Ecrit entre
le monde inverti et
La fontaine pétrifiante, ce roman fait donc partie des premières oeuvres de
Christopher Priest, et présente justement un savant mélange entre un suspense pouvant à tout moment mener à du thriller, sans pourtant jamais y tomber, et le fameux côté onirique, contemplatif et philosophique propre au monde de
l'Archipel du rêve qui s'ensuivra.
J'ai lu, dans un autre commentaire, que ce livre ne prend pas si on a déjà vu le film Inception, et justement cette remarque souligne l'imagination incroyable et débordante dont sait faire preuve Priest. Juste pour information,
Futur intérieur a été publié pour la première fois en 1977 quand le film de
Christopher Nolan (réalisateur du Prestige, sacré hasard !) sortait dans les salles en 2010. L'un n'est absolument pas adapté de l'autre, mais le thème évoqué ici est bien celui d'une intrigue menée principalement dans un monde rêvé à plusieurs. Chaque rêveur possède donc une certaine influence sur cet espace ainsi créé.
Mais cela demeure du Priest, avec les caractéristiques qui lui sont propres, à savoir qu'il ne faut chercher ici ni courses poursuites, ni thriller musclé avec de l'action dans tous les sens. Non, le tout est grandement réfléchi, détaillé, décrit, présentant les émotions des protagonistes principaux, basé sur leurs propres expériences. On se laisse prendre au jeu, on se demande constamment comment cela finira.
Et bien évidemment, la question si chère à Priest, comme elle l'était également à K. Dick, qu'est-ce que la véritable réalité finalement ? Peut-il y en avoir plusieurs ? Peut-on du coup choisir celle que l'on préfère ? Sachant qu'une fois dans ce monde, on ne réalise pas que c'est un monde "irréel".
Entre un homme poussé par une destinée qu'il ne comprend pas mais qui guide toute son existence, une femme qui trouve le bonheur en fuyant, se contentant, par comparaison avec un passé malheureux, de la simplicité de l'instant présent, et un autre homme qui désire pouvoir tout contrôler égoïstement.
C'est un beau récit, intéressant, prenant, avec une belle morale.
Toutefois, on sent que l'auteur n'était pas arrivé à sa mâturité, ni au sommet de son art, car ce que je pourrai reprocher à
Futur intérieur, c'est justement que le tout demeure un peu trop modeste à mon goût.