Pratique des Arts Hors série n° 6

Tout a-t-il été déjà dit au sujet de l'aquarelle ? On a bien sûr, loué ses qualités, applaudi ce médium le plus à même de retranscrire la lumière et capable d'opérer une symbiose parfaite de l'eau et des pigments, faisant surgir des visions à la fois puissantes et délicates.
Mais alors pourquoi l'aquarelle n'arrive-t-elle toujours pas, aujourd'hui, à se débarrasser de cette image de croquis coloré préalable à l'oeuvre finie, de "croqueton", pour reprendre l’expression des frères Goncourt ? Les raisons sont sans doute en partie historique. Pour paraphraser la pensée de Pierre Rosenberg, dans un de ses ouvrages, nous avons eu, en France, un David mais pas de Turner, Un Gustave Moreau mais pas d'Emil Nolde. La France, avec sa tradition artistique séculaire, a-t-elle assuré la primauté du dessin et de la grande peinture à la composition bien assise au détriment des libertés de l'aquarelle ? Peut-être.