Vous manquez d'idées pour vos prochaines vacances ? Marre de la Côte d'Azur ou des stations balnéaires espagnoles ? Soif d'exotisme et de dépaysement, loin des sentiers battus ?
J'ai ce qu'il vous faut :
Knockemstiff, Ohio (39°16'04''N, 83°07'09''W)
Bon, avant de me remercier et de réserver vos billets, jetez quand même un oeil au présent recueil de nouvelles, sorte de guide touristique infernal tout droit sorti du cerveau un peu dérangé (sauf vot' respect, M.
Donald Ray Pollock !) d'un écrivain qui, vraiment, voit le diable partout et tout le temps.
Knockemstiff (à vos souhaits !), c'est ce bled paumé en bordure de la route 50, quelques bicoques branlantes et des caravanes déglinguées groupées entre de l'épicerie de Maude et le sordide Hap's Bar (bizarrement, aucune référence à ce jour sur TripAdvisor...), non loin d'un abattoir et d'une usine de pâte à papier.
La population locale ? Une poignée d'habitants plus ou moins arriérés, des ados rebelles aux comportements autodestructeurs, des pères violents, camés aux opiacés la moitié du temps et saoûls l'autre moitié, et des mères de famille dépravées et dépressives... Ca fait rêver hein ? Tous ont des envies d'ailleurs, mais aucun ne parvient à s'éloigner durablement de ce "méchant petit arpent du bon Dieu", où l'on reste invariablement enlisé, accrochés "comme des champignons collés à un tronc d'arbre pourri".
Chacune de ces 18 nouvelles au vitriol, écrites d'une plume rageuse et sauvage (à la première ou à la troisième personne), est centrée sur l'un des habitants de ce village maudit. On retrouve cependant de temps à autre quelques clins d'oeil à des personnages récurrents, qui font le lien entre ces différentes histoires d'une noirceur proprement délirante, et toutes placées sous le signe de l'immoralité crasse et des drogues en tous genres...
Ainsi, si vous visitez un jour
Knockemstiff, vous aurez peut-être la joie de croiser la route d'un vagabond un peu simplet, d'un bodybuilder accro aux stéroïdes, d'un faux cow-boy allergique au crin de cheval, de jeunes toxicos paumés ou encore d'un jeune pompiste amoureux : une chose est sûre, vous ne vous ennuierez pas !
Ce premier livre de
Donald Ray Pollock, féroce et piquant comme je les aime, est donc à mes yeux une vraie réussite : il offrira aux amateurs de "dirty-realism made in USA" un excellent aperçu de ce que peut produire cet auteur talenteux à l'écriture brute, sans fioriture ni compassion. Lui-même originaire de
Knockemstiff, il est sans aucun doute le mieux placé pour nous plonger dans le quotidien dément de tous ces oubliés du rêve américain, et pour sauver ce qui peut encore l'être dans cette véritable cour des miracles.
Je sais pas si je vous ai bien vendu le truc, mais si lors de vos futures vacances vous passez par
Knockemstiff, envoyez moi une carte postale !