Les annales du Disque-Monde, Tome 29 : Le régiment monstrueux

- Fette bière, dit Igor sur sa droite, a goût de piffe de feval.
Margot recula. Même dans un tel bistro, ces propos pouvaient entraîner la mort.
- Oh, tu t'y connais, hein ? fit le tenancier en se penchant au-dessus du jeune engagé. Déjà bu d'la pisse de cheval, hein ?
- Oui, répondit Igor.

Elle se servit ensuite du mouchoir humidifié pour essuyer une trace sur la figure de Blouse et s'aperçut au même instant de ce qu'elle faisait. Pas moyen de revenir en arrière. Un seule solution: continuer.
" Très bien, dit-elle avec rudesse. Vous avez tout?
- Oui, Barette.
- Vous êtes allé aux cabinets ce matin?" poursuivirent ses lèvres tandis que son cerveau se ratatinait de trouille à l'idée d'une cour martiale. Je suis secouée, se dit-elle, et lui aussi. Alors je me raccroche à ce que je connais. Et je ne peux pas m'arrêter...
"Non, Barette, répondit le lieutenant.
- Alors il faudra y aller sans faute avant qu'on prenne le bateau, d'accord?
- Oui, Barette.
- Allez-y, alors, vous serez un gentil lieutenant."

Elle resterait marrante tant qu'elle serait incompétente, et en sécurité tant qu'elle serait marrante.

- Sam Vimaire, envoyé extraordinaire, comme une espèce d'ambassadeur mais sans les petits chocolats dans du papier doré

- [...] Il connaît d'autres moyens de mener une guerre. Et moi, je connais... des gens.
- Ah. Tu veux parler de gens façon "Parole, je ne suis pas homme à mentir, mais je connais des gens" ?
- Ce sont ceux-là auxquels je pense, oui.

Le général Froc était peut-être une femme, mais aussi, comme aurait dit Blouse, un peu vieille. Elle ployait sous le poids des ans, voire celui de ses épaulettes.

On ne pouvait pas dire à présent que tout était rose, plutôt que rien n'était plus noir.

- Tout ça, c'est des putain de conneries, général...
- Hrumph ! fit Froc.
- Quoi donc ? s'étonna Rambour.
- Il y a des dames, général. C'est d'ailleurs, haha, le problème.
- Putain, oui ! commenta Biroute.

- Est-ce une question bien à propos, commandant ? lança le général.
- Je l'ignore, mon général, répondit Socqueton. C'est pourquoi je la pose.

Margot soupira.
- On est toutes des femmes, mon commandant. Vraiment des femmes. Pas des hommes déguisés en femmes. Et, pour l'instant, je ne veux pas mettre de pantalon, parce que je serais alors une femme déguisée en homme déguisé en femme déguisée en homme, de quoi m'embrouiller tellement que je ne saurais plus comment jurer. Et j'ai en ce moment une grosse envie de jurer, mon commandant, une très grosse envie.