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Critique de Bookycooky


Rosie Pinhas-Delpuech est pour moi la grande traductrice de la littérature israélienne de l'hébreu en français. J'en suis une passionnée. Donc apprenant qu'elle écrivait elle-même je ne pouvais qu'être curieuse.
Ce livre est le troisième volet d'une trilogie linguistique.Le premier étant le turc avec "Suites Byzantines", le deuxième, le français avec "Anna: une histoire française ", le troisième, celui-ci, l'hébreu. " C'est une espèce de généalogie de mes langues, où je me situe dans cette langue et qu'est-ce-qu'elles sont ? Comment l'hébreu, pourquoi l'hébreu ? " dit-elle à propos du sujet de ce livre. Je débute ma découverte avec le dernier.
Delpuech est une juive turque, née à Istanbul en 1946.
À dix-neuf ans elle quitte sa ville natale pour Grenoble pour terminer ses études secondaires. C'est l'année d'après, avant de reprendre ses études à Paris que sa mère lui propose de faire un détour par "ce pays inconnu" où vit son frère et lui apporter les pots de confiture qu'il aime et qui n'existent pas là-bas. "Ce pays inconnu" est Israel , et c'est son premier contact avec l'hébreu, et sa rencontre dans un kibboutz avec la figure du "Juif" de l'Histoire, en la personne de Hirhska (le Yankel du "Tarass Boulba" de Gogol, d'Isai F.Bumstein du Roman de Dostoievski " Les carnets de la maison morte “), qui incarne le juif mythique au milieu de l'homme nouveau israélien.
L'hostilité de la France envers les étrangers, ce pays dont elle a tant rêvé enfant et ado, sublimée à travers sa littérature,son théâtre, son cinéma, « l'appel métaphysique d'un ailleurs métaphysique d'un ailleurs meilleur, d'une terre et d'une terre de liberté », va vite laisser sa place à la désillusion, et ce détour en pays inconnu va dévier le cours de sa vie. Deux ans après sa venue en France, alors qu'elle est étudiante en philo à Nanterre, en 1967, elle va retourner en Israël, suite à la guerre des six jours, et tenter l'expérience israélienne en y immigrant le 13 octobre 1969.
Ce livre parle de la quête d'une sérénité, d'un pays où ne pas se sentir étranger,
d' un endroit qui ne serait plus terre d'exil , d'un sol qu'on aimerait et où les peurs sans mots de l'enfance seront à jamais apaisées. C'est la découverte d'un pays et surtout d'une langue mère manquante, l'hébreu,( « C'est facile et passionnant de découvrir comment ça marche une langue »).
Sur fond de références bibliques, Delpuech nous rapporte les paroles d'Abraham,
qu'être Juif c'est être un passant, un  étranger, un éternel voyageur.......non un exclu, un résident provisoire d'une terre dont il contribue à sa richesse (“Naître et mourir étranger, un destin humain, biblique”). Elle-même récidivera et retournera en France et désormais poursuivra son voyage avec l'écriture. Sa patrie seront désormais les mots, “sans barrières, sans passeports, sans frontières”, ces mots avec lesquels elle jongle à travers trois langues, le turc, l'hébreu et le français et nous donne le plaisir de lire ses superbes traductions. Un très, trés beau texte, émouvant !
















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