Citations sur La porteuse de mots (31)
Son teint mat était rehaussé par un regard curieux : la nature, en effet, avait doté le jeune homme de deux yeux de couleurs différentes : l’un était olivâtre et l’autre noir. Cette curiosité de la nature avait pesé sur Séraphin dès son plus jeune âge et le fait que les gens le dévisagent ou qu’on le moque avait fait de lui un être renfermé et timide ; sa maigreur, ses membres qui pendaient en breloques comme s’il avait trop vite grandi, n’ajoutaient rien à son manque d’assurance. Son visage pourtant était beau : une bouche charnue, un nez droit, la mâchoire bien dessinée.
Chapitre 2
(...) : malgré l’heure matinale, la fontaine de la Halle était assaillie de monde ; ça chahutait, ça criait, ça se bousculait autant que dans une basse-cour à l’heure du grain. (...)
Chaque matin, c’était la même épreuve, la même bataille ! Paris ne comptait que quelques fontaines et tout un voisinage venait s’y pourvoir : porteurs d’eau à bretelles, comme elle, mais aussi les matrones avec leurs récipients domestiques.
Chapitre 1
Qui t'as mis en tête qu'un jour nous sortirons de notre condition ?
Elle se remémora le papier gras qu'elle gardait dans sa poche, puis l'ardoise, puis les livres prêtés par Enzo, ceux d'Antoine Vérard, jusqu'en Italie, ceux d'Aldo Manuzio jusqu'à Paris... Au fil du temps, la porteuse d'eau s'était faite porteuse de mots...
Certes on peut s'asseoir au pied de la montagne et pleurer sur son triste sort, mais on peut aussi lever la tête et se dire: "là, je suis au plus bas, donc je ne peux que m'élever."
« Nous avons tous notre boussole ; si elle nous indique la direction à suivre, elle ne transporte personne nulle part et c'est à nos pieds de faire l'effort pour atteindre notre but, patiemment, pas à pas. Le royaume du possible est en chacun de nous à condition que nous le voulions : non par des formules et des bonnes intentions, mais par des actes. Sache que chaque rêve a un prix : celui de l'effort. »
« Trop rigoureux pour persévérer seul dans cet âpre mission, Manuzio comprit rapidement qu'il n'en viendrait à bout qu'en s'adjoignant pour collaborateurs les hommes les plus savants de son époque. Le monde changeait, la science progressait, l'homme n'était plus l'instrument de Dieu mais devenait le centre du monde, l'acteur de sa propre vie. On s'ouvrait sur un nouveau courant de pensée, on redécouvrait les philosophes grecs et romains, et Manuzio eut l'idée de les traduire pour offrir leurs oeuvres au plus grand nombre. »
Une mélodie n’est musique que parce qu’elle est composée avec des notes différentes, une alternance de sons doux, de sons forts, ainsi que des silences qui, se liant et se succédant, forment une harmonieuse unité. De même, si notre vie ne se résumait qu’à des choses heureuses, comme un son identique répété à l’infini, à quoi ressemblerait la musique de notre vie ?
je demande l'acquittement de ma cliente, Madame Truie, ici présente. Cette pauvre bête, qui vit à la campagne, n'a reçu aucune instruction. On ne lui a pas non plus enseigné les Saintes Ecritures et par conséquent elle ne peut discerner le bien du mal. Ma cliente ne peut donc être déclarée coupable !
[XVe siècle] Grâce à l'innovation apportée par le bouton, et qui permettait d'assembler les vêtements sans qu'on ait plus besoin de les lacer, l'habillage était devenu un jeu d'enfant ; il permettait notamment de changer uniquement une partie d'une tenue, telles les manches, plus vite salies. De là l'expression : "C'est une autre paire de manches". (p. 111)