Ce qui nous attire dans [notre]enfance (...) vient aussi de là : c'était le temps où le plus souvent silencieux, nous ressentions, observions sans l'écran du savoir et des mots, où tous nos sens étaient en éveil, où nous étions sensuels et visionnaires, où nous inventions le monde (p. 104)
Éros, petit dieu diabolique, a trompé Narcisse, lui faisant croire qu'on pouvait s'aimer, soi, alors que l'amour est ce qui porte hors de soi. (p. 45)
C'est le lot de l'enfance d'être soumis aux commandements, aux interdits, à l'arbitraire.
p. 43 : L'analyse, le rêve, l'écriture : trois mouvements actifs qui me déprennent du moi-même. Le moi s'y perd, le je s'y trouve (...)
D'où vient que nous élisions certains mots ? Qu'il y en ait à nos yeux d'aimables ou de détestables alors que d'autres ne nous disent rien ou plus rien et qu'il en existe de si lourds qu'il nous paraisse urgent de nous en délivrer ? (p. 13) ... d'où ce livre sous forme de lexique
Un congrès : au mieux, une réunion de spécialistes venus communiquer des informations censées être objectives, contrôlées, soumises à l'administration de la preuve; au pire, une foire où chacun vante ses produits.
Nous avons connu, nous retrouvons parfois des émotions aussi intenses que celles que nous éprouvions, enfants, quand nous plongions, étendus sur le sol, sur un lit, dans un livre pour nous y perdre, oublier notre identité, notre présent, notre famille.
Sens ne s'oppose pas à non-sens. En se donnant du mal, en se 'cassant la tête' on finira bien par lui donner un sens à ce non-sens. Sens s'oppose à informe, à vide de sens. (p. 87)
Si nous comprenions le monde, nous n'en ferions pas partie, nous qui sommes incapables de nous comprendre.
(p. 100)
La langue a son souffle propre, elle est mobile ; et, riche ou pauvre, elle peut tout dire ; elle est rencontre avec l'inattendu. Elle décontenance le concept (...) P. 19