AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B0C7M24XKD
3114 pages
(09/06/2023)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Âmes sensibles, ne lisez pas ce livre ! Il a été écrit avec le sang. Ce sont les « hideux feuillets » d’un « carnet de damné ». C’est le testament d’un homme désespéré qui cherche un sens à l’existence. Et c’est aussi le testament du monde.

Julien Pichavant est un Montaigne des temps modernes, un Montaigne schopenhauerien, un Montaigne qui philosophe avec un marteau et qui voyage dans les ténèbres de la mélancolie pour tenter de répondre, tel Hamlet, ... >Voir plus
Que lire après La Perte de SensVoir plus
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je postillonne des mots à trois cent soixante degrés ; ma verve se déchaîne par épiphrases et j’escamote la réalité : peu importe puisque l’un de mes credos se trouve être celui-ci : « In verbo veritas ! » Je suis libre ! J’asticote le sens, le sens m’asticote, mais je suis libre, libre ! J’ai la liberté d’écrire, vous avez celle de ne pas me lire ! L’écriture est l’autocrate de mon univers ! Je suis voué — ou dévoué — aux causes perdues ! Je com-pose et décompose, puis recompose ! Je pique sans dévaliser, je vole sans piller… J’expertise le Sens, je le magnétise et je spécule ! S’il vous pre-nait de me regarder et de me dire qu’en vérité je suis fou, je vous répondrais comme Fontenelle : « Qui vous dit le contraire ? » Si encore vous per-sistiez et cherchiez la petite bête en me racontant : « Tout ce que vous me dites là est merveilleusement vain et vague, je ne vois qu’un grand je ne sais quoi où je ne vois rien », je répondrais par une énigme : « rassurez-vous, il faut du temps pour ruiner un monde » ! (Il y a cette excellente his-toire juive où quelqu’un demande : « Pourquoi vous, les Juifs, répondez-vous toujours aux questions par une autre question ? » Ce à quoi répond le concerné : « Pourquoi pas ? » Mon livre cautionne ce jeu : Pourquoi écris-je ceci ou cela ? Et pourquoi pas ?...) Eh ! public satellisé, vos yeux scan-dalisés sortent-ils de leurs orbites parce qu’ils veulent « qu’un galant homme ait toujours grand empire / Sur les démangeaisons qui nous prennent d’écrire » ? Ô public alcestueux, j’oronte ! Diantre ! quel besoin si pressant ai-je de rimer ? Ça me démange, donc je gratte (le peppered paper) avec la plume, mais ça ne me chatouille pas assez pour me faire imprimer ! Diogène le Cynique, lorsqu’il se masturbait sur la place du marché, ne disait-il pas « qu’il serait à souhaiter qu’on pût ainsi apaiser la faim » ? Quand le besoin d’écrire me prend, j’écris, de même que je vais à la selle quand je n’y tiens plus ! « Ce n’est que jeu de mots, qu’affectation pure, / Et ce n’est point ainsi que parle la nature », me lancerez-vous ? Que vous raconte-t-elle, la nature, lorsque vous franchissez le cap Horn ? De petits contes pour les enfants pour que vous dormiez sur vos deux oreilles ? — Je vous effare, n’est-ce pas ? C’est bien possible ; je m’effare moi-même parfois — et cela ne m’effarerait pas que vous vous effarassiez !... Dé-rouillez-moi ou prosternez-vous… Je vous estomaque avec « toute ceste fricassee que je barbouille ici », comme dirait le bon Montaigne ? Ah ! laisse, Lecteur, courir encore ces coups « d’essay », laisse-moi arrondir et alourdir mes pages d’« alongeails » : « J’adjouste, mais je ne corrige pas » !... Si j’émonde, rarement j’émende ! Ô cilice de la prolixité et de la versatilité ! Quelle impraticable enfilade d’imprononçables idiomes ! J’écervelle en tortillant, j’ulcère en gazouillant, je chahute le bon sens ! J’étrille le concept ! Ma bouche — ventilée — et turbulente — et hurlupée — et débridée — et hilare — et délurée — et dévergondée — est le péristyle du poissard, mes lèvres charrient, en les scandant, des phrases à la myrrhe, ma langue sulfureuse s’empâte et récidive, ma glotte torpille le logos, mon souffle saccadé importune, ma parole est une perte inamissible ! Insouciamment, mon sistre s’emballe ! Mes méninges ataxiques me font papoter et papilloter, mon popotin excité est akathisique ! La crispation ? L’esquive ? La calenture ? Qui cille et s’éberlue devant mes capsules de lettres et de syllabes délirantes, devant mes lignes ophidiennes ? À la guerre, comme à la guerre ! Pour ces philosophismes, je me creuse la cervelle ! Mes fourniments sont encore pleins de poudre ! Galopade après galopade, je goguenarde, je fais dans le burlesque. Bonnissant mes histoires de pourrissoir, moi le fildefériste boute-en-train, envahi par le sarcome du verbe, je me frise la moustache et me bâfre de millions d’intercalations chuintantes dans cette tuerie de galéjades. J’ai la carrure de la déme-sure ! Je monte à la tribune du pittoresque : Oui, je bricole et radoube ; oui, je san-antonioïse (et poudre-aux-yeuxïse) ; oui, je défaille ; oui, je dé-range ; oui, je tanne ; oui, je me pâme ; oui, j’invente ; oui, j’élucubre ; oui, j’entorse ; oui, je sublime ; oui, j’affole et m’affole. Oui, tout cela, à perte de raison ! Je ne liarde sur rien, je suis un sage-fou, un « morosophe » (« μωροσόφος »), je dégaine, pour le pire et pour le meilleur, et je m’en bats l’œil. Oui, c’est une sortie de notes brochées et assorties, c’est une bravade bavarde, c’est une palabre abréviative, c’est la cavalcade des concetti, c’est l’averse wordéenne, c’est le fouillis des images trépidantes, c’est l’émeute des accents sapides, c’est le tombereau des cédilles, c’est la trombe de voyelles et de consonnes, c’est la mélasse labiale ! Consonne ! Entrez ! Voyelle ! Le sincère A, le gentil E, à la Tarchetti ; le vert U, le rouge I, à la Rimbaud ! Et je ne suis pas pour autant (je ne falsifie pas !) un mirliflore de la rhétorique, ni un folliculaire affabulateur, ni un bavas-seur de troquet et de cabaret éméché, ni un plumitif patelineur, ni un tatillon pléthorique et difficultueux, ni un spécialiste ès broutilles & vétilles & peccadilles & bisbilles & pacotilles, ni — et encore moins — un écrivain homéopathique ! Je me médique à bon escient. Ma prose infrangible est garante d’une certaine méthodologie ; ma débauche est — avec brio — méthodique… Je salis les pages à gros bouillons — et me nettoie l’âme. Mes mots enceignent le Sens qui m’enseigne que les mots n’ont pas de sens… Je fourrage et naufrage… En bon drille, je daube et j’extrude les données de l’information. Ô concert fluviatile de louanges impénétrables, ô cavatines frustrantes, ô nasardes à gogo ! Quel tintouin ! Mais je ne saurais m’arrêter en si mauvais chemin, et « crescit eundo » (« ça grandit en avançant ») ! Comme Socrate devant Charmide, « j’extravague » (« ληρεῖν ») ; « quand une idée se présente, il faut l’examiner et ne pas la lâcher légèrement, si l’on a quelque souci de soi-même »… — À la ri-gueur, je suis un « dilettante » (« celui qui se délecte »), un intoxiqué de l’ekphrasis, un enivré du laïus pupuce ; je suis un esthète qui fioriture et vir-gule la pensée qui s’enlise et se lyse, un séminariste de la parole inaudible et indicible qui erre dans les allées du cloître du Moi ; je suis un déambu-lateur dans le district de l’inconscience cosmique, un cryptomnésique, un tape-à-l’œiliste qui rébuse, un archéologue des « τόποι » (« lieux com-muns »), un vadrouilleur de l’impossible possible, un anticonformiste du péan, un prosélyte du ça-ne-rime-à-rien qui a l’esprit de suite ; je suis un dandy décadentiste, un « λογοδαίδαλοι » (« enfileurs de paroles »), un démissionnaire de l’apparence, un glosolâtre des atellanes qui se jouent de-vant mes yeux, un virtuose de l’insolence douce ; je suis le clystère des alphabets, le pyrotechnicien des taches étoilées, le capitaine d’une flottille de coquecigrues, le vandale du sens commun, le milicien des abouchements littéraires, l’astrolâtre des idiomes nébuleux, le choreute de la signalé-tique, l’alchimiste des « Je » mélancoliques, l’inécrivain en crue, le champion désinvolte du croisement inapproprié des signes, le bernard-l’ermite de l’ouverture, le crack de la fermeture ; je suis un sigle sigé, l’édile du dis-le, le dissipateur/enfreigneur des codes, le prédateur de l’élocution en proie aux logorrhées bégayantes, un encodeur exhibitionniste, le coroner du département du langage, le lyriste de la déraison, le gardien de la crypte de l’allégorie, le déterreur des carcasses gréco-latines ; je suis le guérillero des archaïsmes, le scénariste des rudiments, le magnat de l’intertextualité, le surintendant de l’inarticulée conception, le pape des synonymes, le mendiant du logos, le reporter des fanfares de papelard, l’aigrefin de l’animadversion, le vétéran du flebile, le bas-bleu des croquignoles, le collateur et co-auteur des gribouillis harmoniques, le circonférencier des ramassis à la page, le réhabiliteur de l’hyperbole ; je suis le dialecticien du vide, l’épilogueur des préliminaires, l’intermittent de la prose copieuse et continuelle, le risque-tout des risées en série, le poète des étymologies, le philologue des non-dieux, le parémiographe de l’inimaginé, le ruffian de la causticité, l’interprète (de glissade en glissade) du dégueulando, le farfadet fluet de l’enflure, le resquilleur des signi-fiants, le rénovateur/innovateur de la touche (la Pichavant touch), le modique diseur des cachotteries célicoles, le représentant des muets et des culs-de-jatte de la vision ; je suis le roi indiscipliné du sabir, le chorège de mes facéties, le trapéziste de l’allocution, le procréateur de l’idiolecte impigeable, le pollinisateur florissant et nectarifère du subje(on)ctif, le dompteur du prompteur logodiarrhéique, le Molière du pompeux galimatias et du spécieux babil ; je suis le serpent à sornettes de la Genèse ; je suis un dandy mal fagoté, un autochtone étranger blotti dans son coin, un lipo-gramme vivant (« λιπογράμματος », « à qui il manque une lettre ») ; je suis l’Alpha et l’Oméga apocalyptiques (« εγώ ειμι το Αλφα και το Ωμεγα ») ; je suis un Grantaire en pleine effusion folle et futile, un belluaire infaillible de l’alphabet dont la plume dévisse dans le vice, dont les frasques verbales ne sont qu’un parlage fougueux et fangeux, une polyptote circulairement vicieuse : « Oui, j’ai le spleen, compliqué de la mélancolie, avec la nostalgie, plus l’hypocondrie, et je bisque, et je rage, et je bâille, et je m’ennuie, et je m’assomme, et je m’embête ! Que Dieu aille au
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : spleenVoir plus

Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Venez frissonner avec Richard Matheson

Quand est né Richard Matheson ?

Le 20 février 1926
Le 21 février 1926
Le 22 février 1926

12 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Richard MathesonCréer un quiz sur ce livre

{* *}