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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On peut dire que Véronique Pittolo n'a pas froid aux yeux, elle se lance dans un roman dont la particularité est son originalité. C'est vrai sur le fond et sur la forme.
Dans ce roman qui ressemble plutôt à un récit ou à un journal la narratrice va "A la piscine avec Norbert". C'est donc l'histoire d'un lieu et d'une relation, c'est aussi une façon de raconter le monde actuel comme elle le perçoit.
Certes, les événements qu'elle évoque datent un peu puisqu'il s'agit des gilets jaunes, de l'incendie de Notre-Dame, de la réforme des retraites et de la grève des transports de 2019. Pour autant, cela ne m'a pas vraiment dérangée puisque j'ai considéré ce texte comme un kaléidoscope psychosociologue, en témoignage d'une époque.
L'époque est celle du développement des relations virtuelles et c'est sur Meetic que la narratrice rencontre tous ses amants. Elle est célibataire sans enfant, approche la soixantaine et fait tout pour garder la forme (ce qui explique la piscine) car elle est addicte au sexe. La bite de Norbert (qui semble un peu balourd) lui convient bien d'autant plus qu'il l'accompagne trois fois par semaine à la piscine des Amiraux dans le 18ème arrondissement de Paris, un exutoire qui lui permet aussi de garder la fesse ferme.
Ses fesses elle les utilise régulièrement avec Vincent, Axel, Giorgi, Django, JeanGé, Grégoire, Brian, Étienne… des aventures individuelles trouvées sur Meetic. Dans un langage cru et drôle, on a le droit à tous les détails, les bandeurs mous ou éjaculateurs précoces entre deux performances périlleuses.
Mais elle revient toujours à Norbert parce qu'avec lui elle discute beaucoup, même s'il est peu réceptif à ses préoccupations socio-économiques qui la rattachent à la vraie vie. Il faut dire que notre héroïne passe son temps à divaguer, à refaire le monde. À la piscine, elle voit bien que les douches publiques ne sont pas accessibles à ceux qui en ont le plus besoin parce qu'ils sont à la rue, elle s'interroge aussi sur l'argent brassé par les actionnaires et les patrons du CAC 40. Elle craint pour sa retraite de 900 et quelques euros et je la comprends. D'ailleurs, je trouve que ce qu'elle dit est juste.
Ce qui est surprenant, c'est que sous ses airs de blanche, parisienne gauchisante qui part souvent en vrille, elle est sympathique et je n'ai pas lâché ce livre intriguant.
C'est vrai que l'écriture de l'autrice dérange parfois (ce qui m'a le plus énervée c'est sa façon d'abuser des parenthèses) mais, a contrario, elle nous entraîne sur un terrain sinueux qui permet aussi de sortir de sa zone de confort comme dans la littérature expérimentale.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre d'une opération masse critique.


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Une femme, cinquantenaire, moulée dans son maillot de bain Décathlon, nage dans sa ligne d'eau pour nageurs moyens. Elle laisse aller son corps dans l'eau de même que ses pensées.
A quoi peut donc penser cette femme en nageant? A la vie qui va, la sienne, celle d'une parisienne intello mais vivant de petits boulots, à sa silhouette encore mince alors que d'autres silhouettes tout aussi minces font la queue devant la piscine dans le secret espoir de pouvoir prendre une douche parce que sans abri. Elle pense à sa retraite future, bien mince, ses rencontres Meetic parce que, quand même, le sexe ça compte dans sa vie.

Quand elle ne nage pas, elle discute avec Norbert, amant chaud comme un lapin mais pas toujours synchrone quant à ses discussions. le foot super, Houellebecq non, pas quand même. Qu'importe, ils s'entendent bien au final, autant sexuellement ( parce que la performance l'importe peu) que pour un quotidien fait de quelques petites joies ( il vole la nourriture pour son chat au Franprix).

Le roman de Véronique Pittolo n'est pas fait pour les lecteurs qui aiment les histoires classiques, bien calibrées et bien pensantes. Ici, c'est juste un moment de vie qui démarre par le calcul d'une future très maigre retraite et qui finit par l'envie très forte d'une grève générale. Petit condensé d'un parfait petit anti libéral qui ne cesse de trouver le monde alentours bizarre, l'héroïne pointe malicieusement du regard toutes les absurdités d'un monde inégalitaire dont on semble hélas se satisfaire et contre lequel elle essaie de lutter.

Nous vagabondons au fil de ses pensées, dans un texte totalement libre, s'affranchissant de toute narration classique pour surprendre, divertir, faire sourire avec une petit air mutin et moqueur absolument délicieux. Léger comme la nageuse dans sa ligne qu'elle franchit symboliquement par ses pensées, le roman est également un portrait de femme dite vieillissante ( pour les canons jeunistes actuels) qui ne renonce à rien et surtout pas à sa sexualité qu'elle aborde franchement et avec un sens piquant du détail.

Original ( et sans doute déroutant pour des lecteurs qui aiment les sentiers battus et rebattus), " A la piscine avec Norbert" est une petite friandise acidulée qui fait du bien dans ces moments de conformisme rampant.
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Je suis ravie de vous parler de ce roman de Veronique Pittolo, « à la piscine avec Norbert », que j'ai reçu il y a peu , dans le cadre de l'opération masse critique organisée par Babélio et les éditions du Seuil. Mille mercis de m'avoir permis de découvrir en avant-première ce récit et cette auteure !

Ce texte est un récit à la fois court et .......surprenant .

La piscine est le thème majeur de l'histoire.
Pour l'héroïne, ce lieu est une parenthèse, et un exutoire. Elle lui permet de réfléchir sur le monde, et elle est un petit peu son monde.
À la piscine, elle entretient son corps, et son esprit . Elle s'y sent bien. Elle évacue. Elle existe. Elle tient à son image, à paraître « jeune », belle , malgré son âge.

Quand on se plonge dans le texte, on se rend vite compte que la narration est décousue.
La narratrice nous livre ses réflexions au rythme de .......ce qui lui vient à l'esprit . D'un détail bien particulier , elle nous amène à réfléchir à des sujets bien plus vastes.

J'ai aimé le fait qu'elle soulève certaines incohérences de notre société actuelle, par exemple au début du récit : « Des réfugiés (Africains, Pakistanais, Syriens) attendent l'ouverture des douches publiques. La piscine est ouverte aux Blancs qui musclent leurs fesses, mais les douches publiques sont fermées pour problème technique. » ; de telles incohérences, la narratrice en évoque quelques unes qui sont amenées avec des jeux de mots, des jeux sur les mots que j'ai beaucoup appréciés.
Parfois, ses réflexions m'ont fait sourire , je pense notamment à celle-ci, « le vocabulaire économique et financier me laisse perplexe, j'ai l'impression que les décisions à Matignon sont vite approuvées et votées (on accepte facilement ce qu'on ne comprend pas très bien....) .
Je songe également à son évocation du « barbu libéral en Nike » ........

Certes, cette lecture part un peu dans tous les sens , mais j'ai été sensible à la plume de l'auteure et donc à ses jeux sur les mots (bien plus qu'à l'évocation du sexe, du CAC40 ou du calcul des retraites ) . C'est ce que je retiendrai de cette découverte, un style d'écriture particulier, franc et subtil , pour dire le monde actuel comme si on était attablé à la terrasse d'un café et qu'on disserte sur la vie en 2019 .
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Je remercie tout d'abord Babelio et les Editions du Seuil pour cette masse critique privilégiée.
Cette lecture me sort clairement de ma zone de confort, elle me bouscule et me touche en même temps. Les chapitres sont courts, incisifs. Il n'y a aucun détour qui est fait. Les mots ne sont pas choisis au hasard, ils sont crus et percutants. L'auteure n'a pas pour autant oublié de placer quelques notes d'humour.
C'est étonnant mais on ne connaît pas le prénom de l'héroïne, peut-être un moyen à chacun de pouvoir s'identifier à cette femme. Dans ce court livre, elle nous raconte ce qu'elle fait avec Norbert qu'elle a rencontré sur Meetic. Ils sont différents et pourtant cela fonctionne bien entre eux.
Un texte teinté de féminisme qui apporte le sourire. J'ai beaucoup aimé découvrir ce roman.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Roman de cette rentrée littéraire de janvier, A la piscine avec Norbert a su me surprendre ! Tout d'abord je ne sais pas si nous pouvons réellement parler de roman mais nous avons plutôt affaire à un récit : les réflexions de notre héroïne, cinquantenaire célibataire, sans enfant, qui enchaîne les longueurs à la piscine et les rencontres sur Meetic. le style, drôle et pinçant, jouant sur les mots, permet de parcourir les chapitres avec fluidité. Tous les sujets y passent : les gilets jaunes, le capitalisme, l'immigration, le sexe, la retraite, le diktat de la jeunesse, les injustices du monde qui nous bouleversent tant que cela n'empiète pas sur notre quotidien. J'ai apprécié cette approche originale, sous forme de discussion avec son amant Norbert. L'auteure n'approfondit pas les sujets mais laisse le lecteur s'approprier les pistes de réflexions. le ton franc, sans filtre, m'a bien plu par sa singularité.
J'ai cependant regretté un abus dans l'utilisation des parenthèses, un retour en boucle sur certains sujets à partir de la moitié du récit et un texte un peu court.
Je le conseille donc comme petite lecture d'un soir, pour un retour piquant et divertissant sur les années 2018 et 2019.
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Livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique Babelio (je tiens évidemment à remercier les éditions Seuil pour cet envoi), le résumé prometteur m'a fait débuter ma lecture avec beaucoup d'attente. Une femme en pré-ménopause, qui divague sur les sujets de la vie avec son copain Norbert, tout ça résumé avec humour, sur le papier, ça a l'air sympa. Mais c'est malheureusement pour moi une lecture en demi teinte, puisque je n'ai pas réussi à accrocher franchement à cette dernière. On nous y présente donc cette femme, sans nom, à la description vague hormis qu'elle aime prendre soin de son corps (et c'est un peu obsessif), qu'elle est proche de la soixantaine et qu'elle adooooore les parenthèses (un peu comme moi, donc ça va, ce n'était pas trop dérangeant). Elle représente surement bon nombre de sexagénaire, et c'est je pense une volonté de l'auteure pour que justement, ces sexagénaires puissent s'identifier plus facilement à notre héroïne.
Et cette héroïne, elle couche avec Norbert (mais pas que), elle nage avec lui (beaucoup) dans le grand bain de la piscine municipale où les douches ne sont pas accessibles aux sans abris ; et au milieu de ces parties de jambes en l'air et de ces mouvements de brasse (car le crawl n'est pas sa nage), ils discutent. Ils discutent du CAC 40, de leur maigre retraite à venir, de la place de la femme dans la société, du racisme... Car c'est un roman engagé qui tente de faire passer un bon nombre de message, société décortiquée par la femme blanche privilégiée (mais elle reste une femme, donc moins privilégiée qu'un homme blanc). le tout sous couvert d'un cynisme assez destructeur, puisque notre héroïne a une vision du monde pessimiste et semble lassée la plupart du temps.
Notre héroïne donc, semble assaillie d'un flot de pensée ininterrompue, presque désorganisée ; et je pense que c'est cela en partie qui m'a un peu perdu. Car même si les chapitres sont très courts, l'intense logorrhée de cette dernière (mais d'ailleurs, Norbert lui fait la remarque aussi) était peut être justement un peu trop exagérée. Elle est obsédée (le mot est fort mais si vous lisez le livre vous comprendrez de quoi je parle) par l'image de son corps, qui doit à tout prix rester ferme et beau, et c'est surement lié à un besoin de plaire ; car quand on vieillit, et notamment la femme par l'injonction de la société (comme elle le dit les mecs deviennent bedonnant mais personne ne trouve rien à redire), on a peur de ne plus plaire (alors évidemment ici c'est mon interprétation du livre, si ça se trouve l'auteure ne s'encombre pas du tout de tout ça mais c'est mon impression). Et puis, elle parle beaucoup cette femme, mais j'ai l'impression qu'elle n'entreprend aucune action... Elle regarde passivement, elle a une opinion mais elle ne fait rien.
J'aimerais vous parler un peu de Norbert, car j'ai retrouvé dans pas mal de critiques une aversion pour cet homme. C'est vrai qu'il est déjà, un homme (je vais me faire engueuler je sens), blanc qui plus est et en plus s'il a lui aussi la soixantaine, il fait partie de la génération des baby boomer (si vous voyez où je veux en venir : sa vie n'a pas du être trop compliquée). Il est lourd, il laisse trainer sa queue partout, il pense plus à son propre plaisir qu'à celui de l'héroïne (bon bah ça c'est dit) ; alors bien évidemment qu'on n'a pas du tout envie de l'aimer. Mais je pense que c'est l'auteure qui dresse ici la caricature de l'homme blanc moyen de la soixantaine, et que c'est totalement fait exprès : elle veut qu'on le déteste ! Pari réussi (pour moi du moins).
Au final, ce livre est tout de même bien écrit (n'enlevons pas à l'artiste son talent), avec pléthore de messages importants. Je voulais au départ mettre juste la moyenne, mais la réflexion qu'a entrainé cette chronique m'a fait augmenter ma note. Je dirais que finalement, la seule chose qui me dérange vraiment c'est le pessimisme ambiant. C'est totalement subjectif, car j'ai une tendance à être énormément optimiste ; mais le livre fait prendre conscience de beaucoup de choses.
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