"Ma mère me demanda, pourquoi je ne dessinai plus. Je haussai les épaules.
– C’est une réponse, Asher ?
– Je n’en ai plus envie, maman.
– Pourquoi n’en as-tu plus envie, Asher ?
– Je ne sais pas.
– Tu dessines vraiment très bien, Asher.
– Je déteste ça. C’est perdre son temps. Ca vient du sitra ashra. Comme Staline."
"- Je ne veux pas d’un tel fils.
– Je t’en prie, papa, je t’en prie ! Ne sois pas fâché avec moi. Je ne peux pas m’en empêcher.
– Ce sont les animaux qui n’arrivent pas à se contrôler. Pas les êtres humains.
– Je n’arrive pas.
– L’homme a de la volonté. Est-ce que tu comprends ce que je dis Asher ? Le Ribbono Shel Olom a donné à l’homme de la volonté. Tout homme est responsable de ses actions à cause de cette volonté ; il a la possibilité de diriger sa vie. Il n’existe rien que l’homme ne puisse contrôler. Ou alors, c’est qu’il est malade.
– Ma volonté me pousse à dessiner, papa. Je ne peux pas lutter contre elle."
Si le Rebbe nous dit de partir, nous partirons.
Les commérages, les rumeurs, les mythes, les nouveautés n’expriment jamais les nuances subtiles, et pourtant fondamentales, sans lesquelles il n’y a pas de vérité.
Le Rèbbe était l'être qui dirigeait la vie de mon père et qui pourtant lui avait enlevé le droit de diriger la mienne.
Regarde jusqu'où tu nous as conduits avec ta peinture. Jusqu'à parler de Jésus! Jusqu'à regarder leurs tableaux de femmes! La peinture c'est pour les goyim, Asher, pas pour les juifs.
" – Un petit Chagall.
– Qui est Chagall.
– Un grand artiste.
– Le plus grand du monde ?
– Il est le plus grand artiste juif du monde.
– Je veux acheter un de ces dessins. Est-ce que tu me le vendrais pour ça ?
Il sortit une pièce de sa poche et me la montra. Il prit un des dessins et mit la pièce à sa place.
– Maintenant, je possède un des premiers Lev, dit-il en souriant."
Nous devons lutter contre l'Autre Côté, Rivkeh! cria-t'-il en yiddish. Nous devons lutter contre lui. Sinon, il détruira le monde entier.
Asher, tu as un don. Mais je ne sais pas s'il te vient du Ribbono Shel Olom ou de l'Autre Côté. S'il te vient de l'autre Côté, alors c'est folie, folie dangereuse qui t'ecartera de la Torah et de ton peuple.
Il arrive qu'on croit être porteur d'un don exceptionnel quand on est jeune. Mais on ne s'y abandonne pas forcément. On ne sert pas seulement son intérêt personnel mais celui de son peuple. C'est ainsi que nous, juifs, nous vivons.