Nuit sans fin

Harriman se sentit soudain dans la peau d’un chercheur d’or qui vient d’entrevoir un filon. Il ne lui restait plus qu’à creuser un peu. L’expérience lui avait montré que le mieux, en pareil cas, était encore de garder le silence plutôt que d’insister en posant au témoin une question directe. Le silence fait invariablement parler les gens.

Elle a passé ses études à s’amuser, et a uniquement obtenu son diplôme parce que son père avait financé une nouvelle bibliothèque à son université. Elle a ensuite vadrouillé pendant deux ans à travers le Vieux Continent en passant du lit d’un bon à rien à celui du suivant. L’année d’après, elle est restée scotchée à la faune des clubs d’Ibiza avant de rentrer en Amérique et d’alimenter le PNB de la Colombie avec l’argent de papa.

Il est de notoriété publique que ce type est une ordure de première. Il a ruiné un tas de gens en rachetant des tonnes de compagnies contre le gré de leurs créateurs. Il a très bien pu chatouiller des personnes sensibles qui auront voulu se venger en tuant sa fille.

Les analyses sanguines ont révélé la présence de cocaïne à l’époque, mais elle n’a pas été inquiétée. Nous sommes en train d’établir la liste des personnes qu’elle fréquentait. Elle attirait pas mal de sangsues. Pour la plupart des gosses de riches de l’Upper East Side et des racailles européennes.

Pour qu’il décapite sa victime, l’assassin était un malade qu’il ne serait pas difficile d’identifier. Et s’il s’avérait que la victime était une fille de bonne famille, les gars du labo mettraient les bouchées doubles, ce qui n’était pas un luxe, connaissant la lenteur des services de police scientifique du NYPD.