ALORS CA Y EST.
Oui, c'est fini. Ce roman est le dernier roman du disque-monde qu'ait écrit
Terry Pratchett. Et franchement, ça se sent.
Ce tome raconte donc comment Moite von Lipwig, déja patron de la Poste et de la Banque d'Ankh-Morpokh, met le pied à l'étrier à la compagnie hygénique des trains d'Ankh-Morpokh, financée par Henri Roi (le roi de la rivière d'or) et pensée par un petit gars bien malin. Il y a donc évidement moult descriptions de la façon dont les habitants de la cité centrale du Disque-Monde s'adaptent au rail. Il y a aussi, bien sûr, un vague bout d'intrigue emmenant Moite voir d'autres endroits, rencontrer d'autres gens et, globalement, bouger dans tous les sens pour distraire son public des détails importants. Autrement dit, une recette classiquement morpokhienne.
Pourtant, on sent dans ce roman des différences, un ton peut-être plus ... sinistre.
Il y a par exemple une allusion assez transparent au terrorisme, que j'ai trouvé particulièrement bien trouvée dans le disque-monde, montrant bien le peu de réflexion dont font preuve les gens qui choisissent ces moyens d'action.
Il y a également des considérations glissées par Moite (peut-être le plus autobiographique personnage du Disque-monde) en faveur d'une forme d'entrepreneuriat raisonné, de la vision de la vitesse et de l'implication capitaliste comme leviers de progrès et de bien-être, qui sans être gênants, n'en sont pas moins (enfin ?) des aperçus de la pensée réelle de l'auteur.
Et en fait, ça m'a un peu gêné. A moins que ça ne m'ait attristé.
En effet, ça a révélé en
Pratchett, qui a toujours été un critique acerbe de chacun des faits présenté dans son monde de carton-pâte, un homme aux opinions assez classiques. Et ce qui est gênant là-dedans, c'est qu'en passant du miroir déformant de la satire à un ton un peu plus direct, il adopte une espèce de position de vieux sage que j'ignorai jusqu'à présent, et qui mérite, contrairement à la satire, d'être discuté pour ce qu'il est : une opinion, certes d'un auteur dont j'admire le style depuis bien longtemps, mais une opinion sur le fonctionnement du monde. Et ce qui est bizarre, c'est que c'est un des aspects que critique ce roman.
Du coup, j'ai de ce tome une vision un peu plus mitigée que celle que j'ai pu avoir de tous les précédents.