J'avais passé des années à préparer l'Homme Transporté puis sa suite moderne, ainsi que ma carrière en général, sans songer une seule fois que fonder une famille risquait de réduire tous mes plans à néant.
Dans l'expression du chagrin se trouve sa guérison même.
J'ai fait et refait mes calculs plus de dix fois. Alley les a vérifiés, lui aussi. Nous nous trouvons confrontés au cauchemar de l'expérimentateur scientifique : une dichotomie inexplicable entre la théorie et les résultats pratiques. (p. 361)
Ce n'est pas un endroit pour un enfant imaginatif.
Corridors et escaliers mal éclairés, alcôves et recoins cachés, tentures sombres et vieux portraits obscurcis, tout cela dégageait une impression de menace oppressante. (p. 188)
Quelle importance, de nos jours ou à l'époque, si deux prestidigitateurs ont consacré leur vie à s'entre-tuer ? Le mépris, la haine ou l'envie qui occupaient autrefois ces deux hommes ne concernent en rien leurs lointains descendants, dotés d'une existence et d'occupations personnelles. Sans doute ; le bon sens le veut ainsi, mais les passions du sang échappent à la raison. (p. 181)
Ce n'est pas le secret technique qui rend la magie merveilleuse, mais le talent avec lequel on la pratique. (p. 100)
Dès l'abord, sans avoir couché sur le papier le moindre mensonge, j'ai entamé la description de la tromperie qu'est ma vie. Le mensonge est inclus dans ces mots - dans les tout premiers, même. Bien qu'il ne soit nulle part apparent, il constitue la trame du récit.
Je vous ai égarés en parlant de vérité, de comptes rendus objectifs et de motivations. Tout comme lorsque j'exhibe mes mains vides, j'ai omis l'information significative, si bien que vous regardez à présent au mauvais endroit. (p. 59)
Il est temps de marquer une pause, bien que je n'en soit guère qu'au tout début, car ce récit n'est pas censé être l'histoire de ma vie à la manière des autobiographies habituelles mais, comme je l'ai déjà dit, le compte rendu de mes secrets. Le secret est inhérent à mon travail.
Aussi, permettez-moi de décrire tout d'abord la méthode selon laquelle je rédige ce manuscrit. Du seul fait que je dépeins des choses jusqu'alors dissimulées, on pourrait conclure que je me trahis moi-même si, étant illusionniste, je n'affirmais que vous verrez ce que je voudrais bien vous laisser voir et rien de plus. Énigme implicite. (p. 56)
J'envisage de me tuer. Si les pages suivantes sont vierges, quiconque découvrira ce journal saura que j'ai réussi.
Chaque tour de magie comporte trois parties ou actes :
La première s’appelle la promesse : le magicien vous présente quelque chose d’ordinaire, un jeu de carte, un oiseau ou un homme. Il vous le présente, peut-être même vous invite-t-il à l’examiner, afin que vous constatiez qu’il est en effet réel, oui, intact, normal. Mais il est bien entendu loin de l’être.
Le deuxième acte s’appelle le tour : le magicien utilise cette chose ordinaire pour lui faire accomplir quelque chose d’extraordinaire. Alors vous cherchez le secret, mais vous ne le trouvez pas parce que, bien entendu, vous ne regardez pas attentivement, vous n’avez pas vraiment envie de savoir, vous avez envie d’être dupé. Mais vous ne pouvez vous résoudre à applaudir, parce que faire disparaître quelque chose est insuffisant, encore faut-il le faire revenir.
C’est pourquoi pour chaque tour de magie il existe un troisième acte, le plus difficile, celui que l’on nomme le prestige…