Back to basics !
Retrouver ce bon vieux Rincevent. Mage à la petite semaine, plus claqué que Marie Trintignant.
Le pauvre bougre s'est fait virer de l'Académie de magie après avoir joué les mariolles dans la bibli. Il s'est frotté d'un peu trop près à un grimoire. Or, vous connaissez comme moi ce qui peut se passer quand on se frotte un peu fort à la littérature....
S'il en avait, ses potes auraient pu lui dire '' Joue pas au con, tu va encore gagner.''
Âme en peine au regard de chien battu il se balade avec des frusques de magicien cheap. L'étoile au bout de son chapeau est aussi terne et sans éclat que son talent, un peu tout l'opposé de son créateur, l'incommensurable
Terry Pratchett.
Squattant un des rades les plus miteux d'Ankh-Morpork, le tambour crevé, il trompe l'ennui à lampées de ce qui s'apparente en terme de saveur à de la bière déjà degueulée.
Mais un p'tit nouveau s'pointe, tout frais pimpant, rupin, bin propre sur lui toussa toussa, autant dire qu'il fait tâche sur le paysage et qu'il fout un strabisme à tous les zozos dans l'ambiance interlope du coin. Mais chacun veut croquer dans la galette, et des p'tits malandrins à D'Ankh-Morpork, tu shootes dans une poubelle, y'en a 100 qui sortent. Vous visez un peu l'affaire ? Notre Rincevent et son don pour les langues va donc servir de guide touristique, et ils vont en voir du pays.
Pratchett signe ici le premier tome de l'immense saga des Annales du Disque-Monde et c'en est un peu dommage.
Heyyyy, holaaaaaaa, calmos, ravalez votre venin et retenez-donc la huée de désapprobation qui vous dévore la gorge le temps que je m'explique. Pitié.
Un premier bouquin c'est comme un épisode pilote, c'est censé séduire, aguicher, hameçonner ou harponner c'est selon l'envergure du lecteur.. Ce qui est dommage ici c'est que ce n'est pas vraiment le cas et que ça a du laisser plus d'un.e intéressé.e sur le carreau, et c'est fort dommage, car c'est une sacrée saga. Surtout par les temps et les PAL qui courent convaincre immédiatement est de plus en plus une nécessité.
Si on y retrouve un bestiaire fantastique des plus convaincants, et un humour anglais que je trouve très réussi, distillé tant avec régularité qu'habileté, il n'en va hélas pas de même pour la construction narrative.
Sans rentrer dans un détail pénible j'ai trouvé les parties inégales et les péripéties souvent trop nombreuses, le lore mal amené et le tissu narratif ma foi bien décousu par endroits.
En résulte de très bonnes idées, on oscille entre le picaresque et le grand-guignolesque donc on se garantit là une bonne tranche de rigolade, d'événements, de lieux, de, de rebondissements, mais avec une surenchère un peu agaçante façon matuvu. Pas mécontent d'en être arrivé au bout, et franchement rassuré à l'idée de ce qui m'attend pour la suite.
En somme un premier tome qui montre toute l'étendue de la créativité débordante d'un auteur majeur en fantasy, mais un peu bâclé sur certains aspects. Fort heureusement les tomes peuvent être lus indépendamment et de belles surprises attendent donc les newbies curieux ou les fanatiques patients. Il existe même un guide de lecture, dispo sur le site de l'éditeur - L'Atalante- qui indique quels volumes attaquer pour suivre une des séries de cet super univers qu'est le Disque-monde.
Pour ce qui est du lore, et plus particulièrement des personnages pas de craintes, le Vade-mecum nec plus ultra, volume indépendant de celui-ci fait office d'encyclopédie et permet de s'y retrouver facilement si nécessaire donc pas d'excuses, hehe.
J'espère que ce retour ne vous aura pas refroidi car ce n'est pas le but, c'est plutôt un encouragement à vous indiquer que la rampe de lancement est la bonne mais que c'est normal si ça patine un peu au démarrage, c'est dû aux fuites de magie.