Dépitée, je regarde le cadeau du Père Noël secret que j'ai balancé dans un coin de la chambre en rentrant : un lot de rouleaux de papier toilette avec une inscription du meilleur goût : "J'en ai plein le cul".
Ni vu ni connu, il emmène une fille chez les foldingos de Noël pour en faire offrande au dieu Santa Claus, et la fille on ne la revoit plus jamais. Mon dieu, ils vont me faire cuire comme une dinde de Noël !
- Il faudrait une très grosse broche, et beaucoup de marrons et de bûches.
– Nous sommes arrivés ! M’indique David en se garant devant un immense chalet dont la façade est éclairée de multiples guirlandes lumineuses blanches. Ca va ? Me demande t-il avec sollicitude après avoir défait sa ceinture de sécurité et s’être tourné vers moi.
-Tu es très verte… Tu devrais…
Je ne le laisse pas terminer sa phrase et ouvre précipitamment ma portière. Il me faut de l’air. Je suis immédiatement saisie par un froid polaire. A me concentrer sur la route tout en me récitant intérieurement des mantras contre les vomissements, je n’ai pas fait attention à la chute de la température extérieure.
Si respirer plein poumons me les gèle instantanément, cela a néanmoins pour effet d’apaiser un peu ma nausée.
– Tu es sûre que ça va ? me questionne David visiblement inquiet. Tu aurais du me dire que tu étais malade en voiture, je t’aurais avertie, pour les virages…
– Première fois en montagne. Mais ça va aller. Il me faut juste quelques minutes là-dehors, et… Déjà je me sens mieux.
Pour preuve, j’accompagne ma phrase d’un sourire et vomis aussitôt sur mes chaussures.
– Si c’est encore une stratégie pour que je ne tombe pas amoureux de toi, la bave suffisait, hein.
– Je préfère être sûre. Mieux vaut ne pas tenter le diable, je poursuis sur le même ton.
"Dans l'élan, mon corps est projeté vers l'avant , et faute de réussir à rétablir mon équilibre, je termine la tête la première et les fesses en l'air sur le canapé."
Ma mère, elle me répète inlassablement depuis au moins quinze ans que je serai même en retard le jour de mon enterrement. Ce qui, soit dit en passant, m'importe peu : quitte à mourir, autant faire attendre l'assistance.
Après réflexion, s’il fallait réécrire ces sept derniers jours, je ne changerais rien.
Et en privé ? on est bien d’accord que je n’aurai pas non plus à coucher avec vous ?
Et c'est reparti pour les clichés sexistes ! Il va falloir vous le dire en combien de langues ? Toutes les filles ne se languissent pas du prince charmant et ne voyagent pas avec quatre valises et vingt-cinq paires de chaussures. Ça va être quoi, ensuite ? La sensiblerie ? La peur des araignées ? L'absence de sens de l'orientation ? Non parce qu'on peut tous se les faire un par un, si vous le souhaitez.
La partie se poursuit ainsi pendant près d'une heure, les équipes enchaînant les dessins et les fous rires. Nous peinons à nous remettre du passage de Maddie, qui a tenté sans succès de faire deviner à Ludovic le titre du film Basic Instinct, en dessinant une femme sans culotte assise sur une chaise. L'absence de sous-vêtements se matérialisant sous son crayon par une toison pubienne apparentée à la forêt amazonienne .
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