La porteuse de mots

Oui, Enzo avait encore eu raison : il ne suffit pas de déchiffrer les mots, il faut en saisir le sens profond. Pour Manuzio, les mots étaient comme l’ivoire que polissait Hermance : il fallait y revenir avec persévérance, encore et encore, jusqu’à ce que la surface en devienne lisse et parfaite.

Troisième partie
Chapitre 2

Le monde changeait, la science progressait, des idées nouvelles s’installaient dans les esprits, l’homme n’était plus l’instrument de Dieu mais devenait le centre du monde, l’acteur de sa propre vie.

Troisième partie
Chapitre 2

(...) Érasme leur avait raconté que lorsqu’il s’était établi à Venise, dix ans auparavant, Aldo Manuzio n’avait aucune connaissance de l’imprimerie ; pourtant, cette difficulté ne l’avait pas arrêté ; il savait d’expérience que les livres manquaient à ceux qui voulaient apprendre, la plupart des manuscrits étant réservés aux riches ainsi qu’aux universitaires. Il résolut de mettre sa propre érudition au service du plus grand nombre avec des ouvrages de qualité, et ainsi Manuzio se lança-t-il dans l’imprimerie, trouvant où il l’avait pu des appuis financiers, avec conviction et énergie. Le savoir, pour lui, devait être accessible à tous.
On s’ouvrait sur un nouveau courant de pensée, on redécouvrait les philosophes grecs et romains, et Manuzio eut l’idée de les traduire pour offrir leurs œuvres au plus grand nombre.

Troisième partie.
Chapitre 2

— Leonardo est plus qu’un peintre ! Ici en Italie on le décrit comme l’homme le plus talentueux de notre époque, et pas seulement en peinture… Mais passons ! Sais-tu que Leonardo, avant d’être le génie qu’il est devenu, a été employé dans l’atelier de Verrocchio où on l’a assigné, non pas à la peinture, mais au nettoyage des pinceaux et autres menus travaux d’apprenti ? (...) … Ses corvées, ajoutées à un œil toujours en éveil, lui ont permis de s’initier aux techniques pratiquées par le grand maître, les préparations de couleurs, le dessin, le menant au sommet de son art sans que pour autant il ait jamais fait d’études universitaires…

Troisième partie. chapitre 1

Concentré dans la lecture attentive d’un livre, l’éditeur ne releva pas la tête à l’entrée de la jeune fille. Plus loin, attablés à des écritoires dans un silence religieux, des enlumineurs décoraient des feuillets.

Chapitre 4

Le procès débuta avec le rappel des charges et l’accusation de Jeannerotte, qui disait avoir trouvé un œuf pondu par un coq dans le poulailler de Richarde ; nul n’ignorait que tout œuf pondu par un coq, chose contre nature, était l’œuvre du diable, et qu’il en sortirait un coq à queue de serpent, autrement dit un basilic. Un huissier apporta un panier recouvert d’un linge, qu’il souleva pour présenter la preuve, provoquant la stupeur de l’auditoire. Les juges se penchèrent avec frayeur, craignant sans doute l’éclosion de l’œuf ! S’y ajouta la faute de Richarde laquelle, au lieu de se contenter des remèdes de l’Église – eau bénite, prières, évocation de tous les saints –, s’obstinait à préparer ses breuvages maléfiques qu’elle vendait au voisinage. De plus, n’avait-elle pas engendré un fils avec des yeux de couleurs différentes ? Voilà bien une preuve évidente de sorcellerie !

Deuxième partie
Chapitre 2

— Ne cesse jamais de rêver, ma fille ! Moi je n’ai pas pu faire mieux que ce que j’ai fait, mais toi, tu peux aller plus loin…
Pernelle lui sourit, puis sourit à son frère. Un peu de chaleur, de joie, illuminèrent leur foyer ce soir-là…

Chapitre 4

Le royaume du possible est en chacun de nous à condition que nous le voulions : non par des formules et des bonnes intentions, mais par des actes. Sache que chaque rêve a un prix : celui de l’effort !

Chapitre 4

(...) je te parle d’une montagne magique ; à mesure qu’on la gravit, on respire mieux, on se sent plus fort, plus sûr de soi ; et plus on monte, et plus on a envie d’aller encore plus haut. Car plus tu vas vers son sommet, mieux tu peux voir les paysages qui s’étendent jusqu’à l’horizon, grandioses, et qui te rendent heureux comme rien au monde ne pourrait le faire sinon l’amour. (...)
C’est la montagne du savoir, elle est dans le cœur de chaque homme qui a envie d’apprendre…

Chapitre 4

La cloche arracha Pernelle à son tracé appliqué : (...). La leçon avait à peine duré une demi-heure mais pour Pernelle, une porte s’était ouverte sur un monde nouveau.

Chapitre 3