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Citations sur Argent brûlé (9)

Malito avait plusieurs manies. Le téléphone en était une. D'après lui, tous les téléphones de la ville étaient sur écoute. Mala la Folle en avait d'autres, d'après cet allumé de Dorda. Il ne pouvait pas supporter la lumière du soleil, il ne pouvait pas voir beaucoup de gens ensemble, il passait son temps à se laver les mains à l'alcool pur, aimant la sensation fraîche et sèche de l'alcool sur la peau. Son père était médecin (disait-on), les médecins se lavent les mains jusqu'au coude avec de l'alcool, à la fin des consultations, et il en avait hérité cette habitude.
Tous les microbes (expliquait Malito) se transmettent par les mains, par les ongles. Si les gens ne se serraient pas la main, la mortalité baisserait de dix pour cent, la population meurt à cause des microbes. Les morts violentes (d'après lui) ne représentaient pas la moitié des morts par maladie contagieuse et pourtant personne ne mettait les médecins en prison (riait Malito). Il imaginait parfois les femmes et les enfants dans la rue avec des gants de chirurgien et des masques anti-projections, tous masqués dans la ville pour éviter contacts et maladies.
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On les appelle les Jumeaux car ils sont inséparables. Mais ils ne sont pas frères, ne se ressemblent pas. Difficile même de trouver deux types si différents. Ils ont en commun cette façon de regarder, des yeux clairs, calmes, une fixité perdue dans un regard méfiant. Teint rougeaud, sourire facile. Dorda est lourd, tranquille. Brignone est maigre, leste, léger, il a des cheveux noirs, une peau très pâle comme s'il avait vécu en prison plus de temps qu'il n'en a réellement passé.
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Le garçon d'El Mundo nota ce que Silva avait commencé à déclarer.
- Ce sont des malades mentaux.
- Tuer des malades mentaux n'est pas bien vu de la presse, ironisa le journaliste. Il faut les enfermer dans un asile, pas les exécuter...
Silva regarda Renzi d'un air fatigué. Encore cet insolent gamin, avec ses petites lunettes et ses cheveux bouclés, son air niais, qui ne comprenait rien à la réalité ni au danger de la situation, il avait l'air d'un parachuté, de l'avocat commis d'office ou du plus jeune frère d'un prisonnier qui se plaint du sort infligé aux criminels dans les commissariats.
- Et tuer des gens normaux, ça, c'est bien vu? répondit Silva de la voix basse de celui qui doit expliquer ce qui est évident pour n'importe qui.
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La voix leur parvenait déformée, comme une voix de fausset, une typique voix de connard, perverse et autoritaire, étrangère à tout autre sentiment que le plaisir d'humilier. Des types qui crient, sûrs qu'on va leur obéir ou s'effondrer. C'est la voix de l'autorité, celle que crachent les haut-parleurs, dans les prisons, les couloirs des hôpitaux, les fourgons cellulaires qui, dans la ville déserte, en pleine nuit, conduisent les prisonniers dans les souterrains des commissariats pour leur infliger des coups de matraque ou l'électricité.
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La vie, c’est comme un train de marchandises…c’est lent, ça en finis pas, on dirait qu’il va jamais s’arrêter de passer, mais à la fin tu reste là toujours, à regarder la petite lumière rouge du wagon qui s’éloigne.
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Ensuite, à un moment donné, on sut que les délinquants étaient en train de brûler cinq millions de pesos qui leur restaient du casse de la mairie de San Fernando, d'où on le sait, ils s'étaient enfuis avec sept millions.
Ils commencèrent à jeter des billets de mille enflammés par la fenêtre. Depuis le vasistas de la cuisine, ils réussirent à faire voler l'argent brûlé au-dessus du carrefour. On aurait dit des papillons de lumière, ces billets enflammés.
Un murmure d'indignation s'éleva parmi la foule.
- Ils le brûlent.
- Ils sont en train de brûler l'argent.
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La plata es como de la droga, lo fundamental es tenerla, saber que està (...)
L'argent c'est comme la drogue, l'essentiel c'est de l'avoir, savoir qu'elle est là.
(p.33 éd.debolsillo, 2013)
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La police agit toujours avec la certitude que les voyous sont comme eux, c’est-à-dire qu’ils jouissent du même équilibre instable quand il s’agit de prendre une décision ou une mesure de prudence qu’un homme ordinaire, à qui l’on met sur le dos un uniforme représentant l’autorité et à qui l’on remet une arme mortelle assortie du pouvoir de s’en servir. En réalité un abîme les sépare, il y a autant de différence entre eux qu’entre lutter pour vaincre et lutter pour ne pas être vaincu.
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Ce mercredi 27 septembre 1965 à 15 h 02, Alberto Martinez Tobar, le trésorier général, entra dans la succursale de la Banque de la Province de Buenos Aires à San Fernando. Un homme grand, au visage rougeaud et aux yeux saillants, qui, à quarante ans tout juste, n'avait plus que deux heures à vivre.
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