourisme peut (re)lancer la vie économique d'une ville, d'un pays. Les hommes politiques font tout pour attirer les touristes. Or, certains lieux européens sont vraiment envahis de touristes de sorte qu'ils deviennent invivables. Pfeijffer nous emmène à Venise, à Malte, à Amsterdam, aux Cinque Terre etc En même temps il nous raconte l'histoire d'Abdul, le groom au Grand Hotel Europa, qui est illégal et raconte son voyage à lui, qui n'a rien de touristique. le mélange de réalité et de mensonge est délicieux. Pfeijffer devient un personnage dans sa propre fiction. Un grand roman néerlandais!
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C'est le roman d'un passé.
Celui, glorieux, d'une Europe pour qui exister revient à s'en souvenir, pour qui survivre consiste à l'exalter, à l'entretenir, à le perpétuer. Enveloppée du doux manteau de la nostalgie qui la borde de l'illusion de sa grandeur, désormais perdue, elle se rappelle, anamnèse inconsciente, les anciens temps devenus rêves du présent, condamnant l'avenir à n'être qu'un ajout superflu.
Son passé s'étend, s'étire, se perpétue en une mémoire infinie qui efface les différentes époques de son histoire, diluées dans un continuum éternel effaçant la notion même de temps.
Ses fondations sont celles d'un vieil hôtel délabré, dont la splendeur appartient à une époque surannée. Un vieux palace, allégorie d'un continent tout aussi ancien, comme douillet recoin d'un temps nostalgique qui n'existe plus ; où le temps n'existerait pas.
Au Grand Hôtel Europa, point de réveil ou de pendule, ses occupants sont les maîtres des horloges, leurs aiguilles avançant au gré de leurs histoires. Ici se côtoient ceux qui fuient leur passé, ceux qui appréhendent leur futur, et celui qui écrit son histoire pour donner naissance à un avenir qu'il n'ose espérer.
Alter égo de l'auteur, ses mots s'égrènent au même rythme, brouillant le temps. L'un écrit pour donner sens à l'Histoire, l'autre au récit de sa vie. Celle d'une relation amoureuse née sur les ruines de la glorieuse culture européenne qui s'est éteinte à mesure qu'elle a traverse les temps pour venir mourir au coeur d'une ville moderniste.
Les proses de l'auteur et du narrateur se rejoignent dans une même lenteur, bercées par les mêmes répétitions et longueurs, dans une tentative désespérée de ralentir le temps. Pour mieux appréhender la perte.
Celle dont sont victimes les personnages, les lieux et leurs cultures, qui se confondent avec les grands textes en un même destin. Dépassant les individualités pour accéder par l'écriture à une dimension universelle.
« Grand Hotel Europa » est un écrit foisonnant mêlant les genres ; roman d'amour, enquête, conte philosophique, essai et conjuguant l'Histoire et les histoires au passé. Histoire d'amour, histoire de l'art, Histoire de la civilisation européenne, histoire contemporaine sont liées par une intrigue passionnante.
Un roman d'une rare érudition, riche et poétique ; quand l'écriture sublime un réel qu'elle donne à expliquer.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Extrêmement belle réflexion sur l'Europe !
Roman vraiment intéressant , écrit de façon poétique/humoristique/fantaisiste,et débordant de détails historiques et architecturaux de superbes villes d'Europe.Une grande balade en Italie ça vous dit?

L'auteur nous pousse,par le biais du phénomène touristique, à une réflexion tout à fait légitime sur l'avenir de l'Europe .
Qu'allons nous devenir, nous braves européens ancrés dans notre passé et nos traditions ? Un vaste jardin touristique ? Une attraction géante à ciel ouvert?
Peut-être...ou pas, à nous de savoir ce que l'on veut faire de nos richesses culturelles et intellectuelles....seul l'avenir nous le dira...

PS : je ne sais toujours pas où se trouve le Grand Hôtel Europa,si quelqu'un à vu passer l'info 😉



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Je n'ai qu'un seul mot pour exprimer mon sentiment : Extraordinaire !
Ce livre véhicule une érudition et une verve pétillantes..
Et en guise de récréation, si je puis dire, tout au long de l'ouvrage, nous assistons à une incroyable histoire d'amour accompagnée de dialogues vifs et incisifs.
Trêve de paroles, ce bouquin ne se résume pas aisément, lisez le et plongez dans notre bonne vieille Europe.
Banzaï !!
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On ne peut pas nier un côté nostalgique de la part de cet écrivain néérlandais ainsi qu'une sagacité certaine. Dans ce roman extrêmement dense par ses détours vertigineux, il pose de grandes questions sur le sans de la vie et de l'art. Passionnant, ce livre laisse au lecteur le plaisir de digérer une belle langue classique et sa fascinante érudition. Au demeurant, il ne se passe pas de grands événements, si ce n'est la recherche de soi, l'oubli d'un amour qui a fait mal et -qui sait- la rédemption dans les bras d'ne nouvelle conquête.
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Le Grand Hotel Europa ne possède plus son lustre d'antan. Ses boiseries sont patinées, engoncées dans ses vieilles pierres et ses ors défraîchis. L'action se déroule quelque part, en Méditerranée, sans doute assez loin de la mer, mais où ? le roman ne le précise pas. Seule imprécision d'un ouvrage qui se caractérise par son sens pointu du détail. L'auteur s'y met en scène pour écrire son histoire d'amour avec Clio, qui vient de le quitter et qui souffre de cette rupture. Ecrire devrait lui permettre d'exorciser son mal. Une femme, belle comme une muse antique et historienne d'art. Voilà un beau roman tout en finesse, qu'on lit en prenant à peine le temps de respirer. Chaque page se déguste avec exquisité et rappelle le bonheur de la lecture à un point que beaucoup ont oublié.
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