Quelle voix m'appelle dans le lointain
je n'en peux rejoindre l'origine
je l'entends résonner dans mon cœur
pour réveiller des ombres endormies
Quel amour m'oblige sure la terre
quand je n'ai plus assez de foi
pour nourrir ma vie d'une lumière
dont parfois j'ai réglé mon sang
Où se cache le source qui ordonne
cette force à mes gestes consumés
tandis que mon âme demande silence
devant le mur d'une paix
Pour quel obscur dessein m'avoir donné
une part d'existence sous le soleil
à moi qui ne sais jamais vivre
que l'aigre étonnement d'être né
Le jour brûle au bout de mes doigts
sans bruit comme ferait la mort
cette usure remonte dans mes veines
le souvenir sans logis d'une tendresse.
p.20
Patrice CAUDA, France, (1925-1996)
Pour expliquer un air étrange, de Jean Pérol
La fin tombe à minuit même
est-ce pâques est-ce carême
le vent souffle le poème
et le meilleur de moi-même
j'abandonne quelques mots
quelques mots toutes mes tripes
sur le coin de mon bureau
la fatigue au cou m'agrippe
la nuit meurt où je chancelle
lentement la clarté danse
le chant du coq étincelle
à la pointe du silence
je me lève et ne lis rien
je caresse le papier
je me laisse où je suis mien
et par au travail à pied
c'est bonjour à ma carcasse
c'est salut à l'homme creux
se retournent quelques garces
oui bonjour bonjour monsieur
la peau vide qui s'en va
les orbites sans regard
et la cage où rien ne bat
m'ont donné cet air bizarre.
1326 - [p. 73]