Un polar One Shot mélangeant finance parisienne, criminalité banlieusarde et terrorisme islamique. Un drôle de cocktail, qui avait toutes les promesses d'être détonnant. Je l'ai pourtant refermé avec un sentiment mitigé.
J'ai emprunté ce livre dans l'abonnement d'Amazon Kindle. Je sais qu'ils ne mettent pas les meilleurs polars, mais cela m'a toujours permis de découvrir quelques auteurs que je n'aurais pas osé acheter. Ce fut le cas avec ce polar. La quatrième de couv était intéressante. Il n'est pas bien long (250 pages), l'auteur a été primé, bref, le parfait livre pour un long voyage en train à travers la Suisse.
Pour le positif, j'ai beaucoup aimé l'écriture. J'y ai eu la sensation de bien découvrir des endroits que je ne connais absolument pas, que ce soit Versailles ou Trappes. Et cette alternance entre deux banlieues que tout oppose, deux mondes même est bien utilisée.
Sur le fond, les mécanismes financiers, toujours aussi incompréhensibles à mon sens, étayent bien l'intrigue, et assister à ce mélange de Big Short / 24h Chrono dans un paysage purement français m'a permis d'avoir des points d'ancrage qui m'ont fait tenir.
Toutefois, j'ai été déçu par les personnages :
Reda tout d'abord, que j'ai trouvé presque trop caricaturé :
j'ai trouvé qu'il basculait trop facilement, trop rapidement du style de la haute bourgeoisie travaillant dans la finance a la violence d'une banlieue, certes expliquée comme refoulée depuis sa jeunesse, mais une violence presque caricaturale. le décalage entre les deux faces de Reda m'a paru trop contrasté, comme s'il ne pouvait être soit tout l'un, soit tout l'autre. Soit costume cintré, soit jogging.
Enfin, ma plus grosse déception est le personnage de la commandante Johana. Les premières descriptions m'ont emballé : j'ai eu l'impression qu'on aurait à faire au vrai personnage principal, le personnage du flic fort et incorruptible de tout bon polar qui mènerait l'intrigue à son bout.
Mais elle fut reléguée au second plan. J'ai trouvé maladroit ses aventures entre le procureur et le financier. Cela n'a pas apporté grand-chose à l'intrigue, au contraire, j'ai eu l'impression que cela rabaissé même le personnage : elle qui a été celle qui s'est confronté avec délectation à l'arrogant et puissant McLeod, se retrouve prise d'un coup de foudre pour ce même personnage trop soudainement (« Elle resta un moment à penser à son enquête, mais pas que… »), pour devenir une sorte de buddy d'aventure dans la suite.
Mais je ne vais pas cracher dans la soupe : je l‘ai lu jusqu'au bout, avec le plaisir du polar noir et de l'action. Il aurait sans doute mérité d'être plus long pour éviter les raccourcis qui mont déplu dans les personnages. Mais mon train est arrivé à quai quand j'ai tourné la dernière page. Je redonnerai clairement sa chance à
Pierre Pouchairet avec une autre lecture.