La vie mondaine est est ainsi faite de variations à l'infini sur la même trame, celle des rituels dînatoires obligés et des réseaux d'interconnexion de ceux qui appartiennent à l'oligarchie. Cette structuration conviviale de la grande bourgeoisie s'étend à la sphère politique. À la faveur d'un buffet, les frais de bouche se transmuent en levée de fonds pour un candidat ami, un allié en puissance.
Dès l'annonce de sa candidature, le 16 novembre 2016, Emmanuel Macron est allé se recueillir à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Il s'agissait de s'inscrire symboliquement dans la lignée d'une ancienne dynastie, se parer d'une aura monarchique. Un procédé parfaitement cohérent avec sa conception verticale du pouvoir.
Aux think tanks et aux clubs s'ajoutent, dans la fabrique de l'influence, les cabinets de lobbying qui pullulent autour des assemblées parlementaires. À Bruxelles par exemple, le lobby de la finance emploie quelque 1700 salariés dans divers clubs et associations, soit quatre fois plus de fonctionnaires européens chargés de la régulation financière.
Dans son parcours personnel, la stratégie d'accès aux plus hautes fonctions passe prioritairement par la technologie et le réseautage feutré plutôt que par la démocratie et l'engagement dans le débat public.
[...] le plus mal payé des contribuables paie davantage en impôt sur le revenu, sur chaque euro de salaire reçu (14%) que le plus riche des actionnaires sur chaque euro de ses dividendes perçus (12,8%).
L'appartenance de classe ne se définit pas par la seule richesse économique. Outre les biens, il y a les liens. Les femmes et les hommes qui disposent aujourd'hui du pouvoir politique, bien loin de l'ancienne figure des "serviteurs de l'Etat", entretiennent des relations étroites avec une myriade d'intérêts privés dont ils sont trop souvent les obligés.